Festival Filmasia: Le débarquement à Taiwan
Le 2e festival du film asiatique a eu lieu, du 30 novembre au 3 décembre, à Prague. Il a proposé au public pragois 44 films de plusieurs pays et le caractère de son programme se résumait dans son sous-titre : Le débarquement à Taiwan. Les organisateurs de cette manifestation ont préparé un programme qui devait combler une grande lacune dans les connaissances des cinéphiles tchèques.
Le cinéma asiatique est presque inconnu en République tchèque et ne s'infiltre que rarement dans la distribution courante, dominée par la production américaine. Le programme du festival, centré sur la production taiwanaise et présenté aux cinémas Svetozor et Aero à Prague, a été donc une véritable révélation pour la majorité des spectateurs. Ils ont été d'abord surpris par l'abondance et la qualité artistique de cette production. Il y a quatre ans, on avait organisé à Taiwan une présentation du cinéma tchèque et le festival de Prague a été donc l'occasion d'une manifestation réciproque. Les Pragois ont appris que Taiwan avait été, dans les années 1970 et 1980, une véritable puissance cinématographique avec une production annuelle de 200 à 300 films, ce qui lui avait concédé la troisième position dans le monde. Bien que cet âge d'or soit révolu, et les cinéastes taiwanais se retrouvent aujourd'hui dans une situation difficile, il reste infiniment de raisons pour connaître leurs oeuvres souvent primées à des festivals internationaux.
Le seul réalisateur taiwanais vraiment connu en République tchèque aujourd'hui est Ang Lee, ce qui est dû au fait qu'il a signé plusieurs grandes productions hollywoodiennes. Les organisateurs du festival ont donc décidé de faire connaître à Prague surtout une autre personnalité importante en présentant une collection de films de Hou Hsiao-Hsien. Son dernier opus, Three Times (Trois fois), réalisé en coproduction franco-taiwanaise, a été présenté lors de la soirée d'inauguration. Premysl Martinek, un des organisateurs du festival, résume cette oeuvre insolite :
« Il s'agit du dernier film du réalisateur Hou Hsiao-Hsien situé dans trois époques différentes. La première partie se passe en 1966, dans un club de billard, dont les clients se recrutent parmi les soldats, la seconde partie se passe en 1911, dans une maison close, et raconte la liaison entre un poète et sa maîtresse. La troisième partie est tout à fait contemporaine. C'est un portrait d'une chanteuse mal dans sa peau qui fréquente les boîtes de nuit dans les quartiers très dynamiques, mais très frustrants de Taipei. »Outre la collection des films de Hou Hsiao-Hsien, il y a eu au programme des films de la nouvelle vague du cinéma taiwanais des dernières décennies du XXe siècle, une importante série de films d'horreur coréens, mais aussi des oeuvres des réalisateurs actuels qui créent des films plus commerciaux et plus accessibles au large public, découragé par le cinéma d'art et d'essais.