Coup de projecteur sur Němec et Godard, figures des Nouvelles vagues des années 1960

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Rendez-vous vendredi 5 janvier, dans la salle de cinéma de l’Institut français de Prague, pour une soirée franco-tchèque autour de deux monstres sacrés du Septième art : Jean-Luc Godard et Jan Němec. Sylvie Leray travaille pour la société de production et de distribution Artcam qui distribue notamment le film de Němec Le Loup de Vinohrady. Elle présente au micro de Radio Prague le principe de cette soirée.

« On a conçu cette soirée un peu spéciale pour redémarrer la saison du Kino 35 à l’Institut français, en présentant deux films qui ont une correspondance commune : Le redoutable de Michel Hazanavicius sur la vie de Godard, et Le loup de Vinohrady, qui est le dernier film de Jan Nemec, tourné en 2016, juste avant sa disparition. »

C’est d’ailleurs l’occasion pour les francophones de Prague de découvrir Le loup de Vinohrady, puisque vous le présentez évidemment avec des sous-titres français. On rappelle que Jan Němec était un réalisateur de la Nouvelle vague tchécoslovaque. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ce film ?

« Ce film a été présenté après la disparition de Jan Němec, au Festival international de Karlovy Vary, en 2016. Et a reçu le prix spécial du jury puisqu’il était en compétition. Il est sorti en salles, ce qui représentait pour les amateurs de Jan Němec un petit événement, puisque dans les années 1960-1970, ses films étaient très peu vus. On a ensuite présenté Le loup de Vinohrady en juin dernier à Paris dans le cadre du festival Czech-In qui présente les cinématographies tchèques et slovaques de l’année écoulée. A cette occasion, le sous-titrage français avait été fait. On s’est donc dit que c’était une occasion unique de présenter le film au public francophone qui n’a pas toujours l’occasion de voir des films tchèques en salles, sur le territoire tchèque. »

Cette soirée présente un peu en miroir ces deux personnalités de la Nouvelle vague tchécoslovaque et française que sont Němec et Godard. Les deux réalisateurs se sont-ils rencontrés à l’époque ?

'Le loup de Vinohrady',  photo: Masterfilm
« Oui, à l’occasion du festival de Cannes en 1968. C’est d’ailleurs ce lien qui s’est créé quand on a pensé à organiser cette soirée. C’était un peu le point de départ : ces deux réalisateurs ont des choses en commun même s’ils ne se sont pas beaucoup appréciés. En 1968, les trois réalisateurs tchèques qu’étaient Forman, Menzel et Němec, partent au festival de Cannes pour présenter leurs films en compétition, avec d’excellentes chances que l’un d’entre eux reçoive un prix important. Les événements de 1968 se produisent en France. Le groupe autour de Godard-Truffaut commence à s’agiter, organise des réunions et demande que le festival soit annulé. Le festival l’a été effectivement. Les trois réalisateurs tchèques sont malheureusement rentrés penauds du festival. Le film de Němec part de cet événement. Et évidemment dans le film de Michel Hazanavicius sur Godard il y a une partie qui retrace cet épisode cannois en 1968. Les deux réalisateurs se sont donc rencontrés, mais ce n’était pas un très bon souvenir dans l’esprit de Němec en tout cas. C’est d’ailleurs à partir de cela qu’on a imaginé le titre de cette soirée qui pourrait être traduit en français : ‘Comment j’ai tué Godard’, une phrase prononcée à un moment par Jan Němec dans Le loup de Vinohrady. »

Comment va se dérouler la soirée sinon ? Y a-t-il des invités ?

Jan Němec,  photo: ČT
« Oui, on a imaginé faire appel à un spécialiste du cinéma, Tomas Pavlíček, de la Famu (l’école de cinéma de Prague, ndlr), puisqu’il a lui-même travaillé avec Jan Němec. Pour ce film-là, il s’était entouré d’anciens étudiants à lui, notamment le deuxième réalisateur, Tomas Klein, qui est quelqu’un d’assez talentueux à mes yeux. Tomas Pavlíček a été l’étudiant de Němec et a eu la chance de le côtoyer régulièrement. Il a accepté de venir présenter cette soirée, de parler de Němec que les Français et francophones auront plaisir à découvrir puisqu’il avait ce lien avec la cinématographie française de la Nouvelle vague. C’est aussi un personnage fantasque, truculent. Le film est donc assez drôle tout comme celui d’Hazanavicius. En somme ce sont tous deux des personnages atypiques, que ce soit Godard ou Němec. »