De Paříž à Nový York : un tour du monde en Tchéquie (1ère étape)

La tour de Petřín

Tous ceux parmi vous qui ont eu la chance un jour de visiter Prague le savent : le monument le plus célèbre de la capitale tchèque est… la tour Eiffel – Eiffelova věž ! Bon, d’accord, avec ses 60 mètres de haut, la tour pragoise est de dimensions que nous pourrions qualifier de « plus tchèques », dans le sens de plus petites, que l’originale parisienne dont elle est inspirée. Et même si elle est une vraie attraction, ce n’est quand même pas le principal monument que les touristes du monde entier viennent admirer à Prague. N’empêche. Située en haut de la colline dont elle porte le nom, ce qui lui permet d’atteindre une altitude proche de sa cousine parisienne, c’est bien elle, la « tour Eiffel pragoise », de son vrai nom Tour de Petřín – Petřínská rozhledna, qui constitue une des dominantes la ville. Une petite tour Eiffel à Prague, donc… Mais ce n’est pas la seule curiosité que l’on trouve en République tchèque. En effet, pas besoin de prendre l’avion passeport en poche pour faire un tour du monde… en République tchèque. Vous allez tout de suite comprendre comment et pourquoi…

Le funiculaire de Petřín,  photo: Kristýna Maková
« En funiculaire à Petřín » - « Lanovkou na Petřín » : tel est le titre de la chanson très kitch du milieu des années 80 dont vous venez d’entendre un extrait. Très verte et boisée, la colline de Petřín, au sommet de laquelle il est possible d’accéder en funiculaire, constitue traditionnellement un lieu privilégié de promenade pour les couples amoureux pragois, notamment au retour des beaux jours en mai, temps des fleurs comme nous le rappelle l’appellation tchèque du mois – květen, qui tire son origine du verbe « kvést » - « fleurir ».

La tour de Petřín | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague International
Mais Petřín n’est pas le seul endroit du pays où les âmes romantiques ou voyageuses tchèques peuvent se rendre. En effet, la République tchèque possède la particularité de posséder de nombreuses communes, localités et autres lieux-dits portant les noms de continents, pays, villes et autres endroits mondialement connus. Il y a quelque temps de cela, le quotidien Mladá fronta Dnes a d’ailleurs publié un intéressant reportage sur ce phénomène qu’il a intitulé « Tout le monde en Tchéquie » - « Celý svět v Česku ». Ce reportage, dont nous nous sommes inspirés, dressait une liste de tous les endroits en Bohême et Moravie permettant de réaliser un minitour du monde durant lequel, que vous soyez à Paříž, Benátky– Venise, Mexiko, en Amerika, Afrika, à Hanoj, en Sibiř, ou là où Dieu (ou femme, car ce que femme veut…) le veut, vous n’aurez pas à parler autre chose que le tchèque…

Bon, mais comme point de départ de notre tour du monde, et comme le groupe Olympic, dont vous venez également d’entendre un extrait de la très belle chanson, commençons par dire « Bonsoir mademoiselle Paris » pour prendre la direction de… Paříž, qui, loin de la « ville lumière », est le nom d’un paisible hameau qui se trouve en Bohême du Sud ; un endroit où vous ne trouverez certainement pas la tour Eiffel, pas même aux « dimensions tchèques », ni peut-être même de lumière.

Ce que l’on sait en revanche sans aucun doute nettement moins, c’est que l’origine de ce nom de Paříž remonte à 1920, soit deux ans après la fin de la Grande Guerre et de la fondation de la Première République tchécoslovaque. Il s’agissait alors d’une forme de remerciement fait à l’Occident, grâce auquel, le 31 décembre 1920, une partie du territoire de la région de Vitorazsko, qui jusqu’alors appartenait exclusivement à l’Autriche, a été rattachée à la Tchécoslovaquie naissante. Et ce rattachement en question avait été rendu possible suite à l’application du Traité de Saint-Germain-en- Laye signé un an plus tôt ; un traité qui, rappelons-le, a mis formellement fin à la Première Guerre mondiale, a établi la paix entre les alliés et l’Autriche et consacré l’effondrement de la monarchie austro-hongroise, dont les pays tchèques étaient longtemps restés dépendants auparavant.

Cette origine, à savoir donc un hommage rendu aux puissances alliées de l’Ouest, est la même pour les hameaux dits de Malý Londýn– Le Petit Londres, et de Nový York– littéralement Nouveau York ou, bien entendu, New York. Deux hameaux qui se trouvent eux aussi en Bohême du Sud, région frontalière avec cette Autriche à l’époque si peu appréciée des Tchèques.

Depuis le sud, nous poursuivrons notre minitour du monde en République tchèque dans quinze jours. D’ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !... et bon vent…