Chocolat : un festival sucré à Prague et dans tout le pays

Photo: Thomas Pérocheau

Du 18 au 20 octobre se tenait le čokoládový festival ou festival du chocolat dans la galerie Harfa, à Prague 9. L’occasion pour des milliers de visiteurs de découvrir l’art de faire du chocolat sous toutes ses formes.

Photo: Thomas Pérocheau

Premier d’une longue série à travers toute la République tchèque jusqu’en mai prochain, ce festival du chocolat fête cette année son 7ème anniversaire après être devenu le plus grand évènement sucré du pays. Les années passent mais ne se ressemblent pas comme nous le raconte le français Chris Delattre, qui ne cesse de redoubler d’efforts pour voir grandir chaque année son čokoládový festival.

Photo: Thomas Pérocheau
« Cette année, à Ostrava et à Prague, on organise un zoo en chocolat. C’est-à-dire qu’on installe 20 statues d’animaux en taille réelle fabriqués en chocolat et qui viennent de Belgique. Ils seront exposés à Prague dans la galerie Harfa jusqu’au 28 octobre et ensuite à Ostrava du 1er au 3 novembre. Il y a beaucoup de petites évolutions comme celle-là. On essaie toujours d’évoluer, de trouver de nouveaux chefs de cuisine, de nouvelles recettes, etc. Par exemple, au salon d’Ostrava on va faire des burgers classiques et au lieu de mettre une sauce moutarde ou barbecue comme ça se fait traditionnellement, on va la remplacer par une sauce au chocolat épicée. »

Concerts, ateliers de dégustation, secrets de fabrication du chocolat, cours de cuisine, peinture avec chocolat, autant d’activités différentes pour occuper petits et grands, amateurs de chocolat noir, au lait ou blanc. František Jakubec, directeur d’une entreprise tchèque de distribution du chocolat slovaque Lyra, a animé vendredi et samedi des cours sur l’origine du chocolat et sur les manières de le déguster. Des données essentielles afin de bien connaitre son chocolat, comme il nous l’explique :

« Nos produits sont traçables et c’est très important pour nous. Aujourd’hui nous avons de nouveaux emballages de chocolat sur lesquels on peut scanner un QR code qui nous informe du chemin précis qu’a emprunté le chocolat, là où les fèves ont été produites, etc. Je pense que c’est une très bonne idée afin que les consommateurs puissent en apprendre plus sur le processus et la qualité pour nous est notre principale préoccupation. »

František Jakubec,  photo: Thomas Pérocheau
S’il est persuadé que les Tchèques sont de véritables amateurs de chocolat, František déplore en revanche l’enclin de ces derniers à acheter du chocolat bon marché, de piètre qualité et donc mauvais pour la santé. Pourtant le prix du chocolat de qualité ne semble pas aller dans le sens de la démocratisation de sa consommation.

Cela s’explique par des causes naturelles, des maladies, des nuisibles qui attaquent les cultures mais aussi par des revendications salariales dans des pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire qui fournissent à eux seuls les deux tiers de la production de cacao, mais ne perçoivent qu’une infime partie des sommes générées par le marché mondial du chocolat. Une crise qui dure depuis plusieurs années donc sans épargner la République tchèque qui voit le prix des matières premières augmenter et se répercuter sur son industrie. Un chocolat tchèque obligé de se réinventer afin de contourner cette situation qui n’a étonné aucun des exposants interrogés et dont Chris Delattre nous parle :

« Le chocolat tchèque s’est bien porté, il fut un temps, puis tout a été nationalisé sous la période communiste. Quand le régime est tombé, les grandes sociétés comme Nestlé ont racheté beaucoup de chocolateries donc il n’y en avait plus beaucoup en nom propre. Par exemple, il y a une énorme chocolaterie qui s’appelle Zora à Olomouc qui, maintenant, fait du chocolat pour Nestlé. Depuis quelques années, il y a un nouvel essor de gens qui font du ‘bean to bar’ c’est-à-dire qu’ils achètent des cosses de cacao qu’ils transforment en tablettes. Ils travaillent sur tout le processus de la fabrication du chocolat. Tous les ans il y en a un nouveau qui vient frapper à la porte du festival du chocolat pour être partenaire. »

Groupe de musique cubain Atarés,  photo: Thomas Pérocheau

Aneta Durďáková est l’une de ces partenaires. Elle travaille dans la petite chocolaterie Janek et a évoqué la motivation de son équipe pour fabriquer leur propre chocolat :

Aneta Durďáková,  photo: Thomas Pérocheau
« Nous avons de petites échoppes à Uherský Brod, dans notre ville, et le chocolat est le produit principal dans nos magasins. C’est pourquoi nous avons décidé de fabriquer notre propre chocolat. Au départ nous faisions des tablettes de chocolat, puis nous avons commencé à faire des pralines au chocolat, des truffes, et notre dernière innovation c’est le chocolat de la ‘fève à la tablette’ car c’est très compliqué à faire. »

Un processus laborieux et surtout chronophage puisque les quatre employés de la chocolaterie s’occupent de trier les fèves de cacao, les faire cuire, les éplucher, les broyer, porter le chocolat à maturité avant de le mouler et de l’emballer. Cela prend plusieurs mois mais vaut le coup selon Aneta, qui se montre confiante pour l’avenir. Elle raconte que les Tchèques n’hésitent pas à acheter de plus en plus en chocolaterie, privilégiant ainsi la qualité sur la quantité.

Le festival reste donc à découvrir dans 16 autres villes tchèques jusqu’au printemps 2020. Toute la programmation est à retrouver sur le site cokofest.cz et le zoo en chocolat est encore à découvrir dans la galerie Harfa jusqu’au 28 octobre, avant son départ pour Ostrava.

Photo: Thomas Pérocheau