En avant la MOOsique! (II)

Pavel Fajt
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Suite aujourd'hui de l'entretien Jean-Louis Orellana, directeur artistique et président de l'association MOO, qui, grâce à un festival et la vente de CD par internet fait la promotion d'artistes tchèques « à orientations obliques », comme il l'a expliqué à Anna Kubista :

Vous avez un catalogue de CD plutôt bien fourni. Est-ce que vous en vendez beaucoup ?

« Concrètement et objectivement, on aimerait en vendre plus. Mais comme on passe par le biais d'Internet, je trouve que ce sont des ventes quand même assez honorables. Sachant que les gens doivent quand même faire une démarche, qu'ils fassent des recherches sur google et qu'ils tombent sur nous... On a eu un certain succès sur certains titres comme Tara Fuki qui s'est très bien vendu et Iva Bittova bien sûr. Souvent les gens nous découvrent par le biais de cette artiste, au fur et à mesure, ils 'grignotent' notre catalogue, essayent de découvrir autre chose. Bien souvent, on a de belles suprises, comme récemment une personne qui nous a acheté d'un coup 15-16 CD. Dans les artistes qui marchent bien, il y a «Uz jsme doma» : il faut dire que c'est un groupe qui a beaucoup tourné en France dans les années 90, donc il y a un petit manque dans les magasins. Des gens ont trouvé notre site, et nous ont littéralement dévalisés, même des anciens titres. Vladimir Vaclavek marche bien aussi : c'est vrai qu'on l'a déjà fait venir plusieurs fois. Le fait de faire venir des artistes et de faire des concerts, ça a un effet boule de neige. Le départ était assez timide avec une dizaine de ventes par mois. Là on en arrive de 40 à 60, donc c'est plutôt honorable. »

Peut-on parler d'inspirations musicales qui seraient propres aux musiciens d'Europe centrale, ou alors il y a vraiment de tout ? Ou une inspiration particulière des groupes tchèques, ou bien est-ce très divers ?

« Je vais parler en ce qui concerne l'association : nous ce qui nous intéresse, chez les musiciens d'Europe centrale et en particulier de la RT, il faut que pour nous, ça sonne tchèque. »

Qu'est-ce que ça veut dire 'sonner tchèque' ?

« C'est quelque chose d'assez indescriptible. Il y a une scène musicale très importante qui est à Brno avec Iva Bittova, Pavel Fajt, Vladimir Vaclavek, qui ont une sonorité bien particulière. Il y a une sorte de mélancolie, de tristesse qu'on ressent et qui est complètement différente de la chanson réaliste française. Le rock tchèque, le folk tchèque ont un son très particulier. Peut-être que le jazz tchèque est moins original selon moi, quand on le compare au jazz polonais qui est une sorte de mélange de musique nouvelle, de jazz et de musique exérimentale. Ca marche bien en Pologne. Pour la Hongrie, c'est plutôt un métissage des genres, c'est peut-être plus world, jazz et rock. Si on rentre dans les groupes plus classiques, on va retrouver le même genre que chez nous. Mais c'est le genre d'artistes qui n'intéresse pas l'association. Nous ce qui nous intéresse, c'est qu'il s'agisse des Tchèques, des Hongrois ou des Polonais, ça chante dans leur langue. On aime pas trop quand les groupes chantent en anglais. Le tchèque est une belle langue, qui a un très beau rythme, et je trouve dommage de chanter en anglais comme le font d'innombrables groupes. »