En Slovaquie, la Cour constitutionnelle a annulé le jugement qui lavait Andrej Babiš des accusations de collaboration avec la StB

Andrej Babiš, photo: ČTK

Les temps sont décidément durs pour Andrej Babiš, qui accumule les tuiles à l’approche des élections législatives. Déjà inculpé mardi dans l’affaire dite du « Nid de cigognes », le leader du mouvement ANO, une des deux principales formations de l’actuelle coalition gouvernementale, a vu la Cour constitutionnelle slovaque, son pays d’origine, annuler, ce jeudi, le verdict rendu précédemment par la justice qui le blanchissait de toute collaboration avec l’ancienne police secrète communiste, la StB.

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Andrej Babiš s’en défend becs et ongles : non, il n’a jamais collaboré consciemment ou inconsciemment avec la StB. Et si nom et son nom de code figurent dans les archives du service de renseignements du régime communiste tchécoslovaque, archives dont dispose l’Institut slovaque de la mémoire de la nation (ÚPN), c’est alors sans justification aucune. C’est justement l’Institut qui, sur la base de ces documents, a accusé de collaboration avec la StB l’homme d’affaires devenu un des personnages politiques les plus influents en République tchèque de ces dernières années. Une accusation qu’a rejetée Andrej Babiš, membre du parti communiste et employé d’une importante société d’exportation dans les années 1980, en portant plainte auprès de la justice à Bratislava.

La version défendue par celui que les sondages présentent comme le grand favori des élections législatives qui se tiendront en fin de semaine prochaine en République tchèque, était également celle de la justice slovaque. En février dernier, la Cour suprême avait ainsi validé le verdict rendu en première instance qui, déjà, innocentait Andrej Babiš.

Un jugement et une décision à force de chose jugée avec lesquels n’était cependant pas d’accord l’ÚPN, qui a donc interjeté appel auprès de la Cour constitutionnelle, dernière voie de recours possible. Et celle-ci a donc rendu, ce jeudi, son verdict.

L’annonce de ce verdict était très attendue plus particulièrement en République tchèque où le personnage d’Andej Babiš, et plus encore son influence tant dans le monde politique que dans celui des affaires et des médias, irrite chaque jour davantage ses adversaires et divise l’opinion publique.

Si la Cour constitutionnelle a renvoyé l’affaire à son point de départ, c’est parce qu’elle a estimé que les décisions prises jusque-là par les différents tribunaux reposaient essentiellement sur des témoignages d’anciens agents de la StB toujours tenus par leur devoir de confidentialité. Un « secret professionnel » dont le respect devant les juges a empêché ces agents de s’exprimer librement, rendant ainsi leurs témoignages peu crédibles. L’affaire va donc désormais faire l’objet d’une nouvelle instruction par la Cour d’appel de la région de Bratislava, à laquelle il appartiendra de confirmer ou d’annuler le jugement initial.

En attendant, le verdict rendu ce jeudi par la Cour constitutionnelle constitue une grande première dans l’appréciation de l’histoire récente du pays et du rôle des anciens agents et collaborateurs des services de renseignements sous le régime communiste.