Enquête PISA : le niveau des élèves tchèques se détériore

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Le niveau des élèves tchèques âgés de 15 ans s’est détérioré en mathématiques, en sciences naturelles ainsi qu’en lecture. C’est la conclusion, pas très rassurante, de l’édition 2015 du rapport PISA, une enquête réalisée tous les trois ans par l’OCDE. Surtout, le système scolaire est très inégalitaire ; il accentue les différences entre les élèves issus de milieux sociaux favorisés et ceux venant des univers sociaux les plus difficiles.

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Dans la moyenne. Le niveau des élèves tchèques en « sciences, mathématiques et compréhension de l'écrit », les trois matières sur lesquelles l’OCDE met l’accent, est dans la moyenne de leurs camarades des 71 autres pays auxquels s’intéresse la nouvelle monture du rapport PISA. Ils sont très loin des adolescents japonais, estoniens ou finlandais, qui dominent la partie, mais font un peu mieux que les Slovaques et un peu moins bien que les Polonais.

Le classement plutôt médiocre de la République tchèque n’a cependant pas tant d’intérêt que l’évolution constatée depuis deux décennies : une évolution vers le moins bien. C’est l’avis de l’inspecteur pédagogique Tomáš Zatloukal, lequel était chargé début décembre de présenter la nouvelle enquête PISA :

Tomáš Zatloukal,  photo : Archives du Ministère de l'Éducation
« Je pense que, plutôt que de suivre les classements et les positionnements des élèves tchèques, il est plus important de s’intéresser à l’évolution des niveaux des compétences évaluées. Parce que la République tchèque prend part à cette enquête depuis l’an 2000, et nous avons donc une base de données suffisamment significative pour mieux interpréter ses résultats. Et cela montre justement que pour tous les champs de compétences, le niveau des élèves tchèques est à la baisse, ce qui n’est pas vraiment une nouvelle optimiste. »

Les avis divergent sur les raisons qui expliquent la baisse de niveau enregistrée en Tchéquie, une baisse quasi continue depuis le premier rapport PISA intégrant les résultats des élèves tchèques. Tomáš Zatloukal pense pour sa part que les écoliers tchèques ont une bonne connaissance théorique, notamment dans les matières scientifiques, mais qu’ils parviennent trop peu à mobiliser ce savoir en situation réelle.

Stanislav Štech,  photo : ČT24
Stanislav Štech, ministre adjoint de l’Education, se veut prudent sur les conclusions d’une enquête qui fait par ailleurs l’objet de certaines critiques sur les conditions de sa réalisation et sur sa pertinence même. A partir du travail de l’OCDE, il identifie toutefois au moins quatre pistes qu’il conviendrait de suivre : augmenter le budget de l’Education et le salaire des professeurs, améliorer leur formation, faire un effort sur les méthodes employées en sollicitant les fonds européens ainsi que mieux aménager les emplois du temps pour réduire le nombre d’élèves par classe. Stanislav Štech se justifie :

Photo : Filip Jandourek,  ČRo
« J’ai pris pour exemple ces quatre points discutés en conclusion par l’OCDE parce que le rapport montre que dans les pays où l’accent est mis sur ces aspects, les résultats sont meilleurs. Il est souvent très difficile d’interpréter les baisses de niveau ; il s’agit d’ailleurs plutôt d’une stagnation, comme on le voit notamment pour la lecture. Ce sont des baisses peu importantes. »

Il est un domaine pourtant où la République tchèque est bien en-deçà de la moyenne des pays étudiés : plus qu’ailleurs, le système éducatif contribue à accentuer les inégalités sociales entre élèves plutôt qu’à les atténuer. Cela serait lié en partie à son caractère sélectif d’après Tomáš Zatloukal :

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« La République tchèque a un système scolaire où la sélectivité est relativement importante. Cela veut dire que les résultats scolaires des élèves dépendent largement des environnements d’où ils proviennent. Cela se manifeste ainsi : nous avons des écoles dont les orientations, différentes, sont clairement définies et les classes y sont très homogènes. Avec pour conséquences que les différences de résultats sont plus importantes entre écoles et moins importantes entre les élèves d’une même classe. »

Les pires résultats sont sans surprise obtenus dans les écoles dites « spéciales ». Ces établissements, régulièrement critiqués par les organisations internationales, sont normalement destinés aux enfants souffrant d’un handicap mais accueillent bien souvent des élèves roms qui n’ont aucun problème de ce type. Face à ces problèmes, le ministre adjoint Stanislav Štech porte ses espoirs sur la loi sur l’inclusion scolaire, entrée en vigueur en septembre dernier, qui vise à fournir davantage de moyens pour l’enseignement aux élèves les plus défavorisés.