Foot – Euro 2012 – Eliminatoires : les Tchèques au fond du trou ou au bord du gouffre ?

Milan Baroš, photo: CTK

L’équipe de République tchèque de football a sans surprise été dominée par l’Espagne (0-2), vendredi, à Prague, à l’occasion de son avant-dernier match éliminatoire pour l’Euro 2012. Les Tchèques conservent, certes, encore des chances de qualification, mais la pauvreté de leur prestation contre les champions du monde a, une nouvelle fois, attisé la colère du public et des médias.

Milan Baroš,  photo: CTK
« Bílek ven ! » - « Virez Bílek ! » : pendant la deuxième mi-temps du match contre l’Espagne, vendredi, les 20 000 spectateurs qui avaient rempli le stade du Sparta ont plus souvent réclamé la démission du sélectionneur Michal Bílek, très critiqué par les médias depuis de longs mois, que supporté leur équipe. Si certains publics, et le tchèque plus particulièrement, sont souvent versatiles, il faut toutefois ici convenir que le triste spectacle proposé sur la pelouse par la Reprezentace justifiait la manifestation de ce mécontentement, et même d’une certaine colère. Quant aux spectateurs venus d’abord et surtout pour admirer les champions du monde et d’Europe en titre, et dont certains avaient quand même dépensés plusieurs milliers de couronnes pour assister au match, ils sont, eux aussi, sans aucun doute repartis déçus et désolés, tant les Espagnols n’ont pas eu à forcer le moins du monde leur talent pour repartir de Prague avec ce qu’ils étaient venus y chercher : les trois points de la victoire.

Navrant, affligeant, consternant, désespérant : autant de synonymes, donc, pour qualifier la prestation de la République tchèque lors de son avant-dernier match de groupe éliminatoire pour l’Euro 2012. Déjà menés 2 à 0 après seulement vingt-trois minutes de jeu, les Tchèques, passifs, dépassés par les événements et vite résignés, n’ont jamais été en mesure de proposer ne serait-ce qu’un semblant de réaction. Mais selon le sélectionneur Michal Bílek, c’est d’abord la qualité d’une Espagne largement supérieure qui explique le scénario du match :

Michal Bílek,  photo: CTK
« Notre idée était de tenir le score de 0-0 le plus longtemps possible. Nous voulions nous projeter rapidement vers l’avant dès la récupération du ballon et nous concentrer sur les coups de pied arrêtés que nous aurions pu avoir. Malheureusement, rien de tout cela ne s’est produit. Pour autant, je ne peux pas dire que le comportement de mes joueurs sur le terrain m’a déçu. Je ne peux pas leur reprocher de ne pas avoir fait les efforts nécessaires, de ne pas s’être battus et de ne pas avoir fait leur travail. Nous avons tout simplement joué contre un adversaire qui était bien meilleur que nous et nous ne pouvions pas faire plus ce soir. »

Michal Bílek n’ayant donc comme souvent rien ou presque à reprocher à ses joueurs, les journalistes tchèques se demandent, comme ils en ont pris l’habitude ces derniers temps, s’ils assistent bien aux mêmes matchs que le sélectionneur. Mais plus que l’impression d’ensemble, une statistique illustre mieux que tout commentaire la domination espagnole : avec 75 % de possession de balle, Xavi et ses partenaires de la Roja n’ont jamais laissé le temps aux Tchèques de souffler. Selon le gardien Petr Čech, cette mainmise sur le ballon a constitué la clef du match :

Xabi Alonso,  Davida Silva,  Juan Mata et Tomáš Hübschman,  photo: CTK
« Tout part du fait que lorsque vous courez plusieurs minutes dans le vide sans ballon, ça devient très dur mentalement. Vous vous fatiguez en faisant énormément d’efforts pour essayer de récupérer le ballon. Et lorsque vous êtes enfin en possession du ballon, l’adversaire vous presse aussitôt pour de nouveau le récupérer, tandis que vos partenaires autour sont tout aussi fatigués que vous et proposent donc moins de solutions. Ce qu’il faut dans ces cas-là, c’est réussir la première passe pour pouvoir ensuite jouer dans les zones où il n’y a pas de pressing. Malheureusement, nous en avons été incapables aujourd’hui. »

Pour les barrages, paradoxalement, un point pourrait suffire, mais trois pourraient être insuffisants

Xavier Hernández,  Tomáš Rosický,  Sergio Busquets,  Petr Jiráček,  photo: ČTK
Incapables vendredi, les Tchèques devront cependant en être capables mardi en Lituanie pour leur dernier match de groupe décisif dans l’optique de la deuxième place finale synonyme de barrages. Car malgré leurs prestations et résultats médiocres depuis le début des éliminatoires, les hommes de Michal Bílek restent les principaux candidats à cette deuxième place. Ils le doivent en grande partie à la faiblesse des autres équipes présentes dans leur groupe, et notamment de l’Ecosse, leur dernier concurrent. Reste que les Tchèques, troisièmes pour l’instant avec un point de retard, n’ont plus toutes les cartes entre leurs mains. Même si l’éventualité est peu probable, si l’Ecosse s’impose en Espagne mardi soir, la République tchèque pourra faire ses adieux à l’Euro. Un scénario que n’envisage cependant pas Petr Čech :

Petr Čech,  photo: CTK
« Mathématiquement, c’est très simple : il nous faut obtenir un meilleur résultat que l’Ecosse en Espagne. Et je ne pense pas que l’Ecosse gagnera là-bas, au mieux elle fera match nul. De notre côté, il nous faudra donc gagner, et si nous sommes incapables de le faire en Lituanie, cela signifiera tout simplement que nous n’avons rien à faire à l’Euro. Nous sommes bien conscients que notre sort ne dépend pratiquement que de nous. »

L’avis du gardien abandonné à son sort sur les deus buts espagnols vendredi est partagé par le capitaine Tomáš Rosický :

Tomáš Rosický et Milan Baroš,  photo: CTK
« Si les Ecossais gagnent en Espagne, il n’y aura rien à dire, c’est qu’ils auront mérité de jouer les barrages. Mais je les vois quand même mal gagner là-bas. Pour nous, cela ne change donc pas grand-chose : il faudra gagner en Lituanie. On ne peut pas y aller en se disant qu’un match nul pourrait éventuellement suffire. Depuis notre premier match de groupe et notre défaite à domicile contre la Lituanie, nous savons qu’il faudra récupérer les points perdus. Il n’y a rien de compliqué là-dedans. Ce match en Lituanie sera comme une finale, nous y allons donc pour gagner, c’est tout. »

En cas, malgré tout, de match nul en Lituanie, la République tchèque conservera encore de grandes chances de terminer à la deuxième place de son groupe, l’unique condition étant alors que l’Ecosse perde en Espagne (si les deux équipes ont le même nombre de points au classement final, la République tchèque terminera 2e grâce à de meilleurs résultats obtenus dans les confrontations contre l’Ecosse). Mais aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se demandent s’il ne vaudrait finalement pas mieux ne pas disputer les barrages pour être certain de ne pas se qualifier pour la phase finale de l’Euro. Car au vu de ce qu’elle propose depuis trop longtemps déjà, la République tchèque ne mérite assurément pas d’y être présente.