Presse : En attendant la présidence tchèque de l’Union européenne

Cette nouvelle revue de la presse propose d’abord quelques observations sur la prochaine présidence tchèque de l’Union européenne. Deux autres sujets traités : les menaces sécuritaires pour l’Europe centrale et la Tchéquie liées à la présence des unités russes en Biélorussie et le soutien diplomatique tchèque à l’Ukraine. Un regard inédit ensuite sur l’athlète polyvalente tchèque Ester Ledecká, médaillée d’or aux JO à Pékin. Une note pour finir qui compare le covid à une des épidémies du passé.

De l’avis de l’auteur d’un texte publié dans une récente édition du journal DeníkN,  la Tchéquie aura à surmonter, au cours de sa présidence de l’Union européenne, toute une série d’obstacles :

« Le cabinet de Petr Fiala se montre à l’égard de ce grand défi qu’il aura à relever à partir du mois de juin plus responsable que la précédente équipe gouvernementale d’Andrej Babiš. La constitution d’un nouveau poste ministériel qui a en charge les affaires européennes en est une des preuves marquantes. Le temps dont il dispose pour rattraper les retards est pourtant assez court ».

Pour les observateurs étrangers, la Tchéquie représente un des pays membres les plus eurosceptiques. « Effacer cette image qui est fortement enracinée au sein des sociétés occidentales sera donc une tâche aussi nécessaire que difficile », souligne le publiciste avant d’ajouter :

« A Bruxelles, la Tchéquie est perçue comme un pays qui ne propose que rarement des initiatives efficaces et qui n’est pas un bon négociateur au niveau européen. Un pays qui est un passager clandestin de l’Union européenne, car il ne met pas son appartenance activement à profit. Si le gouvernement entend mener à bien cette présidence, il devra chercher à améliorer cette apparence. Sinon, même les propositions positives que la Tchéquie voudra soumettre pendant sa présidence européenne pourront échouer ».

Le cabinet tchèque de coalition se réfère à une politique européenne plus active que précédemment. Ceci dit, le commentateur de Deník N rappelle que le plus fort de ses partis, le Parti civique démocrate (ODS), a rejoint au Parlement européen la fraction eurosceptique des Conservateurs et réformistes européens. Une appartenance qui, selon lui, ne va pas faciliter la mission déclarée fixée par le gouvernement.

Une nouvelle situation sécuritaire pour l’Europe centrale ?

S’agissant de l’agenda international, c’est toujours la crise entre la Russie et l’Ukraine qui demeure à la une des médias locaux. Le quotidien Hospodářské noviny s’interroge, par exemple, sur ce que la présence des soldats russes à la frontière avec la Pologne signifierait pour la Tchéquie. Il écrit :

Les équipes de combat russes du système de défense aérienne en Biélorussie | Photo: ČTK/AP/Uncredited

« Il existe un aspect important de cette crise que nous avons tendance à omettre. C’est le déplacement de dizaines de milliers de soldats russes vers la Biélorussie. Il faut alors se demander ce qui se passera s’ils ne quittent pas son territoire même lorsque la crise sera, d’une manière ou d’une autre, finie. A ce jour, la frontière de l’Europe centrale avec la Russie a été limitée à celle entre la Pologne et l’enclave de Kaliningrad. Toute réflexion sur un éventuel conflit en Europe centrale a donc été purement hypothétique. »

« Si les unités russes demeurent implantées en Biélorussie, la situation va fortement changer car, d’emblée, la Pologne aura à faire face à l’armée russe tant au nord qu’à l’est », écrit l’éditorialiste de Hospodářské noviny avant d’élargir sa réflexion sur la Tchéquie :

« La situation sécuritaire en Europe centrale sera plus fragile. La Tchéquie quant à elle ne sera pas épargnée compte tenu de ce que les forces russes se trouveront à quelque 500 kilomètres de la ville d’Ostrava. Comme elle est un des pays membres de l’OTAN dont les dépenses militaires sont les plus faibles, elle sera appelée à les augmenter et à réévaluer ses efforts en matière de défense. Le tout non seulement pour accomplir ses engagements, mais aussi pour protéger ses propres intérêts ».

