Face à la menace russe, l’armée tchèque participera au renforcement dela présence de l’OTAN dans les pays baltes

Gripen, photo: Milan Nykodym, CC BY-SA 2.0

L’armée tchèque participera très probablement au renforcement de la présence de l’OTAN sur le front est en Europe, concrètement dans les pays baltes. A compter de l’année prochaine, des avions de chasse devraient donc opérés dans le ciel de la Lituanie, tandis qu’une brigade mécanisée serait ensuite envoyée en Lettonie. Le but est notamment de répondre aux grandes manœuvres de la Russie dans la région.

Jakub Landovský,  photo: Site officiel de l'Armée tchèque
L’Alliance atlantique renforce la défense des frontières orientales de l’Europe depuis l’été dernier, comme il en a été convenu au sommet de Varsovie, premier sommet du genre à s’être tenu dans la capitale d’un pays de l’ancien bloc soviétique. Cette réunion des vingt-huit Etats membres de l’OTAN, parmi lesquels donc la République tchèque, avait été aimantée par la Russie comme l’avait été, dans un climat alors de grande tension, le sommet précédent de 2014 après l’annexion de la Crimée. Le choix de Varsovie pouvait être considéré comme un symbole pour une organisation revenue à son rôle historique fondamental, à savoir la défense collective face à la menace russe. Une menace concrète selon le vice-ministre de la Défense tchèque, Jakub Landovský :

« La Russie représente une menace réelle non seulement pour les pays baltes, mais aussi par exemple pour la République tchèque. Cela figure même d’ailleurs dans les documents fondamentaux de notre pays. La Russie prévoit de grandes manœuvres dans le cadre d’exercices conjoints avec la Biélorussie appelés Ouest 2017. La Russie est capable de regrouper de 70 à 80 000 soldats dans cette zone géographique, et c’est bien entendu un défi à relever pour l’Alliance. C’est pourquoi nous pensons que la meilleure réponse que nous puissions apporter sur ce front est est de mettre les moyens nécessaires en œuvre de façon à empêcher tout éventuel conflit ou escalade de la tension dans la région. Il ne s’agit pas nécessairement de placer le même nombre de soldats, mais disons de montrer que nous sommes bien là nous aussi et ainsi d’avoir une réaction adaptée à l’évolution de la situation. »

Au total, l’OTAN, prévoit la présence de 3 à 4 000 soldats dans une région, où la République tchèque, stressée comme ses alliés de l’est de l’Europe par les démonstrations de puissance russe aux frontières, est déjà active depuis quelque temps. Ainsi, très récemment encore, le ministre de la Défense, Martin Stropnický, et le chef de l’Etat-major, Josef Bečvář, ont effectué une visite en Lituanie, où 112 soldats tchèques participaient depuis le début de l’année à une mission d’entraînement de trois mois. Ces manœuvres faisaient alors partie d’un projet commun aux armées des quatre pays du groupe de Visegrád (République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie) et des pays baltes, ceux-ci redoutant précisément l’expansionnisme de la Russie. Dans une zone située à proximité de la frontière avec la Biélorussie, les soldats tchèques et lituaniens s’entraînaient ensemble dans le cadre d’une mission appelée « Training Bridge 2017 » qui s’est achevée le 20 mars dernier. Avant cela, l’armée tchèque avait déjà participé à deux reprises, en 2009 et 2012, à la protection de l’espace aérien des pays baltes, une aide qui devrait se reproduire en 2018, selon Jakub Landovský :

Gripen,  photo: Milan Nykodym,  CC BY-SA 2.0
« Nous prévoyons d’envoyer nos Gripen dans le cadre de la Baltic Air Policing, c’est-à-dire la mission de police de l'air dans l'espace aérien des trois pays baltes. Ce sera une flotte composée de trois avions. Cela peut prêter à sourire, j’en conviens, mais c’est là une aide militaire standard, car elle s’inscrit dans le cadre d’une mission menée communément par les Etats membres de l’OTAN. Mais nous avons aussi un projet plus ambitieux qui consiste à l’envoi de nos forces de l’armée de terre, toujours dans le cadre de la protection de l’espace aérien des pays baltes. C’est un point qui doit encore recevoir l’aval du Parlement, mais il s’agirait là d’une action de coopération avec l’Allemagne en Lituanie, concrètement de l’envoi d’une brigade, soit environ 150 soldats. »

Face aux dizaines de milliers de soldats russes, cela peut certes effectivement sembler peu, mais comme on l’explique à Prague, il s’agit d’un effort commun.