Conférence internationale à Prague sur la métamphétamine, une drogue en vogue

Ces lundi et mardi s’est déroulée à Prague la première conférence internationale sur la métamphétamine, une drogue de synthèse dont la production et la consommation ont tendance à augmenter dans plusieurs parties du monde. Experts, médecins, travailleurs sociaux et policiers de plus d’une dizaine de pays se sont réunis dans la capitale tchèque pour échanger leurs expériences.

Tomáš Zábranský
« Crystal meth », « ice » aux Etats-Unis, « vint » en Russie et Ukraine, « yaba » en Thaïlande, la métamphétamine est appelée « pervitin » en République tchèque.

A Prague, la synthétisation de la pervitin remonte au début des années 1970, et le pays a déjà une longue expérience dans le domaine. Tellement d’expérience que dans les pays voisins comme la Pologne et l’Allemagne on appelle parfois cette drogue « čeko ». Tomáš Zábranský travaille pour le Centre d’addictologie et conseille le ministère tchèque de l’Intérieur :

« La République tchèque est relativement peu touchée par les problèmes de drogues dures, par rapport à d’autres pays d’Europe. Néanmoins, sur environ 30 000 consommateurs, les deux tiers sont des ‘consommateurs à problèmes’, qui s’injectent de la métamphétamine. »

La métamphétamine peut être inhalée, sniffée ou injectée. Elle peut provoquer des troubles mentaux graves et contribue à la propagation du VIH, selon plusieurs études présentées lors de la conférence.

En République tchèque, la pervitin, appelée aussi perník, piko ou encore péčko, a tendance à devenir une « drogue de soirée », un produit utilisé par les jeunes pour tenir le rythme toute la nuit, une ou deux fois par semaine.

Une des raisons qui expliquent le succès de la pervitin est la simplicité du processus de synthétisation qui permet de la fabriquer, à partir de médicaments vendus en pharmacie. Un réel problème, quand quelques pharmaciens peu scrupuleux vendent par cartons entiers les cachets contenant la pseudo-éphédrine nécessaire à la fabrication de pervitin. Ivan Langer, ministre de l’Intérieur :

« Je pense qu’il devrait exister une certaine auto-régulation du côté de la Chambre des pharmaciens. Plusieurs pharmacies ont déjà été sanctionnées. Il est désormais important de définir le niveau de régulation du libre-accès des produits qui servent de base à la fabrication de pervitin. J’espère que cela sera défini dans le courant de l’année. »

Vendre les médicaments contenant la pseudo-éphédrine uniquement sous ordonnance ou les interdire ? Pas vraiment une solution selon l’Américain Luciano Colonna, président de cette première conférence internationale sur le sujet :

« Cela va avoir un effet immédiat et diminuer la consommation. Mais il y a un marché ici. Ceux qui voudront produire la pervitin à grande échelle trouveront un moyen d’obtenir les produits nécessaires. Sur le long-terme, cela va juste renflouer le marché noir. Aux Etats-Unis, c’est ce qu’on a fait et maintenant on a des supers laboratoires au Mexique, la qualité de la métamphétamine s’est améliorée... »