Vingt ans sans service militaire obligatoire : l’armée professionnelle tchèque suffit-elle aux besoins actuels ?
Le 4 novembre 2004, le Sénat tchèque ratifiait l’abolition du service militaire obligatoire. Pour le plus grand soulagement de milliers de jeunes hommes du pays, qui n’avaient désormais plus à faire leurs classes.
Peur de se faire harceler, de gâcher deux années de vie… pour de nombreux jeunes Tchèques, le service militaire était autrefois synonyme de cauchemar. Le livret bleu, qui permettait de s’en faire dispenser pour raisons de santé physique ou mentale, était un document précieux. Néanmoins, tout a changé en 2004 : le 4 novembre, le Sénat approuve la loi mettant fin à la conscription ; le 18 novembre, elle est signée par le président de la République tchèque Václav Klaus. Et les jeunes hommes désormais libérés de cette obligation sont nombreux à s’en réjouir.
En Tchécoslovaquie, le service militaire obligatoire est mis en place en 1920. A l’époque, il dure 14 mois. Néanmoins, à partir de 1933, avec l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler et l’aggravation de la situation géopolitique en Europe, il est prolongé, jusqu’à deux ans – et ce jusqu’en 1990. Pendant toute cette période, les jeunes hommes partent à l’armée soit à 18 ans, soit après la fin de leurs études supérieures.
A partir de 1990, la durée du service militaire obligatoire diminue progressivement, et il devient même possible de faire un service civil. A partir de 1993, les conscrits ne passent plus qu’un an sous les drapeaux.
Le service militaire obligatoire prend définitivement fin le 1er janvier 2005, et l’Armée de la République tchèque devient alors professionnelle.
Vers un retour du service militaire obligatoire ?
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la détérioration générale de la situation sécuritaire en Europe a ouvert le débat sur la réinstauration en République tchèque du service militaire obligatoire. D’autres pays l’ont déjà fait : la Suède en 2018, la Lituanie dès 2015, mais aussi la Géorgie et la Lettonie.
D’autres pays en parlent également : la Pologne (qui a d’ailleurs mis en place, en mars 2022, un nouveau système de « service militaire général volontaire et rémunéré »), l’Allemagne, la Croatie, la Roumanie ainsi que la Bulgarie. En France, contrairement à ce qui avait été annoncé plus tôt dans l’année, il a été décidé en octobre 2024 – en raison de « la situation financière actuelle » – que le Service national universel – mis en place en 2019 pour les citoyens français âgés de 15 à 17 ans, sur la base du volontariat – ne serait finalement pas généralisé à tous les élèves de seconde.
Aux Pays-Bas, le service militaire se fait uniquement sur la base du volontariat, mais le service militaire obligatoire est également envisagé.
Où en sont les forces armées tchèques actuellement ?
L’armée tchèque se compose de plusieurs unités professionnelles qui sont déjà intervenues sur des missions complexes à l’étranger, obtenant ainsi la reconnaissance de leurs collègues de l’OTAN. Néanmoins, en dépit d’une importante campagne de recrutement, ses rangs sont loin d’atteindre l’objectif visé de 30 000 militaires professionnels et de 10 000 réservistes volontaires : en septembre cette année, elle comptait à peine 28 000 militaires professionnels et 4271 réservistes.