Économie/Commerce

Après la vache folle, les farines animales, qui sont au nombre des préoccupations de l'homme de la rue, comme on dit, en Tchéquie, et dont nous vous avons parlé lors de nos émissions précédentes, il y a aussi au autre sujet d'inquiétude, de débat et de controverse, et ce sont les OGM, organismes génétiquement modifiées, c'est l'objet de cette émission...

Les discussions sur les OGM en République tchèque tournent autour de la question de savoir s'ils sont nuisibles à la santé et à l'environnement ou si, au contraire, ils sont une garantie supplémentaire pour la sauvegarde de l'humanité. Il s'agit aussi de savoir si on a pu, jusqu'à présent, les éviter en République tchèque et comment. Pour répondre à la dernière question disons qu'il ressort d'une étude publiée récemment par le quotidien Mlada fronta Dnes, que les OGM n'ont pas épargné les magasins tchèques non plus. Mieux, ils s'y sont installés plus vite que n'auraient pu le prévoir les consommateurs, ni les commerçants et pas même les experts. Sorti de quelques exceptions, on ne trouve pas des produits transgéniques à l'état pur. Des analyses élaborées pour le quotidien Mlada fronta Dnes par l'Institut de recherche sur la production végétale à Prague ont démontré que sur les 33 articles contenant le soja ou le maïs, douze présentaient les traces de l'ADN d'organismes transgéniques, et ont donc été fabriqués à partir de matière première génétiquement modifiée. Mais rien ne peut être pour autant reproché aux commerçants comme aux fabricants concernés dans la mesure où la loi tchèque ne leur fait pas obligation de faire porter sur l'emballage des mentions spéciales indiquant la présence de l'OGM. Pareilles mentions ne seront obligatoires qu'à partir du 1er janvier 2002. A défaut, rien ne dit qu'un organisme incriminé aujourd'hui le sera demain et vice versa. Des gaufrettes et un mélange pour crêpes, révélés positifs dans un test effectué au mois d'août 2000, ne présentaient pas de traces d'OGN lors du dernier test .

Souvent les fabricants eux mêmes ne savent pas que leurs produits contiennent des OGM. Ils sont en général convaincus qu'ils fabriquent ce qu'ils fabriquent à base de produits cultivés de manière conventionnelle. Les fournisseurs les en assurent, souvent certificat à l'appui.

"Nous avons cru en la crédibilité de nos fournisseurs" a répondu un chef d'entreprise à l'information que son saucisson végétarien contient des OGM. "La société chez qui nous achetons le maïs dispose d'un certificat prouvant que son produit n'est pas transgénique" explique un autre, dont les produits ont été fabriqués à partir d'un maïs génétiquement modifié. Pareil document est détenu par un fabricant de semoule de maïs dont les produits contiennent des OGM.

Un autre chef de firme encore a été surpris en apprenant qu'une partie des grains de soja grillés qu'il vend vient d'une sorte génétiquement modifiée. "Ce n'est pas possible, nous achetons le soja chez un producteur morave qui cultive une catégorie de soja sélectionnée en Tchéquie", assure-t-il.

Les résultats des analyses ont aussi pris au dépourvu même une grande firme pragoise, qui a fait vaillamment porter sur son yaourt de soja le mention: "N'est pas génétiquement modifié ". "Cela me choque, je suis choqué", dit le patron, en apprenant le contraire. "Nous avons un certificat précisant que la matière première n'est pas génétiquement modifiée, c'est pourquoi nous avons porté cette mention sur l'emballage". Il achète le soja sec chez une importante société à l'étranger dont il ne veut pas dire le nom, car il a peur de perdre un fournisseur qu'il a recherché pendant des années.

Une autre firme reconnaît qu'elle utilise des produits génétiquement modifiés. "Nous savons depuis un certain temps que notre marchandise contient des organismes génétiquement modifiés" dit le directeur de la division de fabrication. "Nous essayons cependant de trouver un produit de remplacement. Si nous ne réussissons pas, nous serons obligés de marquer notre produit comme le prévoit la loi. Il dépendra du client de continuer à l'acheter ou non".

Un producteur morave de farine de soja, sait qu'il utilise probablement à sa fabrication de la matière première génétiquement modifiée. "A l'avenir, nous allons vraisemblablement fournir deux sortes de produit, l'un sans les OGM et l'autre, moins cher, provenant des produits génétiquement modifiés " déclare le responsable.

D'autres fabricants n'ont jusqu'à présent pas recherché des preuves. "Pour les produits provenant d'ailleurs que des USA et du Canada nous supposons qu'ils ne contiennent pas des OGM et nous ne l'avons pas demandé aux fournisseurs" dit le responsable d'une société. Selon les indications portées sur l'emballage, la matière utilisée pour la fabrication des flocons de soja provient d'Autriche. Là-bas, ils ne cultivent pas les produits génétiquement modifiées, mais malgré cela, des OGM y ont été découverts.

Précisions enfin que le test a porté sur des articles contenant le soja ou le maïs, tous achetés - et c'est peut-être le plus inquiétant -, pas seulement dans des supermarchés, mais aussi dans des magasins de l'alimentation bio de Prague. On a choisi le maïs et le soja en tant que produits le plus souvent modifiés. Les analyses ont été faites au laboratoire du département de la biologie moléculaire de l'Institut de recherches sur la production végétale à Prague, désigné par le ministère de l'Agriculture comme laboratoire de référence en ce qui concerne les OGM.

Auteur: Omar Mounir
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