Dans la région lilloise, ALEi, une association née des échanges en latin entre prêtres français et tchèques

Armentières, photo: Serge Ottaviani, CC BY-SA 3.0 Unported

En octobre 2011, les villes d’Armentières, dans le Nord de la France, et de Litoměřice, en Bohême du Nord, ont signé une charte de jumelage, officialisant ainsi une relation d’amitié longue de plus de vingt ans. Durant cette période, et aujourd’hui encore, ces liens ont été entretenus essentiellement par l’association franco-tchèque ALEi (Armentières Litoměřice Europe internationale). Récemment, autour d’une « pivo » au restaurant tchèque La Petite Prague à Lille, son président Xavier Torrez, a expliqué à Radio Prague quelle était l’action d’ALEi :

Armentières,  photo: Serge Ottaviani,  CC BY-SA 3.0 Unported
« L’association a maintenant un peu plus de vingt ans, et pour l’actualité, depuis plusieurs années, pour permettre aux jeunes familles tchèques et franco-tchèques de la région, nous nous sommes lancés dans l’organisation de fêtes à caractère culturel comme la Saint-Nicolas et Pâques. Nous essayons aussi d’inviter des Français à venir découvrir les traditions tchèques. A la Saint-Nicolas, nous avons une vingtaine d’enfants principalement tchèques et slovaques, puisque la population est assez partagée sur la région. Et puis, bien entendu, l’association est à l’origine du jumelage entre Armentières et Litoměřice. »

-On peut noter que vous prononcez parfaitement le nom pourtant pas facile de cette ville tchèque…

« Je m’applique… »

-Comment ALEi a-t-elle vu le jour ?

« Il y a une trentaine d’années de cela, il y a un prêtre de l’Armentiérois, professeur de théologie, qui était très intéressé par ce qui se passait au-delà du Rideau de fer. Il a donc pris des contacts avec d’autres prêtres en Tchécoslovaquie et ils ont échangé en latin au début. Petite à petit, des relations très fortes se sont nouées et au moment de la chute du Mur, après bien des péripéties et des périodes pendant lesquelles ils ne pouvaient plus s’écrire parce qu’ils étaient surveillés, les amis tchèques ont envoyé un courrier au prêtre français pour l’inviter à leur rendre visite. C’est ainsi qu’il a passé quelques jours là-bas, et en revenant, il avait dans ses bagages des demandes pour venir en France avec une chorale, une équipe de foot, etc. Il a donc cherché des points de chute et des lieux de rencontre sur Armentières, et c’est ainsi qu’il a créé l’association. Depuis, il y a eu des relations permanentes entre les deux villes jusqu’à la signature du jumelage… »

…dont nous avions parlé à l’époque sur Radio Prague (http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/armentieres-litomerice-un-jumelage-pour-officialiser-une-longue-amitie)...

« Effectivement. Il y a donc plusieurs milliers de Tchèques qui sont déjà venus à Armentières et un bon millier d’Armentiérois qui ont fait le voyage inverse, tous pour différentes raisons : tourisme, sport, culture… Aujourd’hui, à Armentières, une deuxième association à vocation artistique s’est créée qui a déjà permis plusieurs échanges d’artistes entre les deux villes. »

-Qui constitue donc aujourd’hui ALEi ?

« Le noyau dur de l’association est constitué d’une dizaine de Français avec lesquels nous organisons les différentes fêtes. Après, nous avons autour de nous une trentaine de sympathisants, puis les familles franco-tchèques, franco-slovaques, tchèques ou slovaques du secteur qui s’étend sur tout le Nord-Pas-de-Calais. On estime à une centaine le nombre de familles qui ont entendu parler de nous ou ont participé à une de nos rencontres ces dernières années. »

-Votre vocation est donc bien de travailler au rapprochement des deux peuples. Est-ce un aspect qui intéresse les Tchèques et Slovaques qui vivent dans la région ?

« A l’origine, les premières rencontres ont eu lieu grâce au consul honoraire sur Lille (M. Arnaud Lefort, qui cherche actuellement un remplaçant dans ses fonctions, ndlr), qui a invité qui était passé par ses services à se retrouver au moins une fois par an au moment de la galette des rois. Puis, peu à peu, nous sommes passés de deux à trois personnes à quarante personnes participant à cette réception. Nous nous sommes fait connaître auprès de ces familles et c’est ainsi que nous avons pu organiser par exemple la Saint-Nicolas. »

Nous continuerons à évoquer cette association ALEi dans une de nos prochaines émissions, notamment pour présenter son projet d’école tchèque.