Festival Tina B. : faire de Prague une référence dans l’art contemporain
Pendant trois semaines, jusqu’au 25 octobre, Prague fait la part belle à l’art contemporain. Le festival Tina B. expose pour la troisième année consécutive des œuvres d’artistes tchèques et étrangers contemporains. Galeries et lieux insolites accueillent ces travaux, comme nous l’explique la commissaire du festival, la galeriste Monika Burian que Radio Prague est allée rencontrer.
« Tina B. a deux significations. L’une c’est un peu comme une dame mystérieuse qui invite à venir à Prague. Ce personnage imaginaire est né la première année du festival : on avait une section appelée ‘peep-show’. Cela faisait référence au fait que la RT sous le communisme était fermée à tout ce qui avait trait à l’érotisme et qu’après la révolution, tout s’est ouvert d’un coup, et tout le monde venait pour voir les filles tchèques ! Et chaque année l'image de Tina B. change. Deuxième signification : Tina B. veut dire ‘This Is Not Another Biennale’. D’abord parce qu’on fait ce festival chaque année, ensuite on essaye de le placer dans des endroits pas nécessairement prévus pour des expositions comme la Laterna Magika, qui est un théâtre, où on expose dans les couloirs. Ou comme dans l’Institut italien qui est habitué à faire des expositions, mais toutes petites. On a envahi l’Institut avec des vidéos, des installations etc. On a encore le projet Bilboard Art qu’on expose au Palais Adria dans la Galerie des critiques. On peut y voir ce projet qui a duré toute une année : les artistes ont fait des textes sur de grands panneaux publicitaires. On expose les 70 photos des panneaux dans la galerie et on va publier aussi un catalogue. »
C’est la troisième année que se déroule se festival. Rappelez-nous un peu comment il est né...On mélange, on propose aux commissaires de prendre aussi des artistes tchèques pour que les artistes d’autres pays puissent découvrir ce qui se fait ici. On s’imagine toujours que Prague est très intéressant comme endroit à visiter pour l’art ancien, c’est connu pour son architecture, mais ce n’est pas répertorié sur la carte du monde de l’art contemporain. On va à Venise, Vienne ou Milan mais pas nécessairement Prague. Notre intérêt est de faire connaître Prague et la scène de Prague et aussi de montrer à Prague ce qui se passe dans le monde de l’art contemporain. »
Cette année nous commémorons les 40 ans de l’écrasement du Printemps de Prague. Votre festival reflète cet anniversaire...
« Je suis très fière de cette section. On a pu convaincre Victor Misiano, un commissaire très connu, il est à moitié russe, et vit à Moscou, et avec lui, deux ou trois autres artistes russes de refaire, avec d’autres artistes tchèques, le fameux congrès extraordinaire de Vysocany qui s’est déroulé après l’invasion dans l’usine CKD. C’est là que se sont réunis les hommes politiques et le gouverment provisoire tchécoslovaque en 1968. Nous, on va refaire cette réunion avec les employés de l’usine CKD qui se souviennent encore. On va montrer des vidéos, des photos d’époque. Le 10 octobre, il y aura une performance dans les locaux de l’ancienne usine CKD, le public est le bienvenu. On va en faire une vidéo qui sera montrée dans des musées. »
Parmi les artistes présents à ce festival, deux jeunes artistes française, Ivan Argote et Pauline Bastard :P.B. : « J’utilise beaucoup de matériaux pauvres dans mon travail. A l’Institut italien, ce sont plutôt des déchets, comme des barquettes de kebab ou un sachet de bretzel, de l’alu, tout ça doré à l’or fin. Ca s’appelle ‘Values’, c’est une réflexion sur la valeur et l’exposition de ces objets-là. Et Ivan... »
I.A.: « Moi je présente plusieurs vidéos assez courtes chacunes. Ce sont des vidéos d’interventions que je fais dans le métro à Paris par exemple. Il y en a une qui s’appelle ‘I just want to give you money’. Je monte dans le métro parisien et je dis : ‘Bonjour mesdames et messieurs, je ne vais pas chanter, je ne vais pas faire un spectacle, je ne vais pas vous donner de l’argent mais je vais vous en donner. Et j’essaye de donner de l’argent aux gens. Il y a aussi une vidéo, où je suis au Centre Pompidou et je fais un tag sur un tableau de Mondrian. »
Vous travaillez aussi avec la ville... Ici, vous êtes à Prague, cette ville vous inspire-t-elle ?I.A. : « Bien sûr. »
P.B. : « Moi j’ai un pavé de Prague dans mon sac. Je sais pas s’il faut dire ça à la radio ! Donc je pense que je vais utiliser ça. J’ai déjà travaillé avec des pierres dans Prague depuis qu’on est ici. Oui, il y a des choses qui sont inspirantes à Prague. »
I.A.: « Moi j’ai des photos à faire. Justement à Paris, je suis en train de faire des photos avec des vélos oubliés ou auxquels on a volé une roue, qui sont cassés. Avec du papier rouge brillant, je fais une forme de flaque comme si c’était du sang. J’aimerais faire la même chose ici à Prague avec des objets oubliés mais il y a en a moins qu’à Paris, donc c’est un peu plus difficile. »