Dix ans de commerce équitable en République tchèque
Le label Fair trade, destiné à promouvoir le commerce équitable, fête ses dix ans d’implantation en République tchèque. Bien que limité à un nombre restreint de produits, ce système d’échange basé sur la dignité des producteurs et le respect de l’environnement y connaît un succès grandissant avec une croissance des ventes à deux chiffres chaque année.
C’est ainsi qu’Aurèle Destrée du laboratoire pragois d’idées Glopolis présente le principe du commerce équitable, un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur en République tchèque. Gérant d’un café de la capitale, David Cinádr le confirme :
« La moitié des personnes s’y intéressent, l’autre moitié veut surtout boire du café mais il est clair que l’intérêt va croissant pour ce type de produits. »
Ses dires sont confirmés par les chiffres des ventes du café estampillé Fair Trade en 2013. Les Tchèques ont ainsi dépensé 100 millions de couronnes, soit plus de trois millions d’euros, pour consommer 142 tonnes de café, représentant environ 14 millions de tasses. Curieusement, les légumes et les fruits issus du commerce équitable ont moins de succès auprès des consommateurs tchèques.
Selon Aurèle Destrée, qui souligne la naissance d’une réflexion en République tchèque sur un mode de consommation plus responsable, les chaînes de distribution tarderaient parfois à répondre à ces nouvelles attentes :« Les supermarchés ou les revendeurs sont un peu lents à la détente. Par exemple au niveau du commerce équitable sur les fruits, il y a eu une campagne ces deux dernières années pour avoir des bananes ou des fruits tropicaux issus du commerce équitable et l’industrie n’a pas répondu à cela. Il est donc encore très difficile de trouver sur le marché tchèque des fruits qui sont issus du commerce équitable. »
Le label Fair trade se réjouit toutefois du nombre grandissant de Tchèques ayant connaissance de son existence, qui serait passé de 39 à 52% en seulement deux ans. Cela signifie tout de même que près de la moitié de la population tchèque ne sait pas ce qu’est le commerce équitable. Pour Stanislav Komínek de l’association Na Zemi (Sur terre), voilà qui n’est guère étonnant :
« Il reste vrai que la majorité de la société ne s’intéresse pas aux conditions dans lesquelles est produit le café qu’elle consomme ni à la rémunération des cultivateurs qui produisent du cacao par exemple. »De plus, le commerce équitable n’est pas exempt de critiques. On lui reproche notamment de favoriser l’implantation de cultures d’exportation au détriment de cultures vivrières dans des pays où la sécurité alimentaire n’est pas assurée. Une limite que reconnait Aurèle Destrée, et qui, selon elle, doit inviter à repenser un système de production locale durable.