En République tchèque aussi, la collecte des banques alimentaires « devient un événement »
Pour la troisième année consécutive, une collecte nationale de produits alimentaires s’est tenue en République tchèque samedi dernier. Désormais mieux ancré dans l’esprit des Tchèques, ce projet solidaire gagne peu à peu en importance, comme le confirment les chiffres de cette édition 2015. Directeur de la Fédération tchèque des banques alimentaires, Fabrice Martin-Plichta nous donne une idée plus concrète de l’évolution plutôt positive de la situation :
Comment expliquez-vous cette évolution des chiffres ? Cela signifie-t-il que les Tchèques sont plus sensibles à cette collecte ?
« La collecte nationale devient un véritable événement. Désormais, les gens ont pris conscience qu’elle se répétait tous les ans à la même période. Beaucoup l’attendent et certains demandaient déjà vers la fin octobre - début novembre si elle allait bien avoir lieu, donc avant que ne démarrent les campagnes publicitaires. L’opération a pris pied, ce qui est un bon signe. La population tchèque répond présent à cet appel à la solidarité. »
Dans quelle mesure cette collecte, depuis son lancement il y a trois ans de cela, a-t-elle fait évoluer l’action de la Fédération tchèque des banques alimentaires ?
« Les collectes nous ont d’abord permis de populariser le concept des banques alimentaires et surtout nous ont aidés à en créer de nouvelles dans chaque région du pays. Il ne nous en reste plus qu’une à fonder en Bohême du Sud. D’ailleurs, ce mercredi, nous aurons une réunion préparatoire à cette fin à České Budějovice. C’est donc le premier impact très positif. Le deuxième est que cela a augmenté considérablement les denrées alimentaires dont nous disposons pour nos associations, pour les aider en particulier à passer l’hiver, période durant laquelle les demandes de produits alimentaires sont généralement plus élevées. Enfin, le troisième point positif est l’engagement et la participation très large des associations qui prennent leurs produits alimentaires tout au long de l’année. Elles participent à cette collecte grâce à leur personnel et à leurs bénévoles. Il y a aussi la mobilisation d’autres personnes intéressées à donner un coup de main pendant cette journée et même un peu au-delà pour effectuer le tri, le pesage, etc., et la préparation des différents colis dans les entrepôts des banques dans les jours qui suivent. »Comment se présente cet hiver 2015-2016 par rapport aux précédents ?
« Pour les banques, les stocks de produits alimentaires sont plus importants que les autres années, ce qui est une bonne nouvelle déjà pour entrer dans l’hiver. D’autre part, on assiste à une croissance des dons des entreprises, et surtout nous coopérons de plus en plus avec un réseau d’hypermarchés qui va encore s’étendre dans les prochains mois. Nous arrivons donc de mieux en mieux à faire face aux besoins urgents. Et puis il ne faut pas oublier l’aide des jeunes qui ont lancé le glanage et le grappillage qui nous ont apporté près d’une dizaine de tonnes de légumes et fruits frais cet automne. »Quelle est la position des hypermarchés désormais par rapport à votre action ? Sont-ils aujourd’hui plus enclins à participer ?
« Tout à fait. La plupart des grands réseaux se sont engagés cette année et on voit aussi que leur attitude dans leur travail quotidien tout au long de l’année pour donner aux banques alimentaires les surplus ou les produits invendables avant leur date de péremption a évolué favorablement. Ces collectes nationales ont aussi contribué à faire prendre conscience de l’importance de la lutte contre le gaspillage. C’est un aspect sur lequel nous insistons beaucoup dans nos campagnes. Les réseaux d’hypermarchés veulent désormais réduire leurs déchets et faire un geste social. Cela se produit aussi sous la pression de la société qui estime qu’il est, sinon criminel, surtout honteux, de jeter des produits alimentaires qui peuvent encore nourrir des gens ou parfois au moins des animaux. »