Des JO marqués par de nombreuses absences

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Le premier texte que nous avons retenu pour cette revue de presse se penche sur les absences qui marquent les Jeux olympiques d’été qui s’ouvrent à Rio de Janeiro ce vendredi. Un autre article dont nous vous proposons les grandes lignes situe la réticence des Tchèques vis-à-vis des contaminations en provenance de l’étranger dans un contexte plus large. Et puis l’évolution ultérieure de l’Union européenne est le sujet d’un entretien avec un expert en droit, dont nous vous présenterons un extrait. Enfin, quelques mots sur la transformation des habitudes des Tchèques en matière de consommation.

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Roger Federer. Tomáš Berdych, Simon Halep, Allyson Felix, Abeba Aregawi, Alberto Contador… La liste des noms qui seront absents aux Jeux olympiques d’été qui commencent ce vendredi 5 août à Rio est longue. Selon l’hebdomadaire Reflex, ces absences qui ont des motivations très variées, risquent d’amoindrir le niveau et le prestige de ce grand événement sportif. Nous citons :

« Compte tenu de l’absence d’athlètes connus, il y a lieu de redouter que certaines disciplines sportives, au lieu de représenter une compétition de pointe, deviennent une compétition de seconde ligue. De cet fait on peut estimer que les médailles olympiques pèsent cette fois-ci moins que celles acquises aux précédents jeux. Mais les organisateurs, quant à eux, ne sont pas responsables d’une éventuelle dégradation des jeux ».

D’après l’hebdomadaire Reflex, on ne saurait être cependant fâchés contre les athlètes qui ont décidé de s’abstenir à Rio, car « la santé est ce qui compte pour eux le plus ». Et cela même si les jeux olympiques se tiennent une fois tous les quatre ans, constituant ainsi pour beaucoup d’entre eux le sommet de leurs longs efforts sportifs. Un constat fait en allusion notamment à l’absence de certains joueurs de tennis tchèques, dont Tomáš Berdych, numéro huit mondial, qui est accueilli dans le pays de façon pour le moins controversée. Le magazine admet cependant que cette donne se présente comme cruelle tant pour les jeux de Rio que pour le sport comme tel.

Le virus Zika et d’autres sources de craintes des Tchèques

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Les Tchèques craignent le virus Zika qui sévit au Brésil. Ils le craignent probablement plus encore que les autres, et c’est pourquoi plusieurs joueurs de tennis tchèques ainsi que nombre de représentants politiques du pays pour lesquels, en plus, le Brésil semble géographiquement trop éloigné, seront absents aux Jeux. C’est ce que l’on peut lire dans un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny qui situe ce constat dans un contexte plus large:

« Le virus Zika hante les Tchèques en dépit de ce qu’il n’y en a pas en Tchéquie. La psychose au sein de la société se traduit par le fait que l’on voit arriver chez des pratiquants des personnes qui sont absolument convaincues d’être contamines par ce virus spécifique... Mais un tel climat n’est pas nouveau. Une réaction aussi inappropriée s’est présentée en Tchéquie déjà avec l’apparition en Europe de la maladie de la vache folle, et c’est également le virus de la grippe aviaire qui avait touché il y a quelques années le monde qui a provoqué des réactions hystériques. »

Il semble alors, peut-on lire dans ce texte, que les Tchèques redoutent une quelconque contamination infectueuse venue de l’étranger plus que les autres nations, leur refus des immigrés qui sont presque absents dans le pays pouvant être considérée comme une autre facette de cette approche. Ainsi, la Tchéquie se présente comme une société qui est obsédée par « l’hygiène » et qui est très encline à la peur et à une manipulation potentielle. Une société qui est prête à chercher des dangers peu réels en dehors des frontières de son pays. L’auteur du texte remarque en conclusion que quand il s’agit en revanche d’une menace qui est la « nôtre », les Tchèques ont tendance à s’inquiéter beaucoup moins. Il l’illustre sur l’affaire de l’alcool frelatée au méthanole qui a fait en 2012 une cinquantaine de victimes et qui n’a sensibilisé le public que trop tard et très lentement.

L’Europe à l’heure de la crise des élites politiques

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Le Brexit et les questions liées à l’évolution ultérieure de l’Europe demeurent toujours présents dans les pages des journaux tchèques. Le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny a publié un entretien avec Jan Kuklík, doyen de la Faculté de droit de Prague, qui a à ce sujet souligné :

« Il est certain que le Brexit ne peut être favorablement accueilli que par le Kremlin et par les hommes politiques proches, car il va affaiblir l’Union européenne. Celle-ci va survivre même sans la Grande-Bretagne, il est vrai, mais cet affaiblissement survient au moment où elle devrait en revanche se renforcer et évoluer dans le domaine économique. Le Brexit est venu à un moment inpportun s’inscrivant dans la série des mauvaises nouvelles de la décennie écoulée, dont on citera en premier lieu les problèmes économiques de la Grêce et d’autres pays du sud et la crise migratoire. Se concentrer maintenant sur le départ de l’un des membres clés de l’Union européenne peut enlever l’énergie qui est nécessaire pour la solution d’autres problèmes graves. »

A la question de savoir s’il voyait sur la scène politique mondiale des figures comme Monet ou Adenaeur qui seraient en mesure de permettre à l’Europe de traverser la crise actuelle, le professeur Kuklík, interrogé par le quotidien Lidové noviny, a répondu :

« On assiste à une crise des élites politiques. Les représentants politiques s’accommodent aux avis des électeurs. Et même si l’un d’entre eux voulait aujourd’hui prioritairement imposer une forte vision pour l’Europe, il aura de la peine à être élu... La chancelière allemande, Angela Merkel, tout en étant affaiblie par la crise migratoire, constitue dans ce sens une exception. Et en dépit du fait que beaucoup de nations ne veuillent pas compter sur une Allemagne dominante, je suis persuadé que ce sera finalement ce pays, capable de générer des figures politiques à la hauteur, qui soumettra une vision de l’orientation ultérieure de l’Europe ».

Les plaisirs de consommation aujourd’hui et hier

Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
Une des dernières éditions de l’hebdomadaire Týden s’est penchée sur l’évolution des habitudes des ménages tchèques dans le domaine des achats, allant jusqu’à parler de révolution de consommation. Se référant aux données de l’Office tchèque des statistiques, elle compare d’abord la répartition de différentes dépenses pour constater :

« Tandis qu’il y a cinquante ans, les Tchèques ont dépensé près de la moitié de leurs revenus pour les denrées alimentaires, aujourd’hui, il leur suffit d’en dépenser à cette fin un cinquième seulement. C’est en revanche les frais d’habitation qui ont considérablement augmenté, représentant en moyenne 27 % des revenus. Cette évolution est une des preuves de ce que la Tchéquie peut se ranger aux côtés des pays développés. »

Il y a encore d’autres données qui témoignent de l’élévation du niveau de vie des Tchèques qui sont en rapport, par exemple, avec l’accessibilité des marchandises, ainsi qu’avec la hausse des dépenses à des activités de loisirs, Or, comme le souligne le journal, les gens peuvent aujourd’hui dépenser deux tiers de plus par rapport à ce qu’ils pouvaient se permettre il y a une trentaine d’années, l’époque qui rend pourtant un Tchèque sur trois nostalgique. Et le magazine Týden de rappeler :

« Au début des années 1990, après les quarante ans du régime communiste au cours desquelles des marchandises de consommation se faisaient très rares, la consommation a connu dans l’ancienne Tchécoslovaquie un boom sans précédent. Les gens ont été notamment avides des produits importés de l’Occident, tandis qu’ avec l’augmentation ultérieure des salaires, ils se sont mis à cumuler des produits de consommation à long terme, du domaine électronique et audio. Pourtant, le consommateur tchèque diffère toujours en bien des points de son confrère occidental, car mettant dans une grande mesure l’accent sur le prix au détriment de la qualité. Les différentes ‘actions’ sont alors dans le pays très recherchées ».

L’hebdomadaire note que la croissance de la consommation ainsi que la hausse des frais d’habitation vont en Tchéquie de pair avec l’endettement des ménages. Aujourd’hui, la dette d’un ménage tchèque se situe en moyenne autour de 130 milles couronnes par personne (l’équivalent de près de 4 800 euros), comparé à 18 milles couronnes d’il y a vingt ans. L’auteur de ce texte analytique fait enfin mention du goût particulièrement prononcé d’une grande partie des Tchèques pour les grands centres commerciaux qui sont devenus pour eux un lieu de passe-temps favori.