Festival des écrivains de Prague : raconter des histoires
Du 7 au 11 juin se déroule la 19e édition du Festival des écrivains de Prague. Cette année, il accueille des invités prestigieux dont le poète syrien Adonis et le prix Nobel de littérature Gao Xingjian. Le festival est intitulé cette année « 2001 nuits, l’art de raconter des histoires ». Guillaume Basset, un des organisateurs, en décrypte le sens.
« L’art de raconter des histoires, c’est finalement le titre que j’ai choisi en français car c’est à l’origine en anglais : ‘storytelling’. Cela veut dire conter, raconter quelque chose, mais il y a aussi une notion de mensonge patente dans le storytelling. Ou l’idée d’utiliser quelque chose qui n’est pas forcément vrai pour raconter quelque chose de vrai. C’est raconter des histoires pour dire quelque chose qu’on ne peut pas dire en disant la vérité. Aristote dans la Poétique, disait qu’il valait mieux une histoire fausse, vraisemblable, qu’une histoire vraie, invraisemblable. Ou pour citer une phrase de Camus, que j’aime beaucoup : la vérité éblouit, tandis que le mensonge est un beau crépuscule qui met tous les objets en valeur. C’est cette part ambiguë, dangereuse du mensonge qui est dans le ‘storytelling’, que je vais traduire en français par ‘raconter des histoires’ qui a effectivement ces deux sens-là, le mensonge et la narration pure. »
En quoi cela va-t-il s’articuler à l’édition 2009, cet art du mensonge et du non-mensonge ?
« L’art du mensonge va s’articuler autour de la conversation du mardi qui s’intitule ‘La liberté de mentir’ à laquelle participeront Jaroslav Rudis côté tchèque, Ma Jian, écrivain chinois, Wolf Bierman, le chansonnier allemand, qui était à l’Est, est passé à l’Ouest, qui a eu une histoire un peu compliquée et Ian Banks le romancier écossais. L’autre versant, c’est-à-dire, raconter une histoire, ça s’articule autour de différentes formes artistiques et narratives vu que cette année nous n’aurons pas que des romanciers. Nous avons des poètes : Adonis, Yang Lian, Anne Waldman, mais aussi donc un chansonnier, Wolf Bierman, Jiří Suchý, mais aussi des dessinateurs de ‘comics’ : Robert Crumb, Gilbert Shelton et Aline Kominsky-Crumb. De même que Jaroslav Rudiš qui a également réalisé une bande-dessinée : Alois Nebel. »
Vous remettez également un prix cette année...
« Pendant la soirée d’inauguration du 7 juin, nous allons remettre le Prix Spiros Vergos pour la liberté d’expression. Spiros Vergos a été président du festival de Prague en 2005. Il est mort il y a deux ans. Ce prix a été remis l’an dernier à Natalia Gorbanevskaïa qui s’est battue contre l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1968. Cette année, il sera décerné à Adonis, poète français d’origine syrienne. Pour deux choses : son engagement politique et pour son travail de renouveau de la tradition de la poésie arabe. »
L’an dernier vous aviez confié à Radio Prague que vous alliez peut-être essayer d’avoir Milan Kundera à ce festival. Comme son nom ne figure pas parmi les invités, ça a été un échec...
« Ça a été un échec, je confirme. On ne désespère pas. Peut-être prochainement...