Covid-19 : en Tchéquie, une surmortalité sans précédent
Plus de 10 000 décès en lien avec le Covid-19 ont été recensés en République tchèque depuis le début de l'épidémie, en mars dernier, ont annoncé ce jeudi les autorités sanitaires. Plusieurs dizaines de scientifiques tchèques renommés, réunis autour du mémorandum mondial John Snow, affirment toutefois que de nombreux décès auraient pu être évités.
Selon les données publiées récemment par l’Office tchèque des statistiques, le nombre de décès entre mars et novembre 2020 a été supérieur de 7 500 à la moyenne calculée pour les cinq années précédentes durant cette période précise.
Le bilan a été particulièrement lourd fin octobre et début novembre, où la République tchèque a enregistré plus de 4 000 décès hebdomadaires, soit alors la mortalité la plus importante dans l’histoire récente du pays.
Réunis autour de l’initiative John Snow qui appelle à une approche scientifique de la pandémie, les chercheurs tchèques estiment que celle-ci a jusqu’à présent privé les Tchèques de quelque 90 000 années de vie. Membre de cette initiative, la démographe Dagmar Dzúrová précise que, selon ses calculs, le Covid-19 a raccourci la vie de plus de 9 500 Tchèques et a bouleversé la vie de milliers d’autres personnes qui ont perdu un ou plusieurs de leurs proches ou qui n’arrivent pas à se rétablir eux-mêmes de la maladie.
Les démographes ont également constaté que d'ici la fin de l'année, l'espérance de vie des Tchèques aura diminué pour la première fois depuis cinquante ans, et ce d’environ douze mois. Un peu plus pour les hommes, un peu moins pour les femmes.
Membre lui aussi de l’initiative Snow, le médecin Jaromír Šrámek a expliqué à la Télévision tchèque qu'il était difficile d’évaluer précisément le nombre de décès liés au coronavirus :
« Distinguer les victimes directes et indirectes de la maladie est compliqué. L’épidémie a contraint de nombreux hôpitaux à rapporter certaines opérations non urgentes, de nombreux malades ont eu peur d'aller chez le médecin. Ces personnes ont également été victimes de l'épidémie, bien qu'elles ne soient pas mortes directement du Covid. »
Les signataires tchèques du mémorandum John Snow reprochent au gouvernement sa mauvaise gestion de la pandémie. Leur objectif est de créer une plateforme de discussion destinée aux spécialistes de différents domaines qui permettrait, entre autres, de lutter contre les fausses informations relatives au coronavirus, comme l’explique Jaromír Šrámek :
« Les désinformations les plus dangereuses affirment que le Covid n’est qu’un simple rhume, une légère grippe qui passe vite. Une autre désinformation, relativement nouvelle, concerne les effets secondaires et dangereux du futur vaccin. Je crois que le gouvernement aurait dû agir avant que ces fausses informations ne commencent à circuler. Il aurait dû lancer suffisamment tôt une campagne éducative. »