Économie/Commerce
Aujourd'hui nous allons parler d'un cas de privatisation litigieux, celui de la société Becher - Becherovka de Karlovy Vary en Tchéquie.
Le gouvernement vient de donner son aval à la privatisation de la distillerie de renommée mondiale, Jan Becher. La liqueur devrait être fabriquée sous la direction du groupe Salb, dans lequel Pernod Ricard possède 40 %. Près d'un milliard et demi de couronnes pour les caisses de l'Etat.
Or, le droit à la licence et l'exploitation de cette liqueur est objet d'un conflit entre les fabricants de la fameuse liqueur et une société en Slovaquie. C'est pour la deuxième fois que la liqueur Becher fait l'objet d'un conflit de contrefaçon avec une société slovaque. "Il fait de nouveau chaud autour de la Becherovka", lit-on dans un article paru récemment dans le quotidien Pravo, livraison du 6 février, sous la plume de Petr Korbel. Cette liqueur, d'origine tchèque, brevet et marque de fabrique tchèque à l'origine et qui doit son nom à un certain ingénieur Becher, inventeur de la formule, est, depuis un certain temps, fabriquée sous l'appellation Becher Bitter par la société DAJK, domiciliée a Snina en Slovaquie orientale. Fin janvier, cette société recevait le prix Slovak Gold de la Fondation du même nom. Jozef Sitko, de Becher Slovaquie, a déclaré à cette occasion que le seul critère pour la délivrance du certificat et de la médaille est la qualité du produit.
Lors de la remise de ce prix, même le Président de Slovaquie, Rudolf Schuster, a participé à la dégustation. "Elle a un goût un peu différent, a-t-il dit, mais elle est bonne". Entendez par-là un goût différent de la Becherovka authentique fabriquée en Tchéquie. Le journaliste de Pravo n'a pas manqué de remarquer au passage qu'on a primé un article qui n'est même pas encore distribué, et pas même dans des magasins à Bratislava. Voilà pour la petite histoire.
"Le fait que monsieur Hoffmann ( qui prétend détenir le brevet) et ses amis ont acheté ce prix ne veut pas dire qu'ils ont le droit sur la marque déposée," a réagi à ces informations un certain David Binar, qui n'est ni plus ni moins que le porte-parole de la société Jan Becher - Becherovka de Karlovy Vary en Tchéquie. Rappelons que cette affaire, qui a déjà l'air d'une contrefaçon, est la seconde tentative de fabrication de la Becherovka en Slovaquie. L'usine Chotin en Slovaquie, la première à avoir mis en bouteilles et vendu environ 10.000 litres de la boisson Becher Bitter, avait eu droit, a cause de cette fabrication, à plusieurs procès en contrefaçon et même en diffamation. Le directeur de la société DAJK (Slovaquie), Julius Bucek, soutient aujourd'hui qu'il n'ont aucune relation commerciale avec l'usine de Chotin et qu'ils ont obtenu la recette de fabrication directement de l'entrepreneur de Domazlice (Boheme du sud), le fameux Hoffmann, de son prénom Zdenek, auquel il a été fait allusion précédemment et qui se considère être le détenteur de la recette originale de Becherovka. C'est le grand-père de Hoffmann qui aurait obtenu, il y a 61 années de cela, cette recette, comme cadeau d'Alfred Becher, copropriétaire de l'usine de Karlovy Vary. A Becher - Becherovka de Karlovy Vary en Tchéquie on considère tout simplement cette prétention comme une plaisanterie sympathique à première vue, de très mauvais goût, une fois mise en pratique.
Selon les informations de couloirs, la société de Snina a commencé la fabrication de cette liqueur déjà l'année dernière. Les journalistes n'ont pu obtenir d'amples détails, Snina ayant refusé de parler de cette affaire. Mais la société Becher - Becherovka de Karlovy Vary (Tchéquie) ne plaisante pas avec sa licence et son brevet, et, comme il fallait s'y attendre, c'est déjà l'an dernier qu'elle a entamé un procès en contrefaçon contre le sieur Hoffmann - le plaisantin dit-on dans les bureaux de la société. Au départ, on pensait que Hoffman n'irait pas loin pour une raison très simple : il ne disposerait que d'un titre précaire prouvant la donation. On pensait aussi que les magistrats n'allaient tout de même pas le croire, presque sur parole. Et voilà que, contre toute attente, la cour suprême de Bratislava a annulé par deux fois la décision conservatrice du juge tchèque, interdisant la fabrication de la liqueur en Slovaquie.
Ce pourquoi Zdenek Hoffmann se trouve encouragé et va jusqu'au bout de son raisonnement. Sachant que la meilleure défense est l'attaque, il essaye - tenez-vous bien - auprès des tribunaux tchèques, d'empêcher le Fonds du Patrimoine nationale tchèque de transférer, dans le cadre de sa privatisation, le paquet des actions majoritaires de l'usine de Karlovy Vary a la société Salb. Il soutient que la société Becher Becherovka de Karlovy Vary (Tchéquie) n'a pas le droit de fabriquer de la Becherovka. Hoffmann a répété à l'agence de presse CTK que l'usine de Karlovy Vary détient uniquement le décret de nationalisation et les marques déposées.
Mais Becherovka de Karlovy Vary répond que l'acte de donation est un faux et elle a déposé une plainte contre Hoffmann l'année dernière. Le sieur Hoffmann tente de bloquer la procédure au tribunal. Deux audiences ont eu déjà lieu, mais il a protesté pour la non objectivité du juge. Il joue avec le temps, car il sait bien comment cela va se terminer a déclaré Binar.
L'avocat de Hoffmann, Zdenek Starek, prépare même une plainte pour violation des droits constitutionnels en Tchéquie. La violation est commise, selon lui, par le Bureau de la propriété industrielle quand il a refusé la demande, par Hoffmann pour la radiation de la marque Johann Becher Karlsbad, même si Becherovka de Karlovy Vary (Tchéquie) ne l'utilise plus depuis cinq ans. L'année dernière en décembre, Becherovka de Karlovy Vary (Tchéquie) a informé qu'elle a rempli les conditions de la privatisation prévues pour l'an 2000. En même temps, elle a remis aux ministères de l'Agriculture et des Finances les documents pour que le gouvernement puisse charger le Fonds du Patrimoine national de la conclusion du contrat de vente des 59 % des actions de l'usine de K.V. à la société Salb. Si le gouvernement donne son accord pour la vente, Salb payera encore 1,324 milliards de couronnes. L'Etat gardera pendant 5 ans une action dorée permettant le contrôle sur les droits de la propriété industrielle.