En République tchèque, un service militaire qui devient volontaire

Photo: Site officiel de l'Armée tchèque

« Engagez-vous, rengagez-vous, ils disaient… » Depuis la transformation en 2004 de l’Armée en une organisation entièrement professionnelle, la conscription en République tchèque a été abolie. Cela fait donc désormais un peu plus de dix ans que les jeunes hommes tchèques ne sont plus appelés sous les drapeaux et n’effectuent plus de service militaire obligatoire. A compter de l’année prochaine cependant, ceux qui le souhaitent pourront de nouveau servir les forces armées dans le cadre cette fois d’un service volontaire. C’est ce que prévoit l’amendement à la loi adopté par la Chambre des députés mercredi. Son entrée en vigueur est prévue pour juillet prochain.

Photo: Site officiel de l'Armée tchèque
Instauré en France également il y a quelques mois de cela, dix-neuf ans après l’abrogation du service national obligatoire par Jacques Chirac, le service militaire dit volontaire (SMV) a été conçu par les autorités françaises comme un dispositif d'insertion professionnelle pour les jeunes en grande difficulté, notamment les déscolarisés âgés de 18 à 25 ans, en rupture avec leur milieu social et familial et qui peinent à s'insérer sur le marché de l'emploi. En République tchèque, les motifs de l’instauration de ce SMV ne sont pas tout à fait les mêmes. Alors qu’elle prévoit d’augmenter le nombre de ses soldats professionnels de 22 000 actuellement à 27 000 à moyen terme et celui de ses réservistes opérationnels de 1 250 à 5 000 d’ici à 2025, l’Armée entend ne plus se passer des bonnes volontés prêtes à servir, comme l’explique le porte-parole de l’Etat-major, Jan Šulc :

« Le sens de cet amendement est effectivement de ne pas fermer inutilement la porte d’accès à l’armée aux candidats qui présentent un léger handicap ou souffrent de certaines maladies qui ne les empêchent cependant pas de remplir des fonctions concrètes dans certains corps et services de l’armée. »

Initialement, le gouvernement avait envisagé de réintroduire une conscription générale de tous les jeunes gens âgés de plus de 18 ans, mais les députés avaient rejeté le projet. La version adoptée mercredi par la Chambre basse du Parlement, qui doit encore être examinée par la Chambre haute, ne concerne donc que les volontaires qui pourront manifester leur intérêt pour une formation dans un premier temps d’une durée de trois mois.

Jana Černochová | Photo: David Sedlecký,  Wikimedia Commons,  CC BY 3.0
Le texte continuera de n’autoriser aucun handicap ou déficit physique de quelle nature que ce soit notamment pour pouvoir servir dans les unités d’élite de combat. En revanche, les règles s’assoupliront pour tous ceux qui seront intéressés par d’autres fonctions dans l’armée. C’est ce que précise la députée Jana Černochová, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées :

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’affaiblir ou de réduire les aptitudes de nos troupes spécialisées dans le combat et de nos unités spéciales. D’un autre côté, il y a beaucoup d’autres emplois possibles dans l’armée et au sein des réserves opérationnelles. Il serait dommage de se priver de ces gens qui sont prêts à s’engager dans la défense du pays simplement parce qu’ils présentent un léger handicap. Je pense là par exemple aux différentes allergies, aux pieds plats ou encore au port de lunettes. Désormais, cela ne devrait donc plus constituer un obstacle à un engagement dans l’armée professionnelle ou dans les unités de réserve. »

Photo: Site officiel de l'Armée tchèque
Selon les statistiques, environ 40% des hommes et des femmes tchèques qui souhaitent faire une carrière militaire sont déclarés inaptes et ne remplissent pas les conditions d’aptitude requises après avoir été soumis à une visite médicale. Un chiffre qui, pour cette année, représente quelque 2 300 personnes. La moitié d’entre elles ont échoué aux tests psychologiques. Concernant ces derniers, aucune modification des usages en vigueur jusqu’à présent n’est prévue, l’amendement en question ne concernant que les handicaps physiques considérés comme légers. L’Armée estime ainsi que le taux de réussite des candidats pourrait augmenter de 10%, ce qui lui permettrait alors de recruter plus de spécialistes dans des domaines bien concrets, comme la médecine ou la science, et nécessitant certaines qualifications spécifiques.

Récemment, l’Armée tchèque a fait savoir qu’elle allait former de nouvelles unités de réserves opérationnelles. Tandis que certains corps seront élargis, d’autres seront créés comme par exemple au Centre de protection biologique, un hôpital militaire spécialisé dans les maladies infectieuses dangereuses. Selon ces plans, le nombre de réservistes militaires doit ainsi permettre de compléter les troupes professionnelles en cas de besoin.