Crise gouvernementale : une majorité sûre avant lundi ou des élections anticipées en juin

Petr Nečas, photo: CTK

Une majorité sûre ou des élections anticipées : à en croire le Premier ministre, Petr Nečas, il n’existe plus que deux solutions à la crise qui secoue le gouvernement depuis plusieurs semaines. Trois jours après le départ de la vice-Premier ministre Karolína Peake des Affaires publiques, le plus petit des trois partis de la coalition, Petr Nečas a fait savoir qu’il était prêt à coopérer avec la nouvelle plateforme politique que Karolína Peake s’efforce de mettre sur pied. Mais pour cela, le chef du gouvernement entend être sûr de disposer d’une majorité nette à la Chambre des députés d’ici à lundi. Faute de quoi, des élections législatives anticipées seront convoquées, comme l’a confirmé, jeudi, Petr Nečas.

Petr Nečas,  photo: CTK
«Nous n’accepterons pas le modèle qui voudrait que les deux groupes parlementaires de l’ODS et de TOP 09 s’appuient sur le soutien d’un ensemble de députés radicaux se comportant comme bon leur semble pour en arriver à une majorité à la Chambre basse. Nous ne considérons pas ce modèle comme une majorité sûre. Mais si nous ne pouvons pas avoir la garantie de disposer d’une majorité sûre, le Parti civique démocrate est prêt à participer à des élections anticipées fin juin. »

Concrètement, jeudi soir, le gouvernement pouvait compter sur le soutien de 99 députés. L’ODS et TOP 09, les deux principales formations de la coalition, disposent de 92 voix, auxquelles s’ajoutent celles de six députés qui ont quitté le parti Affaires publiques pour rejoindre Karolína Peake. Ce total reste pour l’heure insuffisant pour former une majorité, 200 députés siégeant à la Chambre basse du Parlement. Le Premier ministre exige donc de Karolína Peake la garantie de rassembler au moins dix députés, chiffre minimal pour pouvoir créer un groupe parlementaire. Un objectif que la vice-Premier ministre entend bien atteindre le plus rapidement possible :

Karolína Peake,  photo: CTK
« Je ne veux pas parier, je ne veux pas non plus annoncer quoi que ce soit pour rien, mais je peux dire que je travaille intensément et de manière responsable à ce que m’a demandé le Premier ministre dans l’espace de temps qui m’a été imparti. Le Premier ministre sera aussi le premier que j’informerai du nombre de députés que j’aurai convaincus. Mais je ne souhaite pas non plus faire attendre les Tchèques trop longtemps. »

Vendredi matin, Karolína Peake continuait de négocier avec trois à quatre députés sans aucune certitude sur leur décision.

Le Premier ministre et leader de l’ODS considère toutefois comme seule solution possible au bon fonctionnement futur de la coalition gouvernementale la collaboration de trois groupes parlementaires. Seule certitude, ce troisième groupe parlementaire ne sera plus celui des Affaires publiques, Petr Nečas et l’ODS ayant décidé de rompre le contrat de coalition avec un parti miné par les affaires et les querelles internes ces derniers mois.

Ce qu’il reste encore des Affaires publiques va donc passer dans l’opposition, son leader, Radek John, ayant fait savoir que son parti n’entreprendrait aucune démarche visant à la tenue d’élections anticipées synonymes, selon lui, d’une victoire presque garantie des sociaux-démocrates et des communistes. Un scénario que Radek John affirme vouloir éviter à tout prix et c’est pourquoi les Affaires publiques sont prêtes à se comporter en parti d’opposition constructif :

Radek John,  photo: CTK
« Les élections anticipées seraient une catastrophe pour tout le monde. Les partis ne disposeraient que d’une quinzaine de jours pour établir leurs listes électorales. Ce ne seraient pas des élections, mais un massacre et une absurdité de plus en République tchèque. Nous serons donc très constructifs afin d’empêcher des élections anticipées. Si la nouvelle plateforme de Karolína Peake soutient le programme des Affaires publiques, nous soutiendrons de notre côté autant que possible le gouvernement comme la plateforme. »

Si des législatives devaient finalement bien être organisées dans deux mois, il s’agirait alors de la plus courte campagne électorale jamais vue en République tchèque. Assurément pas ce que l’on fait de mieux pour la tenue d’un débat politique constructif dont la République tchèque aurait pourtant bien besoin.