Gouvernement : le président Zeman entend bien avoir le dernier mot
Depuis leur deuxième réunion en début de semaine dernière, les trois partis qui devraient former le très probable prochain gouvernement ont avancé dans leurs négociations et sont désormais tout proches de la signature d’un accord de coalition. La composition du nouveau cabinet se précise également, la répartition des différents ministères entre le parti social-démocrate (ČSSD), le mouvement ANO (Action des citoyens mécontents) et le parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL) ne semblant plus devoir constituer un obstacle. Ne reste plus qu’à convaincre un président de la République chargé de nommer les ministres. Or Miloš Zeman a déjà fait savoir qu’il aurait, lui aussi, son mot à dire.
Le président de la République ne s’en est jamais caché. Bien que lui-même ancien Premier ministre et ancien leader du CŠSD, la victoire de la social-démocratie avec Bohuslav Sobotka à sa tête en octobre dernier lors des législatives anticipées ne l’a pas enchanté. Du coup, Miloš Zeman ne semble pas spécialement pressé de voir se former un nouveau gouvernement avec pour Premier ministre justement un Bohuslav Sobotka qu’il a déjà qualifié à plusieurs reprises de « pire ministre des Finances » que la République tchèque ait jamais connu.
Dans ce contexte, ses dernières déclarations de dimanche dans un long entretien accordé à la Radio tchèque n’ont pas constitué une grande surprise. En substance, le président Zeman a confirmé qu’il entendait bien mettre son nez dans la nomination du nouveau gouvernement. En cause notamment, l’éventuelle nomination de Martin Stropnický comme ministre de la Défense. Principale figure du mouvement ANO à côté de son leader Andrej Babiš, Martin Stropnický, comédien, ancien directeur de théâtre, ancien ministre de la Culture ou encore ancien ambassadeur au Portugal, en Italie et au Vatican, est surtout connu pour son action dans les milieux culturel et diplomatique. Un profil qui ne séduit pas outre mesure Miloš Zeman, du moins pas pour remplir les fonctions de ministre de la Défense :
« Comme le Premier ministre, je suis coresponsable en tant que président de la République de la composition du gouvernement. Si on me présente la nomination de Martin Stropnický comme ministre de la Culture ou des Affaires étrangères, je la respecterai, parce qu’il possède déjà une certaine expérience de ce rôle. Mais à ce que je sache, Martin Stropnický n’a absolument rien en commun avec la défense. »Miloš Zeman a justifié sa position en affirmant qu’il souhaitait voir se former un gouvernement qui ne soit « pas aussi incompétent que certains gouvernements et ministres précédents ». En d’autres termes, il souhaite que chaque ministère soit confié à un expert. Un point de vue que respecte également Martin Stropnický :
« Bien entendu, si le président de la République refusait de nommer certains ministres, cela n’accélérerait pas la formation du gouvernement. En même temps, je comprends que dans des domaines comme la défense ou les affaires étrangères où le président dispose de certains pouvoirs et compétences, il souhaite pouvoir consulter un ministre avec lequel il s’entendra bien et avec lequel il pourra collaborer. »
Nettement moins diplomatiques et plus explicites sont toutefois les propos du président social-démocrate du Sénat et membre de l’équipe chargée des négociations pour la formation du gouvernement Milan Štěch :
« Je ne vois aucune raison valable justifiant que le président retarde la nomination du gouvernement. Si tel était le cas, cela confirmerait les bruits qui courent selon lesquels il souhaite laisser en place le plus longtemps possible le gouvernement actuel. »Les noms des futurs ministres devraient être débattus par le nouveau gouvernement dans la seconde moitié du mois de décembre lorsque l’accord de coalition sera enfin conclu. En attendant, le rôle de premier ministre reste bien rempli par un Jiří Rusnok démissionnaire depuis cinq bons mois, Miloš Zeman prenant un malin plaisir à faire patienter Bohuslav Sobotka.