Corruption : le siège de CzechInvest perquisitionné

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La nouvelle a fait l’effet d’une (petite) bombe : mercredi, la police en charge de la lutte contre la corruption a mené une perquisition dans les bureaux pragois de CzechInvest, l’agence nationale chargée de conseiller les entrepreneurs locaux et les investisseurs étrangers désireux de s’implanter en République tchèque. Dans le viseur de la police : une commande douteuse pour la constitution d’une base de données recensant l’immobilier industriel.

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CzechInvest, ce sont d’abord des chiffres : depuis sa création en 1992 par le ministère de l’Industrie et du Commerce, l’agence pour le développement économique et les investissements a contribué à la réalisation de 1 800 projets d’une valeur globale de 29 milliards d’euros. Au-delà de ce bilan économique, CzechInvest, vitrine de l’économie tchèque, c’est aussi (ou c’était) un des rares organismes d’Etat possédant une réputation sans tache.

Depuis la razzia surprise effectuée par une vingtaine de policiers mercredi et la publication de l’affaire en première page des journaux jeudi, cette image lisse d’institution oeuvrant sans bruit ni scandales au développement et à la réussite des projets d’investissements en République tchèque a été quelque peu écornée.

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Concrètement, la brigade de lutte contre la criminalité économique mène une enquête sur un marché pour la recherche d’immeubles industriels et de terrains destinés aux investisseurs. L’appel d’offres a été remporté par une société, Glafin, nouvellement créée l’année dernière et dont le directeur est une connaissance du directeur général de CzechInvest, Miroslav Křížek.

Il y a un mois, le site d’information Česká pozice rapportait que l’appel d’offres n’avait pas été publié en temps voulu par CzechInvest. Seules certaines sociétés, mal ou inconnues dans le secteur, avaient alors répondu, à la différence des agences patrimoniales plus réputées pas au courant de la procédure. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Martin Kuba, avait donc réagi à la publication de ces informations dans les médias, comme il l’a expliqué :

« Dès que j’ai appris qu’il aurait pu y avoir quelque chose de suspect dans l’attribution du marché, de pas conforme aux démarches habituelles, j’ai commandé un audit. Celui-ci est en cours, il ne nous manque plus que l’analyse informatique qui devrait permettre de déterminer si toutes les informations relatives à ce marché ont bien été publiées par CzechInvest. Mercredi justement, si la police n’avait pas mené sa perquisition, les experts en informatique que nous avons chargés de réaliser l’analyse se seraient rendus au siège de CzechInvest pour vérifier tout cela. »

Finalement, par précaution une fois les détails et les dessous de l’affaire rendus publics, le marché n’avait pas été attribué. Un volte-face qui n’empêche pas la police de poursuivre son enquête, comme s’en est félicité, mercredi, ne serait-ce qu’en public, le directeur général de CzechInvest, Miroslav Křížek :

Miroslav Křížek,  photo: CTK
« Nous coopérons au maximum avec la police pour que toutes les informations puissent être examinées et vérifiées. Je souhaite que toute la lumière soit faite sur cette affaire, ce qui permettra d’infirmer certaines informations une bonne fois pour toutes. »

Le directeur de CzechInvest a également précisé qu’aucun des employés de l’agence n’avait été inculpé mercredi. Néanmoins, tandis que certains d’entre eux ont été priés de rentrer chez eux, d’autres se sont vus interdire de toucher à leur ordinateur. Et pour Stanislav Beránek, un des responsables à Prague de l’ONG Transparency International, cette affaire ne s’arrête pas avec l’annulation de l’attribution du marché :

« On voit bien qu’il y a une façon de procéder inhabituelle, et ce qui importe, ce n’est pas seulement l’appel d’offres manipulé, mais surtout le fait qu’il y ait eu manipulation. Cela signifie qu’il y a eu détournement de l’activité de base de CzechInvest pour éviter le contrôle de l’administration publique. »

Jeudi, aucune nouvelle information n’a été communiquée sur la suite de la perquisition, la police ayant fait savoir qu’il faudrait attendre la semaine prochaine pour en savoir plus.