Fin d’une tradition dans l’industrie du verre tchèque ?
« Faillite de la décennie, fin d’une tradition centenaire, » c’est en ces termes que le chef du syndicat de l’industrie du verre et de la porcelaine, Vladimír Kubinec, décrit la situation du groupe Bohemia Crystalex Trading, l’un des plus gros producteurs de verre et de cristal de plomb qui s’est déclaré en faillite et qui, si un investisseur n’est pas trouvé, sera menacé d’arrêt de production. Le ton émotif du chef syndical qui en a parlé ce mardi à une conférence de presse, est compréhensible, compte tenu de l’avenir incertain de ses 7000 employés :
Ce mardi, en effet, plus de 1200 employés de l’une des quatre firmes sœurs faisant partie du groupe, Sklo Bohemia, à Světlá nad Sázavou, sont restés chez eux. La production dans cette verrerie a baissé depuis jeudi dernier et, ce mardi, on a commencé à éteindre les derniers fours. Une situation dramatique pour la ville dont un habitant sur cinq travaille dans la verrerie :
« Pas difficile de deviner l’atmosphère qui règne – ne nous demandez pas de vous dire quels sont nos sentiments … »
dit une employée de la verrerie et son collègue la complète :
« C’est une tragédie pour les gens qui ne savent pas où trouver un autre emploi… »
Le groupe Bohemia Crystalex Trading qui emploi 7000 personnes et dont le problème était une pénurie du capital de roulement a été mis en faillite. Aux dernières nouvelles, deux seulement sur 4 firmes soeurs – Kavalier de Sázava et la verrerie de Nový Bor devraient être maintenues. Pour les autres, Sklo Bohemia de Světlá nad Sázavou et la verrerie Bohemia de Poděbrady, il faudra attendre la fin de la procédure d’insolvabilité dans l’espoir qu’un investisseur éventuel manifeste son l’intérêt et achète la verrerie. L’Etat chèque qui est le propriétaire majoritaire du groupe refuse toute intervention. On écoute le ministre des Finances, Miroslav Kalousek :« Toute intervention de l’Etat, à partir des moyens publics, sous forme d’un désendettement et de la prise en charge des obligations, est exclue. »
Le syndicat est profondément déçu et ne comprend pas cette attitude, d’autant plus que les gouvernements des Etats-Unis ou des pays du Benelux débloquent des milliards de dollars pour sauver des banques. La principale revendication du syndicat des verreries est que les propriétaires et les banques communiquent entre eux dans le but de faire sortir l’industrie verrière tchèque de la crise. Sinon, l’impact de la fin de la tradition plus que centenaire de la production du verre, du cristal de plomb, du verre technique et de laboratoire serait tragique, affirme Vladimír Kubinec:
« Pour les employés, notamment dans certaines firmes, ce serait une tragédie, car il faut se rendre compte que le niveau des salaires dans l’industrie du verre et de la porcelaine est relativement bas – 13 000 couronnes, en moyenne, mais aussi que les deux tiers des employés ne touchent réellement que 8 500 couronnes. Le fait que les employés n’obtiennent pas leur salaire pour le mois de septembre risque de créer un problème existentiel grave à beaucoup d’entre eux. Pour ce qui est de l’Etat, il devrait, lui, se rendre compte que le groupe Bohemia Crystalex lui verse annuellement plus de 2 milliards de couronnes sur la TVA et que l’industrie verrière crée annuellement un solde actif du commerce extérieur d’un montant de 30 milliards de couronnes. »Au cas où les employés ne recevraient pas leurs salaires, des manifestations de protestation devant le siège du gouvernement et devant les banques qui bloquent les moyens financiers destinés aux salaires, sont prévues.