En Afghanistan, une attaque terroriste frappe la plus grande ONG tchèque

Člověk v tísni an Afghanistan, photo: Člověk v tísni

C’est un coup dur pour la plus grande ONG tchèque d’aide humanitaire et au développement. Neuf employés afghans de Člověk v tísni (People in Need, ou L’Homme en détresse) ont été tués dans la nuit de lundi à mardi dans la province de Balkh, dans le nord de l’Afghanistan. Selon les responsables locaux, il s’agit d’une nouvelle attaque de rebelles talibans visant des travailleurs humanitaires. En République tchèque, la nouvelle a provoqué une émotion certaine et rappelé l’importance mais aussi les nombreux risques de la mission menée par Člověk v tísni partout dans le monde.

Člověk v tísni an Afghanistan,  photo: Člověk v tísni
Parmi les neuf employés morts figuraient deux gardes et sept travailleurs humanitaires, dont une femme. L’ONG tchèque n’est pas la première frappée en Afghanistan. Selon l’ONU, cinquante-sept travailleurs, en majorité des autochtones, ont été victimes d’attaques diverses en 2014. Mais selon les premières déclarations de Šimon Pánek, le directeur de Člověk v tísni, pour la Télévision tchèque, mardi matin, les raisons du drame étaient encore inconnues :

« Pour l’instant, nous n’en savons pas beaucoup plus que les informations qui figuraient dans les dépêches des agences de presse ce mardi matin. Des hommes marqués inconnus ont attaqué notre bureau qui se trouvait dans la province en question et où logeaient nos employés. Il semble cependant que les auteurs de l’attentat soient d’une autre région. Ils ont tué les gardes et la majorité de nos employés. Depuis, une enquête a été ouverte. De notre côté, nous nous efforçons de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la sécurité de nos autres employés en Afghanistan. Nous en avons 230 dans près d’une vingtaine d’endroits différents. »

Šimon Pánek,  photo: Štěpánka Budková
Concrètement, Člověk v tísni a décidé de cesser immédiatement toutes ses actions partout en Afghanistan, en attendant de renforcer leur sécurité. Ainsi, les employés de l’ONG n’opèreront plus provisoirement sur le terrain et leurs bureaux resteront fermés. Pour autant, ses responsables n’envisagent pas de quitter l’Afghanistan, pas plus pour l’heure que la province de Balkh. Šimon Pánek explique pourquoi :

« Cette région, autant qu’il est possible de l’affirmer en Afghanistan, est dans l’ensemble une des régions les plus sûres et les plus calmes du pays. Nous y travaillons depuis 2002, d’abord sous forme d’aide humanitaire, puis d’aide au développement. Nous avons toujours entretenu d’excellentes relations que ce soit avec la communauté locale ou avec les autorités, et bénéficions du soutien de la population. Bien entendu, comme partout ailleurs en Afghanistan ces dernières années, il y avait de temps à autre des tensions et des situations de danger qu’il était préférable d’éviter. Cela était vrai aussi pour la province de Balkh, mais pour le reste, il n’y avait aucun signe précurseur pour nous avertir qu’il y avait un risque croissant. »

Présente dans six des trente-quatre provinces que compte le pays, Člověk v tísni, qui a opéré dans plus de cinquante pays du monde depuis sa fondation au début des années 1990, est engagé en Afghanistan et dans la province de Balkh depuis la chute du gouvernement taliban :

Člověk v tísni an Afghanistan,  photo: Člověk v tísni
« Cela a d’abord été un endroit où, après la chute des talibans, nous avons réinstallé les familles qui vivaient dans des camps de réfugiés. Après cette première aide humanitaire, nous avons travaillé à la rénovation et à la réouverture des écoles, des polycliniques et des établissements de santé de base. Depuis cinq à sept ans, notre mission principale est de participer au développement de l’agriculture et au renforcement du niveau de vie des familles, notamment en exploitant les sources naturelles. Plus généralement, l’objectif est d’améliorer les conditions de vie des habitants de la région. »

Outre l’ONG Člověk v tísni, la République tchèque est présente en Afghanistan également militairement depuis 2002, et ce dans le cadre de l’opération menée par l’alliance de la Force d’assistance et de sécurité de l’OTAN (ISAF). Actuellement, quelque 350 soldats tchèques opèrent dans un pays considéré, au même titre que le Mali, le Sinaï, le Proche-Orient et les Balkans, comme un des cinq pays et régions prioritaires dans le cadre du plan de participation de l’Armée tchèque aux missions à l’étranger pour 2015 et 2016.