Cinéma : le gouvernement tchèque fait un effort financier pour attirer les productions étrangères

Photo: Tomáš Adamec, ČRo

Peut-être une des conséquences du retour de la croissance économique en République tchèque : le gouvernement vient en tout cas de décider de renflouer le fonds public pour la cinématographie et d’augmenter la part de son budget consacrée aux subventions allouées aux producteurs qui tournent films et séries sur le sol tchèque. Une bonne nouvelle attendue impatiemment par les professionnels du secteur.

Photo : Daniel,  public domain
« Le soutien aux tournages locaux de films aide non seulement la promotion de la République tchèque, le secteur culturel et en particulier l’industrie cinématographique mais a aussi un effet multiplicateur grâce aux dépenses faites ici par les producteurs pour produits et services facturés par des entreprises tchèques » : c’est par ces mots que le premier ministre Bohuslav Sobotka a commenté la décision prise mercredi en conseil des ministres pour faire passer les incitations financières de 500 à 800 millions de couronnes, soit désormais 30 millions d’euros en tout pour cette année et la prochaine.

Daniel Herman,  photo : Jana Šustová
Une décision annoncée la veille au journal de la télévision publique par le ministre de la Culture Daniel Herman :

« Il est très important de souligner que la République tchèque est très attractive pour les producteurs, avant tout étrangers. Avec le ministre des Finances et le soutien du premier ministre nous avons augmenté ce budget consacré aux incitations financières pour le cinéma. C’est une contribution substantielle à notre économie et à notre secteur culturel car nous avons ici des bâtiments historiques qui peuvent être loués comme décors, et c’est important car nous bénéficions aussi des dépenses faites pour les costumes, la nourriture, le transport et tous les services des très bons spécialistes que nous avons ici et qui sont recherchés par les producteurs étrangers. »

Les aides publiques sont devenues une condition essentielle pour maintenir sa place dans un marché régional très concurrentiel.

Concrètement, un producteur qui tourne un film en République tchèque peut se voir rembourser par le Fonds 20% des dépenses effectuées sur le territoire. C’est possible depuis 2010 mais dans la limite des moyens disponibles - pas suffisants - qui viennent donc d’être augmentés. Michal Přikryl travaille pour la société de production Okko dirigée à Prague par le Français Marc Jenny. Et cette augmentation est pour lui évidemment bienvenue :

Photo: Christian Wagner,  stock.XCHNG
« Nous avons déjà eu des films qui ont finalement été tournés ailleurs parce que la situation n’était pas claire avant cette augmentation. L’argent pour l’année 2014 était en fait consacré à des films tournés en 2013 et ceux tournés cette année n’étaient sûrs de rien, il n’y avait pas de garantie. Cette décision était très attendue ; elle permet aux films qui ont demandé de l’argent pour cette année de commencer à être tournés dans de bonnes conditions avec une garantie de subvention, sans avoir à attendre l’année 2015 pour savoir s’il y aura une aide ou non. »

Et après avoir participé à la production de l’Homme qui rit avec Gérard Depardieu, la société Okko espère bénéficier d’une aide publique pour le tournage de la série franco-canadienne de Luc Besson, Transporter, qui vient d’être achevé à Prague et se poursuit au Canada.

Radomír Dočekal,  photo: Milk and Honey Pictures
Récemment le producteur de Grand Hotel Budapest, Jeremy Dawson, avait indiqué être venu à Prague et à Karlovy Vary en repérage pour ce film de Wes Anderson. Il avait finalement opté pour l’Allemagne en raison du manque de clarté des conditions financières en République tchèque.

Le ministre de la Culture Daniel Herman espère faire en sorte de ne plus perdre ce genre de« clients », et s’est même entretenu récemment à ce sujet avec l’ambassadeur chinoise. Un film chinois romantique se tourne en ce moment à Prague, et « l’équipe chinoise dépense ici plus de 50 millions de couronnes », précise au journal Hospodářské noviny Radomír Dočekal de la société Milk and Honey Pictures, coproducteur de ce long-métrage.