Filomena Borecká, artiste « intuitive et résistante »

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Filomena Borecká est une jeune artiste tchèque qui vit en France depuis plusieurs années. Radio Prague a eu l’occasion de la rencontrer plusieurs fois afin de parler de son travail. Actuellement exposée à la galerie Intuiti à Paris, nous vous proposons la deuxième partie de l’interview qu’a accordé, Christophe Gratadou, le galeriste, à Radio Prague. Il a évoqué l’aspect presque tactile des dessins de Filomena Borecká, présentés dans le cadre de l’exposition intitulée re-liance.

« C’est une œuvre à la fois très conceptuelle et sensuelle, abstraite et figurative, tactile et viscérale. Elle exprime la fluidité de l’énergie vitale, le souffle de la vie, la fraternité. Son travail est un principe d’intuition inventive. Elle le fait d’une façon très intuitive. C’est très humain et chargé d’émotions. »

Comment est-ce que vous inscririez son travail dans l’histoire de l’art, dans les courants actuels ?

« Nous, on l’inscrirait dans un phénomène américain, l’action painting, un mouvement des années 1950, dont l’un des grands représentants était Jackson Pollock. C’est quelque chose de très intuitif. On peut dire que Filomena se laisse surprendre par son propre travail. D’où l’humanité, l’envie de créer ce lien avec les autres et de le partager. »

C’est presque comme de l’art brut finalement ?

Filomena Borecká
« Oui, encore une fois, c’est un travail très sensuel et instinctif, très personnel, presque impudique. »

Votre galerie s’appelle Intuiti. C’est aussi pour cela que vous avez choisi d’exposer Filomena Borecka, c’est le type d’artistes que vous recherchez ?

« Evidemment, vous l’avez noté. On est très sensibles à ce type d’expression artistique. Mais avant tout on a choisi Filomena au travers de notre rencontre. On est très sensible aux artistes qui développent l’expression d’un combat, aux artistes résistants. Filomena est dans cette logique : le travail qui semble au premier abord sensuel, est aussi un travail de résistance, de réactivité par rapport au phénomène de la déliance. Et la re-liance vient répondre à ce phénomène. »

Pour finir : je sais que c’est délicat, mais ça peut avoir un certain intérêt de parler de la biographie d’un artiste, même si l’œuvre parle pour elle-même... Le fait que Filomena soit d’origine tchèque est-il important dans son œuvre ou bien cela n’a-t-il aucune importance ?

« Elle le revendique beaucoup, elle est très sensible à la relation humaine. J’aimerais revenir sur le problème de la re-liance sur lequel elle travaille. La re-liance est une réaction au phénomène actuel de la déliance, donc pour elle c’est un manque de relation, une carence de structures sociales capables d’assurer ces relations directes, concrètes. Elle recherche en fait à recréer ce lien inter-humain qui est pour elle indispensable que l’air que nous respirons. C’est pour cela qu’elle nous a intéressés dans son travail et dans le message qu’elle souhaite faire passer. »