Examens blancs de la « maturita », cette semaine, dans 1 200 lycées tchèques

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C’est une petite révolution dans le système éducatif tchèque : préparé depuis quatorze ans, le nouveau système d’examen de la « maturita », le baccalauréat tchèque, sera enfin mis en application en mai 2011. Cette semaine sont donc examinés les élèves de terminale de plus de 1 200 écoles secondaires, soit 96% de l’ensemble des collèges et lycées tchèques. Tant pour les élèves que pour les organisateurs, ces examens blancs doivent servir de répétition générale avant l’organisation du prochain « bac national », qui sera le premier du genre.

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Jusqu’à présent, les examens du baccalauréat étaient établis par chaque établissement, et leur niveau était donc différent. La réforme vise à rendre les résultats de la « maturita » plus objectifs, en introduisant les mêmes tests pour tous. En outre, tandis que, l’année dernière année encore, les notes obtenues lors des examens n’avaient pratiquement aucune valeur pour la poursuite des études supérieures du bachelier, elles devraient désormais faciliter ou compliquer son admission à l’université.

Selon le nouveau système, la langue et la littérature tchèque feront partie des épreuves obligatoires pour tous les lycéens, quelle que soit leur filière. Ils pourront ensuite choisir entre deux épreuves facultatives : mathématiques et langue étrangère. Pour chaque matière, deux niveaux de difficulté leur seront proposés.

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Envisagé depuis la fin des années 1990, le projet du baccalauréat national est sous le feu permanent des critiques : d’abord à cause de son prix qui s’élève à ce jour à plusieurs dizaines de millions de couronnes. Les enseignants reprochent au ministère de l’Education une mauvaise organisation de la mise en place du projet. Des doutes planent aussi sur le système d’évaluation des tests. Kateřina Fexová est professeur de mathématiques et d’informatique dans un lycée spécialisé à Ostrov nad Ohří, une petite ville près de Karlovy Vary, en Bohême de l’Ouest.

« Personnellement, je trouve problématique que l’épreuve de mathématiques ne soit pas orale mais uniquement écrite. Je pense que l’expression orale et la maîtrise de la théorie font également partie du baccalauréat. Avant, l’élève répondait, oralement et de façon approfondie, à deux questions précises. Maintenant, il remplit un test écrit, assez long, qui l’oblige à sauter d’un thème à l’autre, car les questions y sont nombreuses mais superficielles. En plus, comme le diplôme du baccalauréat ne remplace pas pour l’instant les examens d’entrée à l’université et dans les écoles supérieures, la plupart des élèves ne voudront pas prendre de risques et choisiront le niveau inférieur de difficulté qui représente, en réalité, le niveau du collège. Nous sommes dans une situation où la priorité n’est pas d’apprendre aux élèves ce dont ils ont besoin, mais de les préparer uniquement à ce type d’examens. Et c’est dommage. »

Tandis que plus de 200 élèves, réunis sur le réseau social Facebook, ont protesté contre le baccalauréat national dans le centre de Prague la semaine passée, les réactions de leurs collègues citées, ce lundi, par les grands quotidiens tchèques, sont plutôt positives :

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« Toutes les écoles devraient avoir le même niveau de baccalauréat. Je veux réussir mon bac pour moi-même et je m’en fous si c’est un bac national ou quelconque… Ce qui me gêne, c’est que le diplôme du baccalauréat national n’assure pas l’accès à l’université. C’est pourquoi je ne vois pas vraiment la différence entre les nouveaux tests et les anciens », constatent-ils.

Par ailleurs, il n’est toujours pas sûr et certain que le nouveau baccalauréat national sera définitivement lancé en mai prochain : « Si des difficultés graves et fondamentales émergent, le projet sera ajourné », a annoncé le ministre de l’Education, Josef Dobeš. Les résultats des examens blancs seront connus d’ici au 3 novembre prochain.