Foot – Ligue des champions : le Slavia a plié sans rompre à Barcelone

FC Barcelone - Slavia Prague, photo : ČTK / AP Photo / Emilio Morenatti

Le Slavia a tenu en échec le FC Barcelone (0-0) au Camp Nou, mardi soir, lors de la 4e journée de la phase de groupes de la Ligue des champions. Courageux et même mieux que ça, audacieux, les Pragois ont réalisé une des plus belles performances de l’histoire de leur club. Surtout, ce résultat leur permet de continuer à entretenir le rêve d’une qualification au moins pour la Ligue Europa.

Slavia Prague,  photo :  ČTK / AP Photo / Joan Monfort)

Ondřej Kolář  (à droite),  photo : ČTK / AP Photo / Joan Monfort
Un soir plus tard, à l’heure du conte avant de mettre les petits au lit, confortablement installé dans son fauteuil au coin de la cheminée, quand il aura raccroché gants et crampons et ne portera plus que des chaussons, Ondřej Kolář pourra raconter à ses enfants et petits-enfants sa nuit magique du 5 novembre 2019.

Car si Lionel Messi et Cie sont restés muets devant leur public mardi pour la première fois depuis un an et demi, à l’exception d’un but d’Arturo Vidal à la 58e minute justement refusé pour hors-jeu, et si le Slavia a ramené un point quasi inespéré d’un déplacement forcément redouté à Barcelone, c’est essentiellement en raison des parades du gardien pragois. Très souvent décisif depuis maintenant une saison et demie, Ondřej Kolář, appelé récemment en sélection et félicité à la sortie du terrain par Marc-André ter Stegen, a été le grand bonhomme du match :

FC Barcelone - Slavia Prague,  photo : ČTK / AP Photo / Emilio Morenatti
« Des gens doutaient de mes qualités la saison dernière encore et pensaient que je n’avais pas ma place au Slavia. Leur démontrer le contraire est donc une satisfaction. Mais le plus important est de pouvoir aider l’équipe, car tous les joueurs se sont accrochés aujourd’hui. S’ils n’avaient pas bien défendu devant moi, les buts, je les aurais encaissés quoi que je fasse dans ma cage. Bien sûr que nous avons eu pas mal de réussite, mais nous repartons quand même d’ici avec un petit regret car nous avons eu nous aussi des occasions. On se dit qu’il y avait peut-être un peu plus à ramener qu’un point, même si nous aurions signé des deux mains pour un résultat nul avant le match. D’ailleurs, si quelqu’un nous avait dit que ça se finirait sur un 0-0, je lui aurais sûrement tapoté la tête en pensant que le pauvre est tombé dessus. »

Peter Olayinka  (à droite),  photo : ČTK / AP Photo / Emilio Morenatti
Comme lors du premier match il y a deux semaines dans leur stade d’Eden, où ils avaient fourni une prestation plus aboutie encore que mardi et où ils auraient certainement mérité autre chose qu’une défaite (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-ligue-des-champions-defait-mais-valeureux-le-slavia-a-fait-trembler-le-barca, mais comme aussi lors des deux premiers matchs de groupe contre l’Inter Milan et le Borussia Dortmund ou encore comme la saison dernière déjà en Ligue Europa, les Pragois ont joué crânement leur chance à Barcelone. Sans peur et bien conscients que pour rivaliser avec plus forts qu’eux, leur force repose d’abord dans leur expression collective et le don de chacun pour l’autre.

Avant de reculer et de souffrir bien davantage en deuxième mi-temps, quand ressortir le ballon de leur moitié de terrain a été autrement plus compliqué, ils se sont même procurés quelques occasions durant les quarante-cinq premières minutes. Ils ont d’ailleurs marqué et leur but, joliment amené, n’a été refusé que pour quelques centimètres de hors-jeu. Sur son côté gauche, l’attaquant nigérian Peter Olayinka a empoisonné la vie de Piqué et des autres défenseurs blaugrana. Bref, autant de motifs de satisfaction pour leur entraîneur Jindřich Trpišovský, fier de ses hommes mais lucide au moment d’analyser le contenu de la rencontre dans son ensemble :

Jindřich Trpišovský,  photo : ČTK / Michal Kamaryt
« Mes joueurs ont fait le maximum et je n’ai pas grand-chose à leur reprocher dans leur investissement et l’audace. Il faut toutefois reconnaître que notre adversaire nous a souvent mis sous pression et hors de position soit par son jeu de combinaison ou les qualités individuelles de ses joueurs. Je dirais que nous avons eu la réussite qui nous avait manqué lors du premier match chez nous. Paradoxalement, nous avions perdu alors que je pense que nous avions mieux joué que ce soir. Mais c’est le football, où bien jouer ne suffit parfois pas pour gagner ou ne pas perdre, et inversement. Après, je tire quand même mon chapeau aux joueurs, car ne pas encaisser ici reste une sacrée performance. »

Alors certes, comme l’ont essentiellement souligné les médias européens, Barcelone n’est pas bien brillant depuis quelque temps déjà et ne l’a guère plus été contre le Slavia. Avec deux points en quatre matchs, les Pragois figurent à la dernière place de leur groupe, un classement qui, à sa seule lecture, reflète les écarts, réels sur le papier, entre les quatre équipes.

Mais en cas de victoire lors de la réception de l’Inter dans maintenant trois semaines, l’actuel leader du championnat tchèque passerait devant les Milanais. Il pourrait alors non seulement envisager sérieusement une qualification pour la Ligue Europa, mais aussi, peut-être (en cas de défaite parallèlement du Borussia à Barcelone), effectuer son déplacement à Dortmund lors de la dernière journée avec en tête le rêve d’une suite en Ligue des champions au printemps prochain. Davantage donc qu’un point pas volé, c’est aussi tout cela que le Slavia a ramené de Barcelone.