Du ski au snowboard, le nouveau doublé historique d’Ester Ledecká

Ester Ledecká
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Sacrée championne de monde de snowboard pour la troisième fois de sa carrière, jeudi à Saint-Moritz, un mois après avoir décroché la médaille de bronze de la descente en ski alpin, Ester Ledecká est devenue la première sportive de l’histoire - hommes et femmes confondus - à monter sur les podiums de Mondiaux de deux disciplines différentes lors d’une même saison. Sept ans après son inoubliable doublé olympique à Pyeongchang, la Tchèque, forte d’une polyvalence unique en son genre à ce niveau de compétition, continue ainsi de réécrire l’histoire des sports d’hiver.

En dominant sans trembler la Japonaise Tsubaki Miki en finale du slalom géant parallèle sur la piste de l’Engadine en Suisse, jeudi après-midi, Ester Ledecká a décroché le troisième titre mondial de sa carrière en snowboard. Déjà titrée en 2017 en slalom géant parallèle et en 2015 en slalom parallèle, la Tchèque, qui fêtera ses 30 ans ce dimanche, a démontré qu’elle n’avait rien perdu de son savoir-faire dans une discipline où elle a signé les premiers grands succès de sa carrière et où elle a longtemps exercé une domination quasiment sans partage, comme en témoignent ses 25 victoires et 39 podiums en Coupe du monde et, bien sûr, ses deux titres olympiques (2018 et 2022).

Ester Ledecká | Photo: Gian Ehrenzeller,  ČTK/AP

Au-delà des chiffres, si cette nouvelle ligne à son palmarès est aussi marquante, c’est aussi parce qu’elle a été écrite au terme d’une saison où la Pragoise de naissance avait choisi de donner la priorité au ski alpin, une discipline où ses succès, bien que tout aussi remarquables, sont moindres en raison d’une concurrence plus importante qu’en snowboard. Jeudi, néanmoins, depuis les qualifications (avec des temps qui lui auraient permis de se qualifier pour le tableau final chez les hommes aussi) jusqu’à la finale, Ledecká s’est de nouveau montrée impériale planche aux pieds comme au bon vieux temps. C’est donc naturellement ravie qu’elle est s’est présentée au micro de l’envoyé spécial de la Radio tchèque :

« Cela a été une bonne journée ! Toute la saison j’ai essentiellement fait du ski, je ne savais donc pas trop à quoi m’attendre ici et comment me situer par rapport aux autres filles. Je ne m’étais même pas entraînée une seule fois avec elles. Pendant la saison, j’ai malgré tout essayé de faire quelques entraînements de snowboard de temps en temps pour garder un peu de fraîcheur et ne pas oublier tous les automatismes. J’ai d’abord été agréablement surprise de remporter les qualifications, puis à partir des huitièmes de finale, je me suis juste concentrée sur chaque descente sans chercher à voir plus loin et en espérant que tout se passerait bien. Et tout s’est bien passé... »

Si « tout s’est bien passé », c’est aussi parce qu’Ester Ledecká, en plus de ses multiples talents de sportive hérités d’une mère ancienne patineuse artistique et d’un grand-père joueur de l’équipe de Tchécoslovaquie de hockey sur glace, est une acharnée de travail. Bien entourée par ses parents, professionnelle jusqu’au bout des ongles, elle profite aussi, comme elle l’a d’ailleurs souligné jeudi après sa victoire, des services autour d’une équipe composée de plusieurs personnes bien conscientes d’avoir le privilège de travailler avec un profil très spécial. Une équipe dans laquelle figure notamment Justin Reiter, ancien snowboardeur américain qui entraîne Ledecká depuis quelques années :

« Je tiens d’abord à féliciter Ester. Nous avons eu très peu de temps pour nous entraîner en snowboard cette saison parce que nous nous sommes concentrés en priorité sur le ski. Il a donc fallu adapter le programme et c’est pourquoi nous pouvons être très fiers de ce qu’elle a réalisé aujourd’hui encore. Ester a démontré une nouvelle fois qu’elle était une athlète exceptionnelle pour qui le travail consiste à être la meilleure au monde. Elle travaille très dur pour cela, elle aime l’entraînement encore plus que la victoire, et ce sont là les deux principaux attributs de sa réussite. Je suis très fier de la manière dont elle a géré les choses aujourd’hui, car ce n’est pas si simple. Elle était déjà très forte lors des qualifications, elle a été constante dans la performance jusqu’au bout et c’est pourquoi je suis vraiment très heureux pour elle. »

Après son doublé doré historique aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018, où elle était devenue la première sportive à s’imposer dans deux disciplines différentes, en descente en ski alpin puis en snowbaord, Ledecká est ainsi devenue l’auteure d’une autre grande première en décrochant, en l’espace de moins de deux mois, une médaille dans deux championnats du monde différents. Le 8 février dernier, à Saalbach (Autriche), elle avait en effet terminé troisième de la descente, grimpant ainsi sur un podium de Mondiaux de ski alpin pour la première fois de sa carrière. Jeudi, avant de monter cette fois sur la plus haute marche en snowboard, si la Tchèque a d’abord fait mine de s’étonner du caractère particulièrement rare de sa performance, elle a aussi rappelé où se situerait désormais l’enjeu pour elle dans les prochains mois :

Ester Ledecká  aux championnats du monde de Saalbach 2025 | Photo: Zuzana Jarolímková,  iROZHLAS.cz

« Je ne le savais pas, les statistiques ne sont pas mon fort. Mais je savais que remporter l’or constituerait une grande performance. J’espérais surtout décrocher au moins une médaille. De cette façon, j’espère pouvoir faire changer un peu les choses de manière à ce que l’on me  donne une chance de participer aux prochains Jeux olympiques dans les deux sports. »

Ester Ledecká | Photo: Zuzana Jarolímková,  iROZHLAS.cz

Pour l’heure, en effet, la programmation annoncée par le Comité international olympique et de la localisation des sites ne permettent pas à Ester Ledecká, qui souhaiterait pouvoir s’aligner aux départs de la descente en ski alpin et du géant parallèle en snowboard l’année prochaine à Milan-Cortina, de rêver à un nouveau doublé. La Tchèque ne désespère cependant pas de voir le CIO modifier le calendrier des épreuves afin de ne pas devoir être contrainte de choisir. Et, avec elle, c’est aussi ce qu’espèrent de nombreux fans de sport, et pas seulement en Tchéquie.