Foot – Synot Liga : le duel Plzeň-Sparta laisse la place à l’équipe nationale

FC Viktoria Plzeň, photo: ČTK

Samedi prochain à Prague, l’équipe de République tchèque de football pourrait faire un nouveau (grand) pas supplémentaire vers une qualification pour la phase finale de l’Euro 2016. En cas de nouvelle victoire contre la Lettonie, la cinquième en autant de matchs disputés depuis le début des éliminatoires, la Reprezentace, seule en tête du groupe A, se rapprocherait encore un peu plus de la France, organisatrice du tournoi final. Mais avant cette perspective séduisante, la 21e journée de la Synot Liga, le championnat national, a été disputée ce week-end. Et si les trois équipes en tête au classement, le Viktoria Plzeň, le Sparta Prague et Jablonec, se sont imposées, toutes ne l’ont pas fait de la même manière…

FC Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
Cinq matchs, cinq victoires et cinq points d’avance : tel sera, peut-être, le bilan de l’équipe nationale tchèque samedi soir prochain en cas de nouveau succès contre la Lettonie et de faux-pas de ses deux premiers poursuivants, l’Islande et les Pays-Bas. Mais cinq victoires consécutives en autant de matchs, c’est aussi, et c’est là une certitude, le bilan du Viktoria Plzeň depuis la reprise de la Synot Liga, il y a un mois de cela. Cinq points d’avance, c’est aussi l’avance qu’a conservée le club de Bohême de l’Ouest sur le Sparta Prague à l’issue de la 21e journée.

Tandis que le club de la capitale s’était rapproché à deux points du leader, samedi soir, après sa courte victoire (1-0) à domicile contre Teplice, Plzeň a repris ses distances dimanche en s’imposant à son tour devant son public (2-0) contre le Slovan Liberec. Contre la lanterne rouge, le Viktoria s’est imposé pour la troisième fois en l’espace de sept jours, et ce à la plus grande satisfaction de son milieu de terrain international Václav Pilař :

« Cette semaine à trois matchs était très importante pour nous. Nous avons non seulement fait le plein en prenant neuf points, mais nous avons aussi augmenté notre avance sur le Sparta et Jablonec. Ce n’est jamais évident de réaliser une telle série, ni de gagner deux fois en suivant à domicile, surtout contre une équipe comme Liberec qui joue sa survie dans l’élite. Ces trois matchs venaient aussi après l’épidémie dont la plupart de nos joueurs ont été victimes et qui nous a tous affaiblis. »

Avant ce succès acquis a priori sans trop de peine contre Liberec, bon dernier alors qu’il avait été sacré champion en 2012 et disputé encore la Ligue Europe la saison dernière, le Viktoria Plzeň avait disposé du Slavia Prague (1-0) quatre jours plus tôt dans la semaine :

« Mercredi, nous n’avons gagné que 1-0 contre le Slavia, mais c’était un match à sens unique. Nous avons largement dominé et aurions dû inscrire plus de buts. Cela a été un peu différent aujourd’hui contre Liberec qui venait chez nous en n’ayant pas grand-chose à perdre. Nous avons contrôlé le cours de la partie, mais je pense que cela a été plus compliqué quand même. »

Sans abandonner le moindre point en route depuis la reprise du championnat, le Viktoria Plzeň semble se diriger vers la conquête du troisième titre de champion de son histoire. Mais à neuf journées de la fin et alors que la prochaine n’est prévue que dans quinze jours après la trêve internationale, Václav Pilař préfère rester prudent :

« C’est un peu dommage qu’il y ait cette coupure justement maintenant. Nous sommes sur une belle série et avons gagné tous nos matchs depuis la reprise. Bien sûr, personnellement, comme j’ai été convoqué, je suis content de retrouver l’équipe nationale avec laquelle de belles choses nous attendent aussi. Mais c’est vrai que cette pause intervient alors que nous sommes en bonne forme et jouons plutôt bien. »

Dimanche après-midi dans les tribunes et les couloirs du stade Plzeň, la difficile victoire acquise la veille par le Sparta, deuxième au classement, a fait presque autant parler que le succès des locaux. Ultra-dominateurs durant l’essentiel de la rencontre, les Pragois n’ont dû leur salut qu’à un penalty imaginaire accordé à une minute de la fin du temps réglementaire. Un coup de pied de réparation qui a fait beaucoup jaser, mais qui n’a pas empêché l’entraîneur de Plzeň, Miroslav Koubek, de rester de marbre en conférence de presse :

« Je ne commenterai aucun autre match que le nôtre. Nous avions l’esprit suffisamment occupé par ce troisième match en une semaine. Nous possédons une certaine avance au classement et notre sort ne dépend que de nous. Si nous ne nous occupons que de notre parcours et gagnons les matchs qu’il faut, nous n’aurons pas besoin de nous occuper des autres équipes. C’est ce que nous avons fait. Nous avons gagné nos trois matchs et nous pouvons maintenant profiter de la coupure internationale pour nous faire plaisir pendant quelques jours à l’entraînement. »

A Prague samedi soir, c’est peu de dire qu’on ne fanfaronnait pas trop et que les joueurs la jouaient autant modeste que faire se peut, même si, à l’image de l’attaquant Václav Kadlec, certains faisaient aussi l’étalage d’une mauvaise foi évidente :

« Je ne sais pas quoi vous dire. Le penalty a été sifflé, c’est donc qu’il y avait bien penalty. »

David Lafata,  photo: ČTK
Bref, l’arbitre a toujours raison sauf quand il a tort. Ou, autrement dit, l’arbitre a toujours raison tant que ses décisions, aussi mauvaises soient-elles, sont prises en notre faveur. Très gêné au moment de répondre devant la caméra de la Télévision tchèque, aussitôt le coup de sifflet final, à la question de savoir s’il y a avait bien faute et penalty, le principal intéressé, l’attaquant David Lafata, s’est contenté d’un commentaire très vague pour ensuite ne plus se présenter devant les journalistes de la soirée :

« L’arbitre a sifflé… J’ai contrôlé le ballon et je m’apprêtais à frapper au but. J’ai senti un contact avec le défenseur et je suis tombé. »

Auteur plein de sang-froid du penalty qui a donc offert trois points à son équipe, Borek Dočkal s’est lui efforcé d’insister sur un autre aspect des quatre-vingt-dix minutes précédentes :

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je n’ai pas encore vu les images. Mais après le match que nous avons fait, il est dommage que l’on parle plus de ce penalty que de notre prestation. Nous avons bien joué et avons eu tellement d’occasions que nous aurions pu gagner avec plusieurs buts d’écart et avoir une fin de match plus tranquille. Simplement ça ne voulait pas rentrer ce soir. Alors, même si on peut regretter la manière et même si ce penalty va laisser la place à tous les bruits et rumeurs, on est quand même content d’avoir su forcer la décision. »

A la décharge du Sparta, il faut aussi préciser que quelques minutes avant de siffler ce penalty si controversé, l’arbitre de la rencontre, pour le reste plutôt bon d’ailleurs, avait refusé un but valable pour un prétendu hors-jeu. Un argument dont n’avait cependant que faire le meneur de jeu de Teplice, Štěpán Váchoušek. Expulsé pour contestation, l’ancien Marseillais avait retrouvé son calme à la sortie des vestiaires :

« Vous avez tous vu s’il y avait penalty ou pas. C’est l’affaire de l’arbitre, à chacun sa conscience, mais je pense que pas même lui ne sait ce qu’il a sifflé. Lafata lui-même a avoué à demi-mot. Nous sommes potes, je ne lui en veux pas. C’est le jeu : il est tombé et l’arbitre a sifflé. »

A l’exception de Váchoušek, tout ce petit monde, qu’il soit de Plzeň ou du Sparta, se retrouvait ce lundi à Prague pour le premier jour du rassemblement de l’équipe nationale. Mais comme le promet Václav Pilař, pas question de reparler de ce penalty litigieux :

« Nous sommes rivaux et je ne vais pas vous dire le contraire. Mais il faut savoir mettre entre parenthèses les affaires de nos clubs lorsque nous sommes l’équipe nationale. Nous avons des intérêts communs aussi en sélection, cela doit servir à nous cimenter pour que nous tirions tous dans le même sens. »

Avec dix des vingt-et-un joueurs convoqués par le sélectionneur Pavel Vrba pour le match contre la Lettonie appartenant au Viktoria Plzeň ou au Sparta Prague, mieux vaut en effet ne pas évoquer certaines choses…