Foot – Euro : les Tchèques veulent briser les cœurs danois
L’attente est grande en République tchèque à la veille du quart de finale du championnat d’Europe de football entre la Reprezentace et le Danemark, ce samedi (18h) à Bakou. Dans un affrontement qui, sur le papier, s’annonce très équilibré, les deux équipes entendent bien profiter de l’occasion qui se présente à elles pour poursuivre leur étonnant parcours.
Bien sûr, de Prague à Brno, ou de Plzeň à Ostrava, nombreux sont ceux à espérer que l’issue de ce quart de finale entre deux équipes qui n’étaient pas forcément attendues à ce stade de la compétition avant le début du tournoi, sera la même que lors de l’Euro 2004. A Porto, la République tchèque, grâce notamment à deux buts d’un Milan Baroš euphorique, avait nettement dominé le Danemark (3-0) et s’était logiquement qualifiée pour les demi-finales.
Mais à l’époque, avec une sélection composée de joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens, voir la Reprezentace parvenir jusqu’en demi-finales ne constituait pas une surprise, bien au contraire, comme l’avait admis le gardien Petr Čech au coup de sifflet final de ce quart de finale particulièrement bien négocié :
« On s’était dit avant le Danemark que cela pourrait être le match le plus compliqué pour nous. On savait qu'en se qualifiant pour les demi-finales, on pourrait considérer avoir réalisé un bon parcours. Maintenant que c’est fait, et bien fait, je pense pouvoir dire que sans même tenir compte de la demi-finale, nous avons réussi notre mission. »
Cruellement éliminée par la Grèce en prolongation de la demi-finale (0-1, but en argent), c’est finalement très déçue que la bande à Nedvěd, Poborský, Rosický et autres Koller, qui s’était peut-être déjà vue en finale avant le coup d’envoi, avait quitté le Portugal.
Dix-sept ans plus tard, le contexte de ces retrouvailles tchéco-danoises et les forces en présence pour ce nouveau quart de finale sont tout autres. D’abord parce que la République tchèque, qui a créé la sensation en quarts de finale en sortant les Pays-Bas (2-0), peut considérer qu’elle a déjà réussi son tournoi.
Pour en arriver jusque-là, le sélectionneur Jaroslav Šilhavý, qui en a lui-même été l’entraîneur il y a quelques années, s’est appuyé sur l’ossature et les principes de jeu du Slavia Prague, qui repose notamment sur un pressing haut et constant.
En comptant le latéral droit Coufal et le milieu défensif Souček, qui évoluent désormais à West Ham, pas moins de six joueurs (Tomáš Holeš, Lukáš Masopust, Petr Ševčík et Jan Bořil) régulièrement titulaires depuis le début de cet Euro, portent ou ont porté dans un passé récent le maillot du triple champion en titre de République tchèque. Une réalité dont est bien conscient l’actuel entraîneur du Slavia, Jindřich Trpišovský :
« Leurs performances m’enchantent, et bien évidemment aussi celles de ceux qui ne sont plus chez nous comme Vladimír Coufal et Tomáš Souček. Cela fait plaisir de tous les revoir ensemble sous le même maillot en sélection. Mais en même temps, s’ils vont plus loin encore dans la compétition, le risque que des clubs étrangers de championnats plus riches s’intéressent de plus près à eux, grandira aussi. Et en tant qu’entraîneur, c’est forcément quelque chose qui me trotte dans la tête. »
Si le contexte de cette confrontation diffère de celui de 2004, c’est aussi parce que le Danemark, très séduisant lors de ces trois derniers matchs, bénéficie d’un important soutien, après l’accident cardiaque dont a été victime Christian Eriksen.
Et si beaucoup de supporters neutres en Europe ne verraient pas d’un mauvais œil le Danemark réussir un parcours semblable à celui qui l’avait mené à la surprise générale jusqu'à la conquête du titre continental en 1992, les Tchèques, eux, seront peut-être bien les seuls, ce samedi, à vouloir briser leur rêve.