Connaître la forêt tchèque pour comprendre le réchauffement climatique
La forêt de Žofín, en Bohême du Sud, à la frontière avec l’Autriche, est l’une des plus anciennes préservées en Europe et c’est la raison pour laquelle des scientifiques de la NASA veulent en connaître la structure exacte pour comprendre notamment comment les espaces forestiers réagissent au bouleversement climatique. Pour cela, ils s’appuient sur les travaux d’une équipe de recherche tchèque, qui a développé un logiciel pour l’analyse des données recueillies.
C’est donc un espace unique que l’agence spatiale américaine a sélectionné comme étant caractéristique des forêts centre-européennes dans le cadre de son projet GEDI, lequel vise à cartographier en trois dimensions les forêts de notre planète. Mais ce choix est aussi motivé par les perspectives offertes par la collaboration avec les chercheurs tchèques qui étudient le site depuis plusieurs années, comme l’explique une scientifique américaine de l’Université Brown, qui travaille sur ce programme :
« L’autre raison pour laquelle nous sommes très heureux de travailler ici est la possibilité de coopérer avec l’équipe de recherche tchèque. Ils ont une expertise très utile pour nous. Ils ont des données issues de l’analyse laser au sol qui fournissent des mesures très détaillées de la structure des arbres et qu’on peut comparer avec les données que nous collectons via l’hélicoptère. Ils développent également un logiciel qui permet d’analyser les données de la structure des arbres de façon sérieuse. »L’équipe tchèque du professeur Tomáš Vrška étudie la zone au sol depuis sept ans. A la mi-avril, de nouvelles données aériennes ont pu être collectées à cent mètres au-dessus du sol grâce à un hélicoptère sans pilote en coopération avec la société suisse AeroScout. Le tout permet une modélisation 3D très précise de chaque arbre composant la forêt de Žofín et les résultats obtenus doivent encore être soumis à correction en utilisant les images satellites de la station spatiale internationale (ISS).
Pour Tomáš Vrška, de l’Institut de recherche Silva Tarouca pour les paysages et les jardins ornementaux, cette méthode est riche de potentialité :« Grâce à la cartographie des arbres, en fonction de ce que les scientifiques recherchent, nous pouvons suivre les changements dans le temps et dans l’espace, c’est-à-dire la façon dont les arbres grandissent, dont ils tombent, la façon dont apparaissent les chablis, ou bien encore la façon dont différents organismes se répandent à la fois dans le temps et l’espace. »
Sa collègue américaine explique l’objectif principal des études menées dans la forêt de Žofín et tout autour du globe en lien avec le projet GEDI :
« Le but final est d’en apprendre plus, nous l’espérons, sur la quantité de carbone stocké par les forêts autour du monde et sur la façon dont les forêts réagissent au changement climatique. Nous dégageons beaucoup de carbone en brûlant des énergies fossiles et nous pensons qu’une grande partie de ce carbone est absorbée depuis l’atmosphère par les forêts. Mais nous ne savons pas exactement où cela se passe et combien de temps cela peut continuer. »Le programme de recherche doit se poursuivre encore plusieurs années. Une nouvelle collecte de données aériennes sur la forêt de Žofín est prévue pour cet été. Le logiciel permettant l’analyse des données forestières collectées depuis l’espace devrait lui être complètement mis au point d’ici cinq ans.