Dagmar Steinova

Dagmar Steinova

Dagmar Steinova, traductrice remarquable d'oeuvres des écrivains parmi les plus célèbres de la littérature française et anglaise, est l'unique traductrice en République tchèque à avoir traduit Les mots de Jean-Paul Sartre, auteur que la traductrice connaissait bien, Le mythe de Sisyphe d'Albert Camus, l'oeuvre entier de Roger Vailland excepté Drôle de jeu, Irène de Louis Aragon et bien d'autres titres d'écrivains renommés.

Dagmar Steinova, traductrice remarquable d'oeuvres des écrivains parmi les plus célèbres de la littérature française et anglaise, est l'unique traductrice en République tchèque à avoir traduit Les mots de Jean-Paul Sartre, auteur que la traductrice connaissait bien, Le mythe de Sisyphe d'Albert Camus, l'oeuvre entier de Roger Vailland excepté Drôle de jeu, Irène de Louis Aragon et bien d'autres titres d'écrivains renommés.

Dagmar Steinova est née le 11 septembre 1922 à Vienne. Cinq ans après la naissance de la fillette, la famille s'installe définitivement à Prague. Depuis sa tendre enfance, Dagmar commence à apprendre l'allemand. Son père, spécialiste des maladies internes et psychiatre, maîtrise parfaitement le français qu'il commence aussitôt à apprendre à sa fille. Plus tard, il engage un professeur de nationalité française. Simultanément, Dagmar prend des cours d'anglais. Très rapidement, elle atteint un très bon niveau. Au lycée, Dagmar Steinova adhère à l'association la Jeune Culture, regroupant des étudiants, surtout lycéens. Les noms de jeunes poètes et écrivains déjà célèbres, comme Jiri Orten, Kamil Bednar, Frantisek Listopad, Pavel Tigrid…, miroitent aux rencontres de l'avant-garde intellectuelle. La jeune Dagmar est une jeune fille moderne de son époque. Dès l'âge de quatorze ans, elle fume, vice dont elle ne se débarrassera d'ailleurs jamais.

En 1938, le père de Dagmar se rend bien compte que les troupes allemandes allaient tôt ou tard envahir le pays. Il ne tarde pas à envoyer Dagmar et son frère cadet en Yougoslavie. Dagmar revient à Prague à Noël et repart en mars 1939, pour Londres. Les parents attendent le visa britannique à Katowice, en Pologne d'où ils gagnent l'Angleterre. La famille a pu ainsi échapper aux chambres à gaz des camps d'extermination. Dagmar Steinova se prépare au baccalauréat à Londres tout en suivant les cours à l'Ecole supérieure des sciences. Pour cause de grave maladie, elle doit passer six mois à l'hôpital et reculer la date du baccalauréat. Affaiblie encore par la maladie, la jeune fille part pour Oxford. La quiétude de la petite ville située en pleine campagne lui permet de retrouver rapidement ses forces. Elle s'inscrit aux cours de littérature allemande. Pour couvrir les frais nécessaires, D. Steinova réussit à trouver un travail au Club de l'amitié tchéco-britanique à Londres. Finalement, le gouvernement tchécoslovaque lui octroie une bourse et Dagmar poursuit les études à Leicester. Un an avant la fin de la guerre, le ministère des Affaires Etrangères propose à D. Steinova de travailler au service de presse à l'ambassade de Moscou. Elle accepte et entreprend un long voyage passant par le Caire et Téhéran.

Dagmar Steinova a vingt-six ans lorsqu'elle est engagée comme rédactrice en chef d'un magazine de cinéma tchécoslovaque auprès de la société Filmexport à Prague, ce qui lui permet d'avoir un contact direct avec le milieu littéraire pragois. Elle publie son premier livre traduit, Intouchable de Mulk Raj Anand. La traductrice débutante est engagée comme interprète au premier et ultime Congrès des intellectuelles pour la paix, tenu en été 1948 à Wroclaw. Parmi les artistes présents figurent les noms de Louis Aragon, Mikhail Scholokhov, Rockwell Kent, Roger Vailland, Pablo Picasso…C'est d'ailleurs la première et la dernière fois que Pablo Picasso prend la parole en public pour parler de Pablo Neruda. Dagmar fait la connaissance de Roger Vailland qui deviendra son grand ami. Elle sera auprès du grand écrivain jusqu'aux derniers moments de sa vie.

Responsable des relations étrangères à l'Union des écrivains, Dagmar Steinova est en contact avec les écrivains tchécoslovaques et étrangers: Vladimir Pozner, Ylja Erenburg, Jorge Amado… Elle traduit Les Temps difficiles de Ch. Dickens et des oeuvres de M.R. Anand. En 1951, elle est obligée de quitter le service à cause d'intrigues politiques. Elle commence à traduire les écrivains français : Beau Masque, 325 000 francs, la Loi de Roger Vailland, Creezy de Félicien Marceau, Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, Sade de Gilbert Lely.

La bibliographie des traductions françaises de Dagmar Steinova est impressionnante. Parmi les innombrables auteurs traduits citons Alfred de Vigny- Servitude et grandeur militaires, D. A. F. de Sade - Dialogue entre un prêtre et un moribond et quelques morceaux choisis, Robert Challes - Les Illustres françaises, Robert Sabatier, Edouard Herriot, Entretiens avec André Parigaud d'André Breton, à paraître cette année. Elle traduit également des auteurs anglais (John Kerr, John Galsworthy, John Fielding… ).

A l'âge de 80 ans, Dagmar Steinova demeure une femme pleine de vie, une vraie source d'énergie inépuisable.