Décès de Jaroslav Kubera, homme politique populaire et controversé
Le président du Sénat tchèque, Jaroslav Kubera, est mort subitement lundi. Il était âgé de 72 ans. Retour sur le parcours de l’une des figures les plus marquantes de la scène politique tchèque de ces vingt-cinq dernières années.
La nouvelle de la disparition de Jaroslav Kubera, qui en sa qualité de président de la Chambre haute du Parlement était le deuxième plus haut représentant de l’Etat tchèque après le président de la République, a bouleversé la classe politique, de même que les habitants de Teplice. C’est dans cette ville thermale de Bohême du Nord que ce membre historique du parti conservateur ODS a passé l’essentiel de sa vie, avec sa famille. Une ville dont il est également resté le maire, avec un succès indéniable, durant plus de vingt ans jusqu’en 2018.
Toujours plein d’énergie, prêt à plaisanter ou plutôt à ironiser sur n’importe quel sujet d’actualité – avec un sens de l’humour qui n’était pas forcément du goût de tout le monde -, Jaroslav Kubera était un homme politique talentueux et persuasif.
« Il a laissé une grande impression ici. Tout le monde voulait se prendre en photo avec lui », a confié à la presse le maire de Chrastava, l’une des premières communes que Jaroslav Kubera a visitées, il y a un an, dans ses nouvelles fonctions de président du Sénat. « Il savait comment s’adresser aux électeurs, comment leur parler et les convaincre. Cette capacité à fait gagner à cet homme de droite quatre élections sénatoriales et six élections municipales à Teplice, dans une région traditionnellement ancrée à gauche », remarque le journal Hospodářské noviny.
Fumeur invétéré, Jaroslav Kubera était aussi bien connu sur la scène politique pour avoir lutté sans succès contre l’interdiction de fumer dans les bars et restaurants. Sur les bancs du Sénat, où il siégeait depuis près de vingt ans, il a défendu de nombreux projets de lois controversés, dont ceux de réduire les sanctions pour les automobilistes indisciplinés et d’augmenter la vitesse maximale autorisée sur les autoroutes.
Le sénateur s’est opposé au projet visant à interdire les punitions corporelles des enfants. Fidèle à la rhétorique de son parti ODS, ce dinosaure de la politique tchèque pointait régulièrement du doigt une Union européenne qu’il comparait à l’Union soviétique, mettait en garde contre le prétendu terrorisme écologique ou encore critiquait la campagne #MeToo.Dans son dernier discours du Nouvel An, Jaroslav Kubera avait encore évoqué « un tsunami vert » prétendument déclenché par les écologistes en rapport avec le réchauffement de la planète.
Après son élection, en 2018, à la tête du Sénat, Jaroslav Kubera s’est davantage consacré à la politique internationale. Récemment, il s'était fait remarquer en prenant des initiatives pour développer les relations de la Tchéquie avec Taïwan, où il prévoyait de se rendre fin février. Un geste symbolique mais important et courageux, selon les commentateurs, critiqué aussi bien par les autorités chinoises que par le président Miloš Zeman.
Jaroslav Kubera disait à propos de ce voyage qui aurait pu donner une nouvelle dimension à sa carrière :
« La Chine est un Etat important et elle présente des succès remarquables, mais pas plus ses dirigeants que monsieur le président ne peuvent décider où je peux me rendre. Je suis un homme libre. »
Jusqu’à l’élection du successeur de Jaroslav Kubera, la présidence du Sénat sera assurée par intérim par son actuel vice-président Jiří Růžička, qui représente le Mouvement des maires et indépendants STAN et le parti libéral TOP 09.