Le soutien de la diplomatie tchèque à l’Ukraine

« Compte tenu de ses possibilités limitées, la diplomatie tchèque a fait exactement ce que la Tchéquie, en tant que pays de l’Europe centrale et membre de l’Union européenne, est censée faire ». Un constat dressé par l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt en lien avec la visite effectuée par le nouveau chef de la diplomatie tchèque Jan Lipavský, cette semaine, en Ukraine.

Ministres des affaires étrangères Ivan Korčok,  Jan Lipavský,  Dmytro Kuleba et Alexander Schallenberg à Kiev en Ukraine | Photo: Walentyn Ogirenko,  ČTK/AP

Un  commentaire publié dans le journal en ligne Forum24 confirme :

« La présence du ministre des Affaires étrangères à Kiev a prouvé de quel côté la Tchéquie se trouvait. C’est aussi important que l’envoi de soldats, les fournitures d’armes ou un soutien financier. Ces signaux destinés à empêcher la Russie d’attaquer l’Ukraine ainsi que la détermination des pays de l’Union européenne et des Etats-Unis d’agir de concert sont très importants. »

Selon le commentateur de Forum24, Jan Lipavský a agi conformément aux attentes liées au chef de la diplomatie d’un pays démocratique.

Ester Ledecká, une athlète polyvalente exceptionnelle

« En quoi consiste le charme d’Ester Ledecká ? ». Une interrogation soulevée dans un article qui a été publié sur le site Seznam Zprávy au lendemain de la victoire de la Tchèque polyvalente en slalom parallèle de snowboard à Pékin. Voici l’explication de son auteur :

Ester Ledecká | Photo: Roman Vondrouš,  ČTK

« Avec cette médaille d’or, Ester Ledecká a renoué avec son succès aux précédents JO de PyeongChang où elle est entrée dans l’histoire olympique en réalisant un doublé avec deux médailles d’or dans deux disciplines différentes, le super-G en ski alpin et le snowboard. Excellente skieuse et excellente snowboardeuse, Ester Ledecká est une athlète hors normes, comme l’est toute sa carrière sportive. Elle n’est pas le produit du système sportif tchèque, mais elle est ‘Made in famille Ledecky’. Voilà pourquoi tout ce qui la concerne sort des sentiers battus. En toute circonstance, Ledecká est différente des autres. Par ailleurs, elle a été habituée à vivre dans sa bulle avant même l’apparition du Covid-19 ».

Le chroniqueur remarque que l’alliance du snowboard et du ski est une invention, un savoir-faire qui rendent Ester Ledecká exceptionnelle et unique. « Pas étonnant alors qu’elle insiste sur sa décision de se consacrer aux deux disciplines même à l’avenir, sans prendre en compte l’avis d’experts qui lui recommandent d’opter pour l’une d’entre elles », souligne-t-il.

L’épidémie de covid – un déjé vu ?

« Le covid pourra nous accompagner plus longtemps qu’on ne le croit. » C’est du moins ce que prétend un article du quotidien Lidové noviny, malgré l’optimisme prudent qui règne désormais face à l’épidémie de son variant Omicron. Il appuie son hypothèse sur une expérience qui remonte à la fin du XIXe siècle :

Source:  Omni Matryx,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« Difficile de prédire l’évolution ultérieure de la pandémie. Mais, au lieu de regarder vers l’avenir, il vaut mieux se retourner vers le passé. C’est par exemple dans la pandémie de la grippe russe qui a sévi dans le monde entier dans les années 1889-1890 et qui a tué près d’un million de personnes que l’on peut tirer une leçon. »

Des ressemblances de cette épidémie avec la pandémie de coronavirus sont selon l’auteur frappantes, tant en ce qui concerne le taux de mortalité que les symptômes et le déroulement de la maladie. Un constat qui lui permet de déduire:

« La grippe russe provoquée par un variant de coronavirus aurait duré près de deux ans et quelques mois. Toutefois, les nouvelles recherches effectuées dans de vieux journaux et magazines numérisés l’ont démenti constatant que ses vagues émergeaient chaque année. Ce n’est qu’au bout de dix ans que l’épidémie a approché de son pic pour disparaître définitivement. Un tel scénario  est fort probablement à prévoir également pour le Covid-19. »