Foot – Euro 2016 : les Tchèques pas vernis par le sort, mais pas mécontents pour autant
L’Espagne, la Turquie et la Croatie : depuis samedi, l’équipe de République tchèque connaît ses trois adversaires pour la phase finale de l’Euro 2016, qui sera organisée en France en juin et juillet prochains. Pas vernie par le sort, la Reprezentace, qui disputera ses matchs à Toulouse, Saint-Etienne et Lens, figure dans un des groupes a priori les plus difficiles. Certainement pas favoris sur le papier, l’équipe entraînée par Pavel Vrba, qui établira son camp de base à Tours, entend cependant bien s’inspirer de l’exemple des glorieux anciens de l’épopée de 1996 pour aller le plus loin possible dans la compétition.
Si le sort a donc, sans grande surprise, plutôt bien fait les choses pour l’équipe de France, il a en revanche été nettement moins clément avec d’autres pays, parmi lesquels la République tchèque. Placé dans le chapeau 3 avant le tirage, la Reprezentace savait qu’elle hériterait au moins d’un gros morceau. De ce point de vue-là, Petr Čech et ses partenaires ont même été particulièrement bien servis puisque c’est donc l’Espagne qu’ils affronteront pour leur entrée en matière dans la compétition, le 13 juin au Stadium de Toulouse. Face aux doubles champions d’Europe en titre, les Tchèques feront profil bas, mais le défi n’est pas pour déplaire au sélectionneur Pavel Vrba :
« L’Espagne est bien entendu un adversaire très difficile et comptera une nouvelle fois parmi les grands favoris pour le titre. Je dois dire que c’est une des équipes que je souhaitais le moins parmi celles qui figuraient dans le chapeau 1. D’un autre côté, avant les éliminatoires, je ne voulais pas non plus être dans le groupe des Pays-Bas et finalement nous les avons battus deux fois. Ce sont les tirages au sort, ils sont ce qu’ils sont. Ce qui est sûr, c’est que l’Espagne a toujours eu les plus hautes ambitions lors des derniers tournois et qu’elle est toujours allée très loin dans la compétition. A l’exception de la Coupe du monde au Brésil, elle a d’ailleurs tout gagné depuis 2008. C’est donc un défi qui devrait nous motiver. Notre premier match sera peut-être le plus difficile de tout le tournoi. »La Turquie, encore et encore
Le plus difficile peut-être, mais l’enchaînement derrière ne sera pas forcément plus simple. Car après la Roja, ce sont la Turquie et la Croatie qui figurent au programme, d’abord à Saint-Etienne le 17 juin, puis à Lens quatre jours plus tard. Mais avant d’envisager la rencontre de l’été prochain, la Turquie en phase finale d'un championnat d'Europe, pour les Tchèques, cela rappelle d’abord une cruelle désillusion. En 2008, à Genève, dans un troisième match de groupe décisif pour la qualification et au scénario improbable, la Reprezentace, qui menait pourtant 2 à 0, s'était inclinée en encaissant trois buts dans le dernier quart d’heure (cf.: http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-euro-2008-une-cruelle-desillusion). Toutefois, si près de huit ans plus tard Pavel Vrba n’est pas spécialement emballé à l’idée de croiser de nouveau la route d’Arda Turan et des hommes au maillot frappé du croissant de lune et de l'étoile, c’est pour une autre raison. La Turquie figurait déjà dans le même groupe que la République tchèque lors des éliminatoires :
« Nous voudrons rendre à la Turquie la monnaie de sa pièce, puisqu’elle nous a battus récemment à Prague (2-0, cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-euro-2016-la-fete-ratee). En même temps, nous sommes nous aussi parvenus à la dominer chez elle à Istanbul l’année dernière (2-1, cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-euro-2016-la-belle-affaire). Nous nous connaissons parfaitement l’un l’autre et c’est pourquoi j’aurais préféré tomber sur une autre équipe que la Turquie. La Croatie est une plus grande inconnue, même si c’est une formation composée de joueurs qui évoluent dans des grands clubs européens. Cela ressemble un peu à la Serbie que nous avons affrontée le mois dernier. L’important désormais sera de récolter le plus d’informations possible sur cette équipe croate afin de bien préparer nos joueurs. »
Derrière l’Espagne, grande favorite logique de ce groupe D, Tchèques, Turcs et Croates, trois équipes qui se valent sur le papier, devraient donc lutter pour la deuxième, voire la troisième, place qualificative pour les huitièmes de finale. Bref, si la délégation tchèque présente à Paris samedi ne sautait pas au plafond à la vue de la composition de son groupe, Pavel Vrba n’oubliait pas non plus que ce tirage au sort aurait pu aussi plus mal se passer :
« Comme tout le monde, nous préférions éviter l’Italie, qui était dans le deuxième chapeau. C’était un peu l’épouvantail. Mais je suis content aussi que nous n’ayons pas été placés dans le groupe de l’Allemagne et de l’Irlande du Nord, car ce sont deux équipes que nous retrouverons prochainement lors des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018. Avant le tirage, Pavel Nedvěd a dit que l’idéal serait d’avoir un groupe difficile. Je suppose qu’il sait de quoi il parle avec son expérience (en 1996, la République tchèque avait disputé la finale de l’Euro après être sortie d’un groupe dans lequel figuraient également l’Allemagne, l’Italie et la Russie au 1er tour, ndlr). Maintenant, il n’appartient plus qu’à nous de remplir son deuxième souhait : récolter suffisamment de points pour nous qualifier. »Sélectionneur de l’équipe finaliste malheureuse à Wembley en 1996 (défaite 1-2 contre l’Allemagne en prolongation), Dušan Uhrin père est lui aussi d’avis, comme Pavel Nedvěd, qu’un groupe ardu est plutôt un mal pour un bien :
« Il y a vingt ans de cela, nous étions aussi dans le groupe le plus difficile, personne ne croyait en nous, et je pense que c’est une situation qui sied bien à notre mentalité. Plus c’est dur, meilleurs nous sommes. Je vois un autre parallèle entre 1996 et aujourd’hui : à l’époque, l’équipe était aussi composée essentiellement de joueurs qui évoluaient dans le championnat tchèque et avaient envie de réussir et de se faire remarquer par des clubs étrangers. Je pense donc que nous aurons nos chances en juin prochain. L’Espagne ne joue plus aussi bien qu’il y a de cela quelques années. La Turquie ne nous réussit pas toujours, c’est vrai, mais nous l’avons quand même battue récemment, les joueurs savent donc que cela n’a rien d’impossible. Quant à la Croatie, c’est un adversaire quelque peu imprévisible. Cela dépendra de leur forme du moment. »
Les Tchèques auront leur camp de base à Tours
Pour être au meilleur de leur forme, après le traditionnel stage de préparation à Seefeld in Tirol dans les Alpes autrichiennes, c’est à Tours que les joueurs tchèques prendront leurs quartiers en France. Directeur technique à la Fédération tchèque de football, Dušan Fitzel explique pourquoi la capitale de la Touraine a été retenue :
« Nous avions plusieurs critères de base dans la sélection de notre hôtel et Tours nous semble remplir toutes les conditions, d’abord car nous voulions nous installer dans le centre ou dans la moitié nord de la France, car il peut faire très chaud dans le sud en juin. Il était important aussi que l’hôtel puisse être réservé uniquement pour nous. Nous serons donc au calme tout en n’étant pas très loin du centre de Tours, une ville très jolie de la taille de Plzeň. Et je n’oublie pas les installations du FC Tours. Ce sont celles d’un club de deuxième division, nous aurons donc dans de très bonnes conditions d’entraînement. Et je dois ajouter que nous avons été très bien accueillis par les responsables de la ville de Tours qui ont fait le maximum pour satisfaire nos besoins. »Et on ne doute pas que les Tchèques se sentiront si bien sur les bords de la Loire qu’ils n’auront qu’une envie : prolonger leur séjour autant que faire se peut. Comme il y a vingt ans ?