Coupe Davis : l’Espagne était trop forte
La République tchèque n’a pas remporté la deuxième Coupe Davis de son histoire, après la Tchécoslovaquie en 1980. Malgré toute leur vaillance, Radek Štěpánek, Tomáš Berdych et leurs partenaires se sont inclinés (0-5), contraints de reconnaître la supériorité de leur adversaire. Le week-end dernier, à Barcelone, l’Espagne a logiquement conservé le Saladier d’argent.
Avant le début de la finale, les Tchèques étaient sans doute les seuls à croire en leurs chances de victoire. Malheureusement pour eux, le déroulement du week-end a démontré que le reste du monde ne s’était pas trompé dans ses pronostics. Chez elle, sur terre battue, une surface pour laquelle elle forme quelques-uns des tout meilleurs spécialistes au monde, l’Espagne était pratiquement imbattable et Rafael Nadal, Fernando Verdasco, David Ferrer et Feliciano Lopez ont assumé leur statut de grands favoris. Auteurs d’une campagne 2009 de Coupe Davis exceptionnelle, au cours de laquelle ils ont successivement éliminé la France, l’Argentine puis la Croatie, les Tchèques n’ont toutefois pas à rougir de leur performance d’ensemble. Certes, depuis la défaite de l’Inde contre la Suède en 1987, aucune autre équipe n’avait perdu en finale sans remporter le moindre match ni inscrire le moindre point. Pour autant, malgré la sécheresse d’un score final qui ne reflète pas fidèlement l’écart réel entre les deux camps, les Tchèques ont été un adversaire digne de l’événement. Avec un peu plus de réussite à certains moments-clefs du deuxième match de simple entre Radek Štěpánek et David Ferrer, vendredi, ou du double, samedi, ils auraient même pu singulièrement dramatiser la confrontation… Mais c’est bien connu, les « si » et le conditionnel n’ont pas leur place dans le sport de haut niveau. Alors, les Tchèques resteront avec leurs regrets. Le regret surtout de n’avoir pas vu Štěpánek remporter ce deuxième simple contre Ferrer (6-1, 6-2, 4-6, 4-6, 6-8), vendredi, après avoir pourtant mené deux sets à zéro. Deux premiers sets au cours desquels le numéro un tchèque a déroulé son tennis d’attaque et fait l’étalage de toute sa gamme d’amorties et de volées, laissant croire au gain d’un premier point pour le camp des hommes du capitaine Jaroslav Navratil. Mais c’était oublier l’opiniâtreté de David Ferrer, qui, poussé par ses 15 000 supporters, est progressivement revenu dans la partie pour finalement prendre le dessus huit jeux à six dans le cinquième set après 4h17 de jeu. A l’issue du match, Radek Štěpánek a d’ailleurs rendu hommage aux talents de combattant de son adversaire :« Pendant les deux premiers sets, j’ai joué un tennis comme je n’en avais jamais joué sur terre battue ni même peut-être sur une autre surface. J’ai dominé Ferrer sur tous les plans du jeu, je ne lui ai laissé aucune chance, c’était fantastique. Mais Ferrer est un grand combattant. Il n’abandonne jamais. Je le savais, j’ai toujours joué des matchs très longs contre lui. A partir du troisième set, il a commencé à faire moins de fautes et à mieux lire mon jeu. Le match s’est alors équilibré et il l’est resté jusqu’à la fin. Je crois que je n’ai pas à avoir honte. J’ai donné tout ce que j’avais. Malheureusement, nous sommes menés deux à zéro, mais nous avons encore une chance et nous allons nous battre jusqu’au bout. » Avant la victoire de David Ferrer contre Radek Štěpánek, Rafael Nadal avait offert le premier point à l’Espagne en dominant Tomáš Berdych en trois sets (7-5, 6-0, 6-2). Face au meilleur joueur du monde sur terre battue, Berdych n’a fait illusion que le temps de la première manche, comme il l’a reconnu à la sortie du court :« A partir de la fin de la première manche, il n’a pratiquement plus fait une seule faute. C’est terriblement difficile de s’accrocher lorsque vous avez en face de vous un adversaire avec un tel niveau de jeu. Intérieurement, j’en avais même presque envie de rire. J’ai pourtant tout essayé, tout ce que je sais faire sur un terrain, pour déstabiliser Nadal. Mais après le match, la seule chose à faire, c’est de le féliciter pour sa démonstration. » Menés deux à zéro dès vendredi soir, alors qu’ils espéraient se retrouver à un point partout, les Tchèques ont abordé le double de samedi avec le moral en berne, un Tomáš Berdych peu en confiance et un Radek Štěpánek fatigué par son marathon de la veille. Et bien qu’invaincue en cinq rencontres de Coupe Davis avant la finale, la paire tchèque a donc subi sa première défaite dans la compétition face au duo composé de Fernando Verdasco et de Feliciano Lopez. Un revers en trois sets (6-7, 5-7, 2-6) dont le scénario, là aussi, aurait pu être tout autre si les Tchèques avaient concrétisé une balle de set dans le jeu décisif de la première manche. Mais au bout du compte et au vu de l’ensemble de la partie, Radek Štěpánek ne pouvait, encore une fois, que constater la supériorité espagnole :« Les Espagnols ont mérité de gagner. Ils étaient plus forts que nous, il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. Il nous faut donc les féliciter et leur tirer notre chapeau. Pour nous, il faut déjà penser à l’année prochaine pour essayer de refaire le même parcours et, pourquoi pas, obtenir une nouvelle chance de remporter le trophée en finale. Pour cette fois, nous espérions plus, mais c’est comme ça. » L’année prochaine, en mars, la République tchèque entamera en Belgique une nouvelle campagne de Coupe Davis. Un premier tour dont elle sera favorite et qu’elle devrait de nouveau disputer en s’appuyant sur les services de Tomáš Berdych et de Radek Štěpánek. A 31 ans, ce dernier a en effet confirmé qu’il entendait poursuivre sa carrière en Coupe Davis. Une motivation renforcée par le fait que les Tchèques possèdent un tableau a priori favorable pour 2010 : s’ils viennent à bout de la Belgique, ils rencontreront en quarts de finale le vainqueur de la rencontre entre le Chili et Israël. Autant d’adversaires quand même plus à leur portée que l’Espagne du week-end dernier…