Energie éolienne : en République tchèque, très en retard, le vent n’a pas encore tourné

Ce mardi 15 juin est célébrée la Journée mondiale de l’énergie éolienne, un secteur dans lequel la République tchèque possède un important retard par rapport à la moyenne européenne.

Le contraste est toujours frappant lorsque l’on franchit la frontière qui sépare la République tchèque de l’Autriche. Une loi a beau être entrée en vigueur en 2005 pour favoriser la création de nouvelles centrales éoliennes, celles-ci restent peu nombreuses en République tchèque. Selon la Société tchèque de l’énergie éolienne (ČSVE) et la Chambre des sources d‘énergie renouvelables (KOZE), le retard qu’accumule la République tchèque dans le développement de ce type de production d’électricité est même chaque année un peu plus important. Ainsi, selon la KOZE, aucune centrale éolienne n’a été construite en 2020...

Au cours des seize années qui ont suivi l’adoption de la loi en question, seuls 340 mégawatts (MW) de turbines éoliennes ont été mis en service dans le pays. A titre de comparaison, un des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Dukovany (Moravie) possède une capacité installée de production de 510 MW.

Autre chiffre qui témoigne de l’absence de volonté d’intensifier leur déploiement : environ 1 % seulement de l’électricité consommée en République tchèque provient de l'énergie éolienne, et ce, alors que la moyenne européenne se situe à 16 % (ou de 13 % si l’on déduit les sources offshore, à savoir les éoliennes implantées en mer). L’Autriche voisine, par exemple, couvre environ 12 % de sa consommation d'électricité par l'énergie éolienne.

« Cette différence ne provient pas du fait qu’il n’existe pas de potentiel pour l’éolien en République tchèque », esxplique Štěpán Chalupa, président de la KOZE . « Notre énergie éolienne est aussi bonne que celle de nos voisins autrichiens ou du sud de l'Allemagne. Le problème réside dans l’attitude de l’État, qui considère toujours l'énergie éolienne - et plus généralement les énergies renouvelables - comme une sorte de complément aux énergies conventionnelles. Or, c’est une philosophie inverse qui prévaut désormais dans de nombreux endroits ailleurs dans le monde : les sources renouvelables sont devenues la priorité, elles doivent permettre de remplacer le charbon et le nucléaire. Chaque année, il se construit bien plus d’éoliennes que de centrales à charbon ou nucléaires. »

Selon les organisations citées, une centrale éolienne moderne produit aujourd’hui suffisamment d’électricité pour couvrir la consommation de 4 000 foyers. « Pour produire la même quantité il y a seize ans, il fallait dix fois plus de turbines qu’aujourd'hui », avance pour sa part Michal Janeček, président de la ČSVE, qui regroupe les exploitants de centrales éoliennes et les fabricants et fournisseurs de leurs composants en République tchèque. « Cela illustre parfaitement le développement dynamique du secteur au cours des dix à vingt dernières années, ainsi que sa stabilisation sur le plan technologique. Au fur et à mesure que la technologie se développe, le prix continue de baisser, de sorte que l’électricité d’origine éolienne, avec celle d'origine solaire, est désormais la moins chère de toutes les sources. »