Foot : quand le Slavia rit, le Sparta pleure
Le Slavia Prague nouveau leader entre autres grâce à un triplé de son milieu camerounais Michael Ngadeu, le Sparta en crise de nouveau défait, le gardien des Bohemians sauvé en plein match par un adversaire alors qu’il avait avalé sa langue, et bien d’autres choses encore… Malgré trois tristes 0-0, la 18e journée de l’ePojisteni.cz liga, le championnat de République tchèque de football, a été riche en événements ce week-end. Prometteur avant le match au sommet entre le Slavia et le Viktoria Plzeň dimanche prochain…
« Bien sûr que nous avons encore nos chances et que tout n’est pas perdu pour le titre de champion. Mais plutôt que de regarder le classement et de suivre ce que font les autres équipes, pensons d’abord à régler ce qui ne va pas chez nous pour que le Sparta se remette à gagner. Je pensais que la difficile victoire (1-0) contre les Bohemians la semaine dernière pourrait nous servir de tremplin et lancer notre seconde moitié de saison. Mais les matchs contre Rostov en Ligue Europa et aujourd’hui à Jablonec ont montré que ce n’était pas le cas. Depuis la reprise, nos performances sont très insuffisantes. Il nous manque la confiance pour jouer plus de façon plus libérée. »
Preuve de ses difficultés actuelles, le Sparta, sans leader sur la pelouse, possédait déjà un retard de deux buts au tableau d’affichage à Jablonec après seulement vingt minutes de jeu. Deux buts inscrits par Mirzad Mehanovic, un jeune milieu offensif bosnien comme le championnat tchèque en a vu éclore quelques-uns ces dix dernières saisons. Origine de Srebrenica et orphelin d’un père mort durant la guerre de Yougoslavie, Mirzad Mehanovic est arrivé en République tchèque peu avant ses dix-huit ans en 2010. Depuis, il s’efforce tant bien que mal de marcher sur les traces de son célèbre compatriote :
« Ce doublé contre le Sparta est très certainement le plus beau moment de ma carrière pour l’instant. Pour nous Bosniens, c’est Edin Dzeko qui nous a ouvert les portes. Depuis, c’est plus facile pour nous de percer dans le football tchèque. Enfin, je dis ça, mais je n’ai pas encore joué beaucoup de matchs et j’ai encore tout à prouver. Mais je suis confiant pour l’avenir. »
Le Slavia euphorique
Confiants, et pas seulement pour l’avenir, les joueurs et supporters du Slavia peuvent l’être eux aussi. En s’imposant sur un score fleuve (8-1), samedi, chez la lanterne rouge Příbram, les Rouges et Blancs ont signé le deuxième succès le plus large dans le championnat tchèque de ces vingt-trois dernières années. Accouplée au résultat nul (0-0) de Plzeň à Zlín, cette victoire a permis au Slavia de prendre provisoirement la tête du classement ; provisoirement car le Viktoria Plzeň, désormais deuxième avec un point de moins, dispose encore d’un match en retard à disputer. En attendant, ce sont les Pragois qui mènent la danse, comme s’en félicite, avec toutes les précautions d’usage, leur entraîneur Jaroslav Šilhavý :
« C’est passager, vous savez très bien que le vent tourne très vite en football. Bien sûr que c’est agréable quand tout marche bien, mais il faut rester prudent. Gagner largement chez le dernier ne signifie pas grand-chose, pas davantage que d’être leader alors que Plzeň a un match de retard. Les matchs importants et les plus difficiles sont encore devant nous. Nous en saurons déjà un peu plus sur notre réel potentiel la semaine prochaine après la réception de Plzeň. »
Bien qu’il arrive peut-être un peu tôt et ne sera pas encore décisif, ce Slavia – Plzeň dans un stade d’Eden d’ores et déjà annoncé à guichets fermés, se présente comme la grande affiche de cette seconde moitié de saison. Pour ce match au sommet devant leurs supporters, les Pragois pourront compter sur un groupe de joueurs en pleine confiance. Arrivé en provenance du Slovan Liberec durant le mercato hivernal, le milieu offensif Jan Sýkora, auteur d’un but et de trois passes décisives contre Příbram, est un des hommes en forme du moment :
« Je me sens bien depuis mon arrivée au club. Mon intégration s’est très bien passée. Tout le monde a fait le maximum pour que les choses se passent du mieux possible et je suis heureux de répondre aux attentes me concernant par mes performances sur le terrain. C’est pour cela que je suis venu au Slavia : aider l’équipe en marquant et en faisant marquer mes partenaires. »
Un peu paradoxalement néanmoins, le joueur le plus en vue depuis le début de l’année 2017 est Michael Ngadeu. Vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations avec son pays, un tournoi dont il a été une des révélations, le milieu défensif camerounais, entré en jeu en début de deuxième mi-temps, a inscrit un triplé en l’espace de vingt-cinq minutes à Příbram samedi.
Plzeň fait du surplace
Des buts, et pas seulement, c’est ce qui a manqué en revanche au match sans saveur entre Zlín et Plzeň, qui pouvait pourtant être considéré comme la principale affiche de cette 18e journée. Entre le quatrième au classement et le désormais ex-leader, le spectacle n’a assurément pas été de haute volée. Trop moyen dans le jeu, le Viktoria peut même s’estimer heureux de ne pas être revenu bredouille de son déplacement en Moravie, comme le concédait son milieu de terrain Jan Kovařík :
« Zlín était bien préparé. Ils nous avaient bien étudié notre jeu et nous ne sommes pratiquement procurés aucune occasion. Je pense que Zlín a été plus dangereux que nous et aurait peut-être même mérité un peu mieux que ce résultat nul. De notre côté, nous étions venus ici pour prendre les trois points de la victoire, c’est donc forcément une perte. »
Double champion en titre, le Viktoria Plzeň devra en tous les cas proposer un autre visage dimanche prochain à Prague s’il entend ne pas se laisser distancer par un Slavia qui apparaît désormais très clairement comme son principal concurrent dans la course au fauteuil de leader.
Francis Koné, le sauveur du week-end
Un entraîneur qui remercie un attaquant adverse en conférence de presse d’après-match, cela est plutôt rare. C’est pourtant bien ce qui s’est passé samedi au terme d’un Bohemians Prague – Slovácko lui aussi bien pauvre en spectacle. Entre deux équipes à la lutte pour le maintien incapables de se départager faute de but (0-0), le temps fort des 90 minutes aura été les premiers secours apportés par Francis Koné, l’attaquant togolais du club morave, au gardien des Bohemians, auquel celui-ci peut dire (et a dit) un grand merci.
Alors que Martin Berkovec restait inanimé sur la pelouse suite à un choc frontal avec un de ses défenseurs, Francis Koné lui a probablement sauvé la vie en plongeant ses doigts dans sa bouche pour en ressortir la langue qu’il avait avalée. Avec l'aide d'autres joueurs, Koné, qui était impliqué dans l’action de jeu ayant provoqué l’accident, a ensuite placé le gardien des Bohemians en position latérale de sécurité jusqu’à l'arrivée des médecins. Héros du jour, Francis Koné a précisé que c’était la quatrième déjà durant sa carrière qu’il avait été confronté à ce type de situation qui lui a donc valu un grand merci de tout le club des Bohemians.