Edition et cinéma en République tchèque : une santé de fer ?

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Focus aujourd'hui sur la santé économique du secteur culturel en République tchèque, avec le phénomène des librairies bon marché, qui répondent à une demande croissante mais posent de nouvelles problématiques. Nouvelles habitudes également pour le cinéma, qui voit la concurrence entre productions nationales s'affirmer de plus en plus.

Avec ses 37 magasins en République tchèque, le libraire et également éditeur Levné knihy ne cesse de croître. En 2006, il s'imposait déjà comme l'un des vingt premiers éditeurs de République tchèque par le nombre de livres publiés. Le filon est simple : vendre des livres très bon marché. Simple, mais personne n'y avait vraiment pensé et il y avait là un véritable marché à prendre.

Bien sûr, on l'imagine facilement, les éditeurs et libraires sont quelque peu indisposés, qui dénoncent une perturbation du marché. Les grands magasins comme la chaîne Kanzelsberger, qui possède une quarantaine de boutiques, dont deux sur la place Venceslas à Prague, met en avant les services (emballage, livraison), l'accueil par des employés qui peuvent conseiller etc... Bref tout ce qui manque à des chaînes de discount comme Levné Knihy.

Mais celle-ci a décidé d'investir les fruits de son succès pour personnaliser ses magasins et déployer une vaste campagne de publicité. Il y a deux ans, la société a franchi un pas en se mettant à l'édition de DVD, proposant principalement les grands classiques italiens, suédois, français ou même japonais.

A l'origine de cette fructeuse entreprise, un frère et une soeur, Jan Maivald et Helena Simková, qui débutèrent, au début des années 90, avec un petit kiosque dans la gare principale de Prague. Grâce à des prix particulièrement bas, Levné Knihy se développe rapidement. Vers 1996, un premier magasin est ouvert dans la rue Jungmannova, en bas de la place Venceslas. Aujourd'hui, on compte 11 magasins à Prague et 26 dans les grandes villes de Moravie (Brno, Ostrava...). On y trouve des DVD à moins de 100 Kc et des CD à moins de 70 Kc, quand ils coûtent cinq fois plus cher ailleurs.

Quant aux livres, leurs prix debute à 20 Kc et l'offre est concentrée autour de livres de fiction, de livres pour enfants et de guides de voyage. L'année dernière, Levné Knihy a publié une centaine d'ouvrages.

Rappelons qu'au lendemain de la Révolution de Velours, le contexte est propice à un boom de l'édition. Le régime communiste est tombé et les éditeurs poussent comme des champignons pour publier les auteurs autrefois interdits. La demande est grande et le marché s'avère porteur.

En 1989, on comptait environ 250 éditeurs. Ils sont deux fois et demi plus nombreux un an après et aujourd'hui, il y aurait environ 8 000 maisons d'édition en République tchèque. Les ventes annuelles des livres s'élèvent à environ 180 millions d'euros.

Quelques nuages pourraient assombrir cette situation ideále, comme par exemple l'annonce, par le gouvernement, d'une augmentation prochaine de la TVA sur les livres. L'ODS au pouvoir a évoqué une augmentation des 5 % actuels à 13 % mais le projet est encore en discussion. L'Union des Commerçants du Livre, la SCKN, est la première à s'en inquiéter. Et de remarquer que la plupart des pays de l'UE essaient de conserver des taux de TVA assez bas. La moyenne de la TVA sur les livres en Europe se situe autour de 5 %. Dans ce contexte, les prix seront encore plus un enjeu, ce qui devrait faire l'affaire des Discounts.

Le secteur cinématographique, quant à lui, voit l'avenir en rose. L'année dernière, la production nationale a enregistré des revenus de plus de 33 millions d'euros et a représenté 28 % des ventes en box-offices. Même si elles ne semblent pas menacées, les grosses productions américaines n'ont qu'à bien se tenir ! Selon les chiffres officiels, la République tchèque serait le deuxième producteur de films en Europe après la France.

Grande nouveauté dans la production locale : celle-ci semble avoir désormais accepté de se lancer dans un authentique système de compétition. Jusqu'à présent, l'habitude voulait qu'un intervalle d'environ trois semaines était respecté après chaque sortie de film. Avec la croissance du nombre de films produits par an, cette régle non officielle se modifie sensiblement. En espérant que le septième art en tire également un bénéfice supplémentaire sur le plan culturel.

D'autant plus que les subventions allouées par l'Etat au cinéma pourraient éventuellement corriger les désavantages d'une concurrence débridée. Créé en 1992, Le Fond Public pour le Développement de la Cinématographie tchèque a adhéré en 1997 au traité européen de co-production. Celui-ci incite les pays membres à développer leur production nationale par l'allocation de subisdes et ce, dans tous les domaines liés à la production : écriture de scénarios, publicité et innovations techniques. Le budget public pour le cinéma a augmenté de 4,5 millions d'euros cette année.