« Il faut réfléchir à une nouvelle forme de service militaire », selon le chef de l’armée tchèque
En 2004, le parlement tchèque votait la fin de la conscription obligatoire. Vingt ans après, la question d’une forme nouvelle de service militaire est ouverte par le chef de l’état-major, le général Karel Řehka.
Au micro de nos confrères d’iROZHLAS.cz, le chef de l’armée tchèque a constaté que le nombre de réservistes n’était pas suffisant actuellement :
Karel Řehka : « En réalité, l'un des problèmes de nos forces armées est que nous ne sommes pas en mesure de générer suffisamment de réserves rapidement déployables. Et nous essayons d'augmenter le nombre de réservistes actifs. Je pense que nous avons un peu de marge, parce que je pense qu'il y a suffisamment de citoyens prêts à faire quelque chose pour le pays, mais peut-être qu'ils ne comprennent pas assez ou que ce n'est pas assez attractif pour qu'ils s'impliquent. »
« En supprimant le service militaire de base, nous avons perdu environ 40 000 réservistes par an »
Le service militaire a été supprimé il y a deux décennies ; les derniers conscrits ont quitté l’armée le 22 décembre 2004 et l’armée tchèque est devenue intégralement professionnelle le 1er janvier 2005.
Karel Řehka : « En supprimant le service militaire de base, nous avons perdu environ 40 000 réservistes par an, dont l'utilité était déjà très discutable. Mais nous avons besoin d'un outil pour générer des réserves. Nous prenons diverses mesures afin, par exemple, d'avoir une vue d'ensemble de la population, car nous avons non seulement aboli le service militaire de base, mais aussi le service de conscription, qui était utilisé pour avoir une vue d'ensemble du type de citoyens que nous avons ici, de ceux qui sont capables d'effectuer un service militaire et du type de postes qui leur conviendraient. »
« Nous prenons donc des mesures concrètes à cet égard et nous construisons, par exemple, un système d'information pour la gestion de la défense et nous essayons de faire en sorte que des changements législatifs soient apportés pour que nous soyons liés au registre de la population. »
Selon le chef de l’état-major, deux ans après l’invasion russe en Ukraine, il est temps d’ouvrir le débat.
Karel Řehka : « Personnellement, je pense que la République tchèque devra commencer à réfléchir à une nouvelle forme de service militaire à l'avenir, qu'il soit obligatoire ou volontaire, mais elle devra simplement chercher des mécanismes pour pouvoir générer des réserves. C'est l'une des choses auxquelles nous réfléchissons intensivement. »
« J'ai organisé une sorte de séminaire d'experts ici à l'état-major général avec le haut commandement et des représentants de tous les services concernés il y a environ deux semaines sur le système de réserve, le système d'appel, la mobilisation, tout ce que nous pourrions ou ne pourrions pas faire, comment nous le ferions, en cas de crise majeure. »
Etudier les modèles en place à l'étranger
Sous le communisme, le service militaire obligatoire durait deux ans. Il a été ensuite été réduit après la révolution de Velours à un an et demi puis un an, avec l’option d’un service civil.
Karel Řehka : « Mais nous n'envisageons pas un service comme nous l’avons connu pendant le communisme. Je ne vois pas les choses de cette manière. Les modèles sont différents aujourd'hui. Certains États procèdent à l'inverse et sélectionnent l'élite de la société. Et le service militaire devient une sorte de prestige. Il y a des États qui procèdent à des remplissages sélectifs, par exemple, et à des loteries, pour déterminer le nombre de personnes nécessaires pour occuper certains postes. Certains pays ont créé un modèle de service militaire volontaire, qui est intéressant dans la mesure où ces personnes peuvent l'effectuer dans la région où elles vivent, et ce de telle sorte qu'elles sont rémunérées de la même manière que les professionnels, mais qu'elles bénéficient d'autres avantages, par exemple un logement, de la nourriture gratuite, des avantages fiscaux, etc. »
« Le service est volontaire donc s'ils veulent y aller, ils peuvent y aller, et ils peuvent décider s'ils veulent rester plus longtemps dans l'armée, ou s'ils veulent partir après. »
« Mais d'autres modèles peuvent être mis en place, ces personnes peuvent alors être prises en compte, bénéficier d'un avantage, par exemple, pour, je ne sais pas, postuler à certains emplois de la fonction publique, parce qu'elles ont été contrôlées d'une manière ou d'une autre et que l'État a investi quelque chose en elles. Et cela peut être intéressant pour certains jeunes, peut-être après l'école, parce qu'ils peuvent acquérir de l'expérience, économiser de l'argent pour commencer, etc. Je ne dis pas que nous allons faire quelque chose de particulier maintenant, mais c'est certainement quelque chose auquel nous réfléchirons dans un avenir proche. »
« En tant qu'armée, nous étudions ces modèles, comment ils fonctionnent dans le monde, et si nous arrivons à quelque chose de significatif, nous ferons des suggestions sur ce qu'il faut prendre en compte. »
Pour l’instant, le gouvernement tchèque ne s’est pas prononcé sur le potentiel retour du service militaire.
Karel Řehka : « Bien entendu, il s'agit d'une décision politique qui nécessite un consensus social. Je ne parle donc pas d’un service militaire classique comme on a pu le connaître mais il peut y avoir d'autres modèles. Quoi qu'il en soit, nous devons trouver une solution qui nous permette de générer suffisamment de réserves que nous pourrons utiliser relativement rapidement. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, et c'est un problème, car si nous voulons nous préparer à un éventuel conflit majeur nous ne pouvons tout simplement pas le faire sans disposer de réserves suffisantes. C'est une vérité prouvée par l'histoire. »