Foot – Euro 2016 : les Tchèques seront en France !

Lettonie - Tchéquie, photo: ČTK

C’est fait ! C’est une certitude : l’équipe de République tchèque de football sera en France en juin prochain. Vainqueur de la Lettonie (2-1) dimanche à Riga tout en profitant de la défaite dans le même temps des Pays-Bas en Turquie (0-3), la Reprezentace, qui avait déjà battu le Kazakhstan sur le même score jeudi dernier à Plzeň, a d’ores et déjà assuré sa qualification pour la phase-finale de l’Euro 2016, deux journées avant la fin des éliminatoires.

Lettonie - Tchéquie,  photo: ČTK
Depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993, jamais encore la République tchèque n’a été absente d’une phase finale d’un championnat d’Europe. Fidèle à cette bonne habitude, la Reprezentace sera de nouveau présente au rendez-vous en fin de saison. Pour un pays de 10 millions d’habitants, la performance n’est pas anodine.

Mais franchement, parmi ceux qui ont vu le match, qui aurait cru, jeudi soir dernier, lorsque le Kazakhstan menait 1 à 0 à Plzeň à vingt minutes encore de la fin, que Petr Čech et ses partenaires célèbreraient leur qualification trois jours seulement plus tard ? A ce moment-là, on les imaginait plutôt, comme contre la Lettonie à Prague quelques mois plus tôt, laisser filer de précieux points contre la dernière équipe du groupe A, et ainsi voir les Pays-Bas et la Turquie, leurs adversaires lors des deux dernières journées à l’automne, se rapprocher encore un peu plus d’eux au classement. Mais deux buts de Milan Škoda, entré en jeu à la mi-temps et qui fêtait pour l’occasion sa deuxième sélection après onze petites minutes jouées en Islande en juin dernier, ont permis aux Tchèques de renverser la vapeur et d’empocher, presque miraculeusement, trois précieux points supplémentaires, tandis que parallèlement les Néerlandais s’inclinaient à domicile contre l’Islande (0-1) et que la Turquie concédait un résultat nul (1-1) dans les dernières minutes contre la Lettonie.

Lettonie - Tchéquie,  photo: ČTK
« Oui, c’était une soirée importante, reconnaissait d’ailleurs Petr Čech au micro de Radio Prague. Mais les résultats confirment que ce groupe est difficile. Les résultats sont toujours imprévisibles. Tout le monde peut battre tout le monde. Ce soir, on a gagné à la différence de nos deux poursuivants. Mais il y a encore trois matchs à jouer et des points à prendre… »

Encore besoin de points et trois matchs à disputer, certes, mais avant leur déplacement à Riga, les hommes du sélectionneur Pavel Vrba, et le gardien d’Arsenal le premier, savaient bien qu’ils disposaient là d’une première « balle de match » :

Pavel Vrba,  photo: ČTK
« Oui ! Si on prend encore trois points et que les résultats des autres nous sont favorables, ce sera fait ! »

Autrement dit, une victoire contre la Lettonie conjuguée à tout autre résultat qu’un succès des Pays-Bas en Turquie assurait à la République tchèque de terminer, au pire, à la deuxième place de son groupe quelle que soit l’issue de ses deux derniers matchs éliminatoires, et donc de valider son billet pour la phase finale.

Et cette opportunité, on le sait désormais, les Tchèques ne l’ont pas laissé passer en s’imposant sans trop trembler dans le petit stade de Riga, comme s’en félicitait le défenseur latéral gauche David Limberský, auteur du premier des deux buts des siens dès la 13e minute :

« Qui l’aurait parié qu’on serait déjà qualifiés ? Personne, hein ? Laisser derrière nous des équipes comme la Turquie et les Pays-Bas deux journées avant la fin des éliminatoires, c’est incroyable. Même si nous n’avons pas fait que des grands matchs, loin de là, et que notre qualité de jeu n’a pas toujours été idéale, nous y sommes arrivés grâce à l’état d’esprit du groupe. Les deux tiers des joueurs qui le composent proviennent de la Synot Liga (le championnat tchèque, ndlr), c’est d’autant plus beau. Cela démontre aussi qu’il y a aussi, quoi qu’on en dise, de la qualité dans notre championnat. »

Lettonie - Tchéquie,  photo: ČTK
En doublant la mise après seulement vingt-cinq minutes de jeu grâce à une frappe tendue d’une vingtaine de mètres de leur milieu de terrain Vladimír Darida, les Tchèques se sont grandement simplifié la tâche dimanche. Mais une seconde mi-temps beaucoup moins sereine et maîtrisée, dont la principale conséquence a été la réduction logique du score par les Lettons à un bon quart d’heure du terme, a tenu tout le monde en haleine jusqu’au coup de sifflet final. David Limberský regrettait quelque peu ce scénario à la Hitchcock et ces sueurs froides dont lui et ses partenaires se seraient bien passés :

« Malheureusement, quelqu’un nous a informés à la mi-temps que la Turquie menait 2 à 0 contre les Pays-Bas. Avant le match, nous avions pourtant convenu de ne pas nous en occuper et de rester concentrés sur notre propre performance. Je pense que le fait de savoir que nous étions virtuellement qualifiés nous a rendus plus nerveux. Nous savons que nous n’avons pas fait une bonne deuxième mi-temps, mais l’important est d’avoir tenu bon jusqu’au bout. »

Avec un bilan, en huit matchs, de six victoires (dont cinq sur le score de 2 à 1), un nul et une seule défaite concédée en Islande, leader du groupe et elle aussi déjà qualifiée pour l’Euro, la République tchèque, malgré ses nombreuses limites notamment techniques dont les joueurs eux-mêmes et leur encadrement sont bien conscients, a réalisé un parcours aussi inattendu qu’inespéré il y a encore un an de cela avant le début des éliminatoires, mais au final presque parfait.

Lettonie - Tchéquie,  photo: ČTK
Cette nouvelle réussite, après des éliminatoires précédentes pour la Coupe du monde décevantes, les Tchèques la doivent beaucoup au sélectionneur Pavel Vrba. Adepte d’un jeu offensif, souvent jovial, habile communicant, bon client pour les médias et proche du grand public, l’ancien entraîneur du Viktoria Plzeň, qu’il a emmené deux fois en phase de groupes en Ligue des champions, a toujours obtenu des résultats partout où il est passé. Mais celui qui est considéré depuis quelques saisons déjà comme le meilleur entraîneur tchèque sait aussi que l’équilibre reste fragile et que la roue peut tourner très vite en football :

Lettonie - Tchéquie,  photo: ČTK
« S’occuper d’une équipe nationale est un défi pour chaque entraîneur. Je suis heureux de l’issue de ces éliminatoires, surtout que les gens ne croyaient pas forcément en nous au départ. Mais en battant les Pays-Bas à la dernière minute et la Turquie chez elle lors de nos deux premiers matchs, nous avons obtenu, avec un peu de réussite il faut le reconnaître, des résultats auxquels on ne s’attendait peut-être pas nous-mêmes et qui nous ont idéalement lancés. Je n’oublie pas non plus que le jeu que nous avons produit n’a pas toujours été idéal et que cette qualification n’est qu’une étape. A l’Euro l’année prochaine, il faudra aussi être à la hauteur de l’événement, car ce sera encore un niveau au-dessus. Des matchs compliqués comme ceux que nous avons disputés justement contre les Pays-Bas et la Turquie nous attendent, et nous savons que ce ne sera pas facile. »

La Turquie, le 10 octobre à Prague pour un match qui s’annonce comme une belle fête avec le public, puis les Pays-Bas à Amsterdam trois jours plus tard, seront justement les deux derniers adversaires des Tchèques lors de ces éliminatoires. Face à deux équipes qu’on attendait plutôt aux deux premières places du groupe et qui s’efforceront de finir à la troisième pour accrocher les barrages, la Reprezentace aura ainsi le luxe de déjà pouvoir entamer sa préparation à la phase finale en France. Et, encore une fois, franchement, qui aurait cru cela possible jeudi soir dernier, lorsque le Kazakhstan menait 1 à 0 à Plzeň ?