Combattant contre le racisme menacé de mort

Il y a un mois, Obonete Ubam, Tchèque d'origine africaine, a fondé "La ligue des minorités ethniques", voulant changer l'attitude indifférente des Tchèques envers les étrangers. La réaction de certains de ses concitoyens est honteuse : depuis quelques jours, les anonymes menacent l'activiste de mort. Par Magdalena Segertova.

"Je suis né en République tchèque. C'est ici où j'ai grandi, où j'ai fait mes études et même mon service militaire, je paye des impôts comme tout le monde mais malgré tout cela, je me sens toujours comme un Tchèque de deuxième rang", a dit Obonete Ubam, samedi dernier, au quotidien Lidove noviny. Ce jeune homme de Bruntal, en Moravie du nord, né d'un père nigérien, est d'une belle allure et parle un tchèque parfait. Pourtant, dès qu'il se présente, les gens lui jettent des regards soupçonneux. "Quoique je fasse, j'attire automatiquement l'attention", se plaint-il. Au lieu de se résigner, Obonete Ubam a décidé de faire bouger les choses et d'aider ceux qui se trouvent dans la même situation que lui. Sur les pages web de "La ligue des minorités ethniques", qu'il a fondée avec un autre afro-tchèque et un Rom, on peut trouver toute sorte d'informations sur la problématique du racisme en République tchèque comme à l'étranger. A part cela, Obonete organise des concerts, des compétitions sportives et des cours de langues pour les étudiants étrangers, essaye de nouer des contactes avec les autorités tchèques et les ambassades des Etats-Unis, du Canada et des Pays-Bas, en vue de s'enrichir des expériences des autres.

Un jour, après la parution de l'article sur les activités du jeune mulâtre dans Lidove noviny, les Tchèques ont montré qu'en effet, le racisme n'était pas pour eux une notion vague, mais une réalité. Qu'il existait. "La mort aux immigrés noirs ! On va te tuer !", voilà le texte du message anonyme qu'Obonete a reçu environ 50 fois sur son portable et qui est aussi arrivé à l'adresse électronique de la Ligue. La menace a été envoyée par Internet, impossible donc de dépister son expéditeur. Obonete vient de porter plainte contre X. Il s'inquiète surtout pour sa famille, mais ne regrette pas d'avoir fait la publicité de son association. Vu les menaces, l'optimiste dirait qu'elles sont la preuve par excellence du besoin urgent de pareilles activités, le pessimiste que les mots d'Obonete tombent dans les oreilles des sourds. En tout cas, Obonete et ses amis, qui pourraient très bien jeter le manche après la cognée et aller vivre ailleurs, méritent la reconnaissance.

Auteur: Magdalena Segertová
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