Daniel Mesguich : « Rien n’est intransmissible, pas même l’humour »

Daniel Mesguich est un comédien et metteur en scène français, mais aussi directeur du Conservatoire national d’Art dramatique. Il était à Prague jeudi soir, dans le cadre de la Semaine du Théâtre français. Au cours d’une lecture bilingue, il a présenté trois petites histoires comiques du dramaturge Jean-Michel Ribes, extraites du recueil Théâtre sans animaux. Au micro de Radio Prague, il a d’abord tenu à rappeler qui était l’auteur de ces textes, souvent, franchement hilarants :

« Jean-Michel Ribes est un écrivain français qui est – je ne sais pas s’il serait d’accord avec moi – premièrement un écrivain d’humour. Il travaille dans l’humour, tout ce qu’il écrit est drôle, et censé faire rire. D’ailleurs ça fait rire. D’autre part, c’est un humour, comme il le dirait lui-même, de résistance, pas un humour consensuel, ce n’est pas l’humour du théâtre de boulevard français, parisien ni même de la télé, des amuseurs. C’est un humour corosif, violent. Mais un humour malgré tout. Et d’autre part, c’est le directeur du Théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées. »

Vous parliez de l’humour, on sait que parfois l’humour est difficile à transmettre à d’autres cultures. Les gens ne rient pas de la même façon aux mêmes choses Avez-vous choisi les textes en fonction de ce qu’on a pu vous dire de la réception ou de l’humour tchèque ?

« Je pense que rien n’est intransmissible. Tout est toujours transmissible, pas toujours au même endroit ou au même moment, pas toujours de la même façon. C’est un peu comme une traduction, rien n’est intraduisible ou bien tout est intraduisible, alors... D’abord jamais un texte ne passera intégralement dans une autre langue, quel que soit le talent du traducteur. Deuxièmement on y arrive toujours quand même. Il en est de la traduction comme il en est de l’humour. Bien sûr que l’humour en RT n’est pas l’humour français. Bien sûr qu’il y a des choses qui pourraient faire hurler de rire un parisien et qui laisseraient de marbre un Tchèque. Mais l’inverse aussi j’imagine. Et l’un dans l’autre, si la traduction est bien faite et si Pavel et moi rendons bien les textes en les lisant dans nos langues respectives, oui, ça passera. »

Sur quels critères avez-vous choisi ces histoires ?

« Je ne pense pas que Jean-Michel Ribes – puisque je me suis ouvert à lui et qu’il m’a donné son blanc-seing – et moi ayions pensé vraiment à la langue tchèque. Nous avons pensé à ce qui serait le plus facile, le plus agréable, le plus ‘punch’ à lire, pour rendre compte de sa façon de faire. Encore une fois, si tout est traduisible et transmissible même si ce n’est pas selon les mêmes critères et de la même manière avec la même intensité, au même endroit etc, peu importe. Donc non, nous ne nous sommes pas posés la question : ce n’est pas du sur mesure pour la RT. Ce sont des textes qui sont de bons extraits pour rendre compte de qui est Jean-Michel Ribes. En français. On verra bien en tchèque... »

Retrouvez la suite de cet entretien avec Daniel Mesguich dans Culture sans frontières ce week-end.