Crise migratoire : la République tchèque laisse passer les réfugiés syriens en Allemagne

Photo: ČTK

En attendant le sommet extraordinaire qui réunira les Premiers ministres des quatre pays du Groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ce vendredi à Prague, le ministère tchèque de l’Intérieur a décidé, mercredi, de modifier la procédure vis-à-vis des ressortissants syriens transitant par la République tchèque. A compter de ce jeudi, ceux-ci ne seront plus retenus dans des centres en Moravie ou renvoyés vers la Hongrie, pays par lequel ils entrent sur le sol de l’Union européenne et dans lequel ils ont déposé une demande d’asile, mais pourront poursuivre leur voyage en direction de l’Allemagne.

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Ce vendredi, les regards de nombreux responsables politiques à Bruxelles, Berlin et Paris seront tournés vers Prague et plus généralement vers l’Europe centrale, région problématique depuis plusieurs mois déjà dans la recherche d’une « solution » européenne à l’afflux migratoire massif en provenance du Proche-Orient et de l’Afrique. A la différence de l’Allemagne et de l’Autriche, leurs pays voisins de l’ouest, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, les quatre pays dont les chefs de gouvernement seront réunis à Prague pour adopter une position commune, refusent les quotas de migrants que la Commission européenne s’efforce d’imposer à chaque Etat membre. Ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, a rappelé ce mercredi la position tchèque, une position que certains jugent hypocrite :

Milan Chovanec,  photo: ČTK
« Nous ne savons pas comment faire en sorte que ces migrants restent sur notre territoire, car s’ils passent par un centre d’accueil de demandeurs d’asile et obtiennent le statut de réfugiés en République tchèque, ils se verront remettre des documents qui leur permettront de voyager dans l’ensemble de l’espace Schengen. Or, ce qu’ils souhaitent, ce n’est pas de rester en République tchèque mais d’aller en Allemagne, en Suède et dans d’autres pays. Nous n’avons pas de modèle qui nous permette de les contraindre à rester sur le territoire tchèque. Cela signifie que ces quotas obligatoires, pour nous, ne sont pas une solution. »

Formant, avec les Etats baltes également, un front du refus face à une politique de l’asile qu’ils jugent trop généreuse, Prague, Budapest, Varsovie et Bratislava ne souhaitent pas participer à l’effort de solidarité réclamé notamment par Angela Merkel. Et s’ils acceptent finalement d’accueillir des réfugiés, c’est alors, comme dans le cas de la République tchèque ou de la Pologne, dans des proportions très limitées et à certaines conditions bien définies.

La République tchèque, qui n’a jamais été une terre d’immigration et n’a reçu que quelques centaines de demandes d’asile depuis le début de l’année, est régulièrement critiquée à cause de son manque de volonté à participer à la stabilisation de la situation en Europe, récemment encore par le chancelier autrichien et indirectement par le chef de la diplomatie française, qui, lui, s’en est pris plus généralement aux pays de l’Est.

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Même si elle a été bien accueillie par les ONG et le Bureau tchèque de l’Organisation internationale pour les migrations, la décision prise ce mercredi de modifier la façon de procéder avec les migrants syriens arrêtés en République tchèque ne doit pas servir à faire meilleure figure, mais à simplifier les choses, comme l’a expliqué la porte-parole de la police étrangère, Kateřina Rendlová :

« En fait, nous ne faisons qu’accélérer la procédure actuelle. Nous continuerons à placer en rétention tous les migrants illégaux qui pénètrent sur notre territoire, mais dans le cas des Syriens qui ont fait une demande d’asile en Hongrie, et uniquement eux, nous ne les placerons plus dans les centres d’asile prévus à cet effet pour les ressortissants étrangers, car c’est un procédé inefficace et inutile. Nous mènerons donc un entretien avec eux, nous vérifierons leur identité et les informerons qu’il leur est possible de faire une demande d’asile en République tchèque. Si cette possibilité ne les intéresse pas, nous leur ferons savoir qu’ils sont tenus de quitter le territoire de la République tchèque sous sept jours et les raccompagnerons à la gare. »

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Kateřina Rendlová précise également qu’en procédant nouvellement de la sorte, la République tchèque entend satisfaire les demandes des deux autres principaux pays concernés par le passage en République tchèque des migrants syriens qui ont déposé une demande d’asile en Hongrie :

« Deux démarches primordiales ont motivé notre décision. D’abord celle de la Hongrie qui, depuis longtemps, n’accueille pas ses demandeurs d’asile, tandis que nous, nous ne parvenons pas sur la base du règlement Dublin à les renvoyer dans les délais légaux. Et la seconde est la décision de l’Allemagne qui a déclaré qu’elle ne renverrait pas les réfugiés syriens vers la Hongrie. »

En d’autres termes moins diplomatiques, et comme l’a dit le Premier ministre hongrois Viktor Orban, « le problème n’est pas européen, mais allemand ».