Crise migratoire : la République tchèque laisse passer les réfugiés syriens en Allemagne
En attendant le sommet extraordinaire qui réunira les Premiers ministres des quatre pays du Groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ce vendredi à Prague, le ministère tchèque de l’Intérieur a décidé, mercredi, de modifier la procédure vis-à-vis des ressortissants syriens transitant par la République tchèque. A compter de ce jeudi, ceux-ci ne seront plus retenus dans des centres en Moravie ou renvoyés vers la Hongrie, pays par lequel ils entrent sur le sol de l’Union européenne et dans lequel ils ont déposé une demande d’asile, mais pourront poursuivre leur voyage en direction de l’Allemagne.
Formant, avec les Etats baltes également, un front du refus face à une politique de l’asile qu’ils jugent trop généreuse, Prague, Budapest, Varsovie et Bratislava ne souhaitent pas participer à l’effort de solidarité réclamé notamment par Angela Merkel. Et s’ils acceptent finalement d’accueillir des réfugiés, c’est alors, comme dans le cas de la République tchèque ou de la Pologne, dans des proportions très limitées et à certaines conditions bien définies.
La République tchèque, qui n’a jamais été une terre d’immigration et n’a reçu que quelques centaines de demandes d’asile depuis le début de l’année, est régulièrement critiquée à cause de son manque de volonté à participer à la stabilisation de la situation en Europe, récemment encore par le chancelier autrichien et indirectement par le chef de la diplomatie française, qui, lui, s’en est pris plus généralement aux pays de l’Est.
Même si elle a été bien accueillie par les ONG et le Bureau tchèque de l’Organisation internationale pour les migrations, la décision prise ce mercredi de modifier la façon de procéder avec les migrants syriens arrêtés en République tchèque ne doit pas servir à faire meilleure figure, mais à simplifier les choses, comme l’a expliqué la porte-parole de la police étrangère, Kateřina Rendlová :« En fait, nous ne faisons qu’accélérer la procédure actuelle. Nous continuerons à placer en rétention tous les migrants illégaux qui pénètrent sur notre territoire, mais dans le cas des Syriens qui ont fait une demande d’asile en Hongrie, et uniquement eux, nous ne les placerons plus dans les centres d’asile prévus à cet effet pour les ressortissants étrangers, car c’est un procédé inefficace et inutile. Nous mènerons donc un entretien avec eux, nous vérifierons leur identité et les informerons qu’il leur est possible de faire une demande d’asile en République tchèque. Si cette possibilité ne les intéresse pas, nous leur ferons savoir qu’ils sont tenus de quitter le territoire de la République tchèque sous sept jours et les raccompagnerons à la gare. »
Kateřina Rendlová précise également qu’en procédant nouvellement de la sorte, la République tchèque entend satisfaire les demandes des deux autres principaux pays concernés par le passage en République tchèque des migrants syriens qui ont déposé une demande d’asile en Hongrie :« Deux démarches primordiales ont motivé notre décision. D’abord celle de la Hongrie qui, depuis longtemps, n’accueille pas ses demandeurs d’asile, tandis que nous, nous ne parvenons pas sur la base du règlement Dublin à les renvoyer dans les délais légaux. Et la seconde est la décision de l’Allemagne qui a déclaré qu’elle ne renverrait pas les réfugiés syriens vers la Hongrie. »
En d’autres termes moins diplomatiques, et comme l’a dit le Premier ministre hongrois Viktor Orban, « le problème n’est pas européen, mais allemand ».