Des employés choyés

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Nous avons évoqué à plusieurs reprises le manque de main d'oeuvre en République tchèque. Nous revenons aujourd'hui sur ce phénomène récurrent en analysant les conséquences concrètes des conditions de travail dans les grandes firmes internationales basées à Prague. Un âge d'or, oui mais pour combien de temps ?

La réalité d'une grande entreprise à Prague, c'est le plus souvent de bons équipements, des espaces et des bâtiments agréables, une autonomie de travail pour l'employé. Bref des conditions de travail qu'enviraient certains employés français !

Zoom sur une grande firme allemande basée à Prague et que nous ne citons pas pour respecter le souhait de confidentialité de l'entreprise. La convivialité et la qualité de vie au quotidien sont suivis avec soin. On a même employé deux personnes pour l'arrosage et l'entretien des plantes !

Les salles, grands espaces ouverts, possèdent une luminosité naturelle grâce à de grandes fenêtre. Le management fait son possible pour entretenir un sentiment de convivialité et surtout la communication interne de l'entreprise est excellente : mailings, magazine interne, on fait tout pour renseigner l'employé sur les opportunités qui s'offrent régulièrement au sein de la compagnie.

Lors d'un meeting des employés de la comptabilité, nous avons pu voir concrètement cette communication à l'épreuve : devant ses employés, un manager fait la liste des doléances diverses au sein de l'entreprise. Tout est passé au crible sans tabou et la transparence est surprenante : que réclament les employés ? Une augmentation des salaires mais aussi des souhaits plus étonnants : plus d'accès au centre fitness et même, pour 10 d'entre eux, l'octroi systématique de cadeaux pour chaque anniversaire !

Les dirigeants de cette entreprise le disent ouvertement : nous avons tellement de mal à recruter que nous tentons par tous les moyens de retenir nos employés. Le besoin est tel qu'on offre une compensation financière à chaque salarié qui permettrait de recruter un nouveau candidat.

Bien sûr, les avantages offerts par l'entreprise varient selon la position de l'employé. Si le téléphone portable et la voiture de fonction sont de plus en courants, ce n'est pas encore une règle absolue bien sûr, loin s'en faut. Les bons pour le fitness ou activités sportives font en revanche partie des bénéfices classiques.

Compensations financières également avec l'octroi fréquent d'un bonus, sorte de treizième mois au prorata du salaire et selon les résultats. Mais ne nous y trompons pas, les augmentations de salaires, lentes, ne sont négociables qu'une fois par an. On voit bien là la volonté du management de conserver, même par la carotte, ses employés.

Pour cette grande entreprise allemande comme pour les autres multinationales, la lenteur des avancements est surtout compensée par la possibilité offerte aux employés de s'approprier un maximum de compétences. C'est une véritable plus-value, que certaines entreprises affichent comme tel pour recruter des étudiants fraîchement sortis de l'université ou de l'école: venez travailler chez nous un ou deux ans et votre vie professionnelle démarrera.

Et effectivement : cours de langue, trainings sur demande, tout concourt à la formation, voire à l'auto-formation permanente. Mais la réalité est un peu plus nuancée. Comme témoignent de nombreux employés, le manque de temps face aux tâches quotidiennes ne permet souvent pas de profiter des opportunités offertes.

Et puis des changements se profilent à l'horizon : devant l'accroissement des effectifs, les trainings devraient diminuer voire être progressivement supprimés. De même, la mobilité au sein de l'entreprise a considérablement baissé...

L'âge d'or des employés en République tchèque durera-t-il encore longtemps ?

Autre symptôme du manque d'employés : les grandes entreprises implantées en République tchèque sont de moins en moins regardantes quant aux qualifications des candidats et certaines recrutent même des travailleurs illégaux.

Les grandes firmes n'hésitent pas à investir d'assez grosses sommes d'argent pour former leurs nouvelles recrues au plus vite. On effectue des migrations d'un à trois mois dans le pays du département commercial concerné. Les employés étant généralement autorisés à rentrer à Prague pour le week-end toutes les deux semaines, l'entreprise paie souvent plusieurs billets d'avion par employé. On imagine les coûts dans une entreprise de plus de 200 salariés ! On comprend aussi mieux pourquoi le management essaie tellement de retenir ses travailleurs.

D'après des études récentes, les ticket-restaurant font partie des avantages les plus recherchés par les cols blancs. C'est d'ailleurs un droit défini par le Code du Travail en République tchèque. Si l'entreprise n'est pas à même d'en fournir, elle doit compenser ce manque par un autre avantage, souvent sous forme de Vouchers.

Notons qu'au coeur du phénomène ticket-restaurant, une micro-économie s'est véritablement mise en place car tout le monde est bénéficiaire : la participation de l'employeur au financement des tickets-restaurants lui offre des déductions d'impôts non négligeables. Et les employés bénéficient parfois de réductions dans les restaurants aux alentours de l'entreprise.

Les entreprises de ticket-restaurant ne sont pas en reste. Pour les Accor Services Cz et autres Cheque Déjeuner, le chiffre d'affaire annuel d'élève à plus de 450 millions d'euros, avec environ 500 000 utilisateurs quotidiens !

Le gouvernement, lui aussi, s'intéresse de près aux conditions de vie et de travail. Son projet, annoncé en septembre dernier, d'unifier les services sociaux et d'aide à l'emploi, vise à améliorer l'efficacité de l'aide publique et à la rendre plus conviviale. La centralisation des 250 bureaux d'emploi du pays devrait être effective à partir de janvier 2009, d'après Petr Necas, ministre du Travail et des Affaires Sociales.