Des pianos en ville, de la musique pour tous

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Après Pékin, Barcelone, Tel Aviv ou Paris, c’est au tour de Prague d’accueillir ces extraordinaires instruments de musique que sont les pianos. Cela fait un an et demi que le projet a vu jour en Europe, mais c’est seulement depuis ce mardi que cinq pianos droits ont presque littéralement atterris à divers endroits insolites de la capitale tchèque. Et c’est Ondřej Kobza, un jeune tchèque de 34 ans, qui se cache derrière ce projet d’appropriation de l’espace public. Il s’est exprimé au micro de Radio Prague sur cette étonnante initiative.

Ondřej Kobza,  photo: CTK
Le rêve d’Ondřej Kobza, propriétaire du désormais connu Café v Lese – le Café dans les Bois, dans le quartier de Vršovice, ainsi que du café Bajkazyl situé sur le quai de la Vltava, est de changer la ville selon ses propres idées. Et un de ses rêves a été de placer des pianos un peu partout dans les rues de Prague, que ce soit dans des gares, sur des places ou même à l’aéroport ; des pianos que les passants peuvent s’approprier de façon spontanée, pour faire de la musique, pour leur propre plaisir. Et c’est désormais chose faite. La métamorphose de l’espace urbain fascine Ondřej Kobza, pour lequel rien ne semble impossible :

« De temps à autre, j’essaie de transformer l’espace de ma ville, à savoir Prague où je vis actuellement. Si cela manque de bons cafés, je fonde le Café V Lese. Quand c’est trop enfumé, j’interdis d’y fumer. Quand il y fait trop chaud l’été, alors je fonde un deuxième café sur le quai de la Vltava, pour mieux y respirer. Bien évidemment, j’exagère un peu tout, mais en faisant le trajet entre mes bars, j’ai eu l’idée de rendre le chemin vers le travail plus agréable, et ce justement par la présence de pianos, qui encouragent la spontanéité des gens. Les gens passent, s’arrêtent, applaudissent, et il y a toujours quelqu’un qui joue. Cela fait plaisir à tout le monde. Et peut-être que cela va les inciter à profiter davantage de l’espace public. Moi-même, j’ai amené mon journal et mon petit-déjeuner, et j’ai envie d’écrire sur facebook à mes amis : « je prends mon petit-déjeuner sur la Place de la Paix à côté d’un piano, quelqu’un veut venir ? ». Contrairement à la France ou à la ville de Berlin, vivre dehors, utiliser l’espace extérieur, n’est pas tellement habituel en République tchèque ; dans d’autres villes les gens savent vivre de façon plus active, plus créative, en interaction avec l’espace public. »

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La question de l’utilisation de l’espace public ainsi que son renouvellement incessant se pose. Si Ondřej Kobza avoue apprendre sur le coup la gestion commerciale, il considère que « la gestion d’un nouveau monde » ne s’apprend pas à l’école. Il est persuadé de l’utilité de cette action, et espère qu’elle perdurera même après la fin du mois d’août, ce qui correspond au terme donné par les différentes mairies d’arrondissement ayant accepté la demande d’Ondřej Kobza. A ce propos, il n’a pas eu de problème concernant l’obtention de permissions d’installer des pianos dans les halls des deux principales gares pragoises, sur deux places, ainsi qu’à la bibliothèque municipale. Ondřej Kobza fait également savoir que tous les pianos ont été trouvés dans des bazars et financés de sa propre poche, et ce malgré le fait que lui-même n’y joue pas :

« Ce n’est qu’un début, car maintenant des gens se manifestent pour m’offrir un piano gratuitement, donc je vais continuer à placer des pianos, pour inspirer les gens ; un autre café pourrait également avoir son piano par exemple. Je le répète, il s’agit d’un instrument simple de communication. Une personne sur deux connait une chanson qu’il est capable d’interpréter au piano. C’est comme si quelque chose ajoutait du piment à notre chemin vers le travail. »

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Mais cette action civile porte une autre dimension, la création d’une ville dans la ville :

« C’est ma façon de faire de la politique, cela ne m’amuse pas de pleurnicher au sujet du président, du parti ODS ou ČSSD. Il faut plutôt les ignorer et créer son propre monde. C’est en quelque sorte, une manière de faire de la politique. »

Ondřej Kobza souhaiterait rendre son action de métamorphose de la ville durable. On l’écoute :

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« J’ai envie de créer une ville, où il y aura uniquement des choses que j’aime : des magasins avec des produits, des aliments locaux, des salons de massage de qualité, des centres éducatifs… En fait, je veux créer un monde parallèle, à l’opposé du monde actuel, qui est représenté par un certain type de personnes ; je veux créer un monde dans lequel j’ai envie de vivre bien. »

Peut-être les Pragois s’habitueront-ils cet été à entendre ces quelques notes dans les rues et qu’ils exigeront par eux-mêmes la pérennisation de cette initiative.