Czech made : Petrof

Photo: Martina Schneibergová
0:00
/
0:00

Radio Prague vous propose cette année une série estivale consacrée à des marques et des produits de la République tchèque dont la réputation dépasse les frontières du pays. De l’antivirus Avast aux tracteurs Zetor en passant par le Semtex, la pervitine ou le knedlík - poilu ou non – la sélection ne sera sûrement pas exhaustive ; elle n’en sera pas moins variée.

Photo: Martina Schneibergová
L’épisode du jour est musical avec la marque tchèque de pianos Petrof, qui fête cette année son 150è anniversaire.

L’entreprise porte le nom de son fondateur, Antonín Petrof, qui a fabriqué un premier piano en 1864 dans la ville où se situe toujours son siège social, Hradec Kralové, dans l’Est de la Bohême.

Malgré une interruption de la production deux ans plus tard à cause de la bataille austro-prussienne qui se déroule à un jet de baïonnette de l’atelier, le petit facteur de piano va prendre rapidement de l’ampleur et ouvrir dès 1880 une filiale à Timișoara, sur le territoire de l’actuelle Roumanie.

Dès les années vingt du vingtième siècle, Petrof exporte jusqu’au Japon, en Australie et en Amérique du Sud. A Londres, les héritiers d’Antonín s’associent avec Steinway pour ouvrir une nouvelle filiale.

Couronnement du succès en 1934 à Bruxelles : une médaille d’or glanée à l’exposition universelle.

Comme celle de toutes les grandes entreprises familiales, la saga Petrof est dictée par le régime communiste dès 1948 et sa nationalisation, ce qui n’empêchera pas certains produits, dont les pianos à queue, de remporter d’autres prix internationaux.

Ivana Petrofová,  photo: Martina Schneibergová
Révolution de velours : restitution difficile à obtenir pour les héritiers Petrof, qui doivent d’abord beaucoup s’endetter pour racheter les parts du capital de la nouvelle société puis tenter de se faire une place sur un marché en pleine transition et secoué par plusieurs crises.

Ivana Petrofová est l’arrière-arrière-petite-fille d’Antonín Petrof :

« Je dois remercier ma sœur Zuzana Ceralová Petrofová, qui a pris les rênes de notre entreprise familiale en 2001 et qui a fait un travail considérable pour la consolider et faire face aux moments difficiles, comme l’a prouvé le prix spécial du jury qu’elle a reçu en 2013 dans le concours du meilleur manager de l’année. »

Des moments difficiles, il y en a encore eu récemment - Petrof a été fortement secoué par les turbulences qui ont suivi l’effondrement de la banque Lehman Brothers. Pour s’en sortir, le facteur de piano doit licencier une partie de son personnel et se transforme alors en fabricant de meuble.

Ivana Petrofová : « Nous avons commencé à faire des meubles dès l’année 2008 pour faire face à la crise. Des meubles sur commande et sur mesure pour des clients qui avaient nos pianos ou qui connaissaient la qualité de nos produits. Nous avons tout fait : des étagères, des tables, même des meubles de cuisine. Nous continuons à en faire aujourd’hui, même si cela représente désormais heureusement une infime partie de notre activité. »

Les affaires ont en effet heureusement petit à petit repris pour Petrof. La clientèle a beaucoup changé en un siècle et demi d’existence : aujourd’hui c’est le marché chinois qui a permis à la firme de se refaire une santé. Un marché qui réserve aussi parfois quelques mauvaises surprises :

Ivana Petrofová : « Nos pianos sont parfois contrefaits ; on s’en est aperçu sur un modèle unique que nous avions créé et nous avons vu sa copie lors d’un salon ! Pour nous c’était le summum de l’impertinence mais en fait pour eux c’était comme un honneur de pouvoir copier notre produit… C’est différent de l’Europe, mais il faut dire que les clients de ce côté-là du monde ont une préférence pour la qualité européenne et les pianos Petrof se vendent très bien. »

150 ans et toutes ses touches : la marque de pianos à queue et petits pianos (pianino) célèbre son anniversaire tout au long de cette année. Après l’ouverture de son musée à Hradec Kralové, il y aura une journée porte-ouvertes dans l’atelier Petrof le 20 septembre.

Et près de 625 000 pianos produits en un siècle et demi, ça vaut bien les vœux d’anniversaire mis en ligne par l’entreprise, dont ceux de Richard Clayderman